Critiques
Okami Piano Arrange
Composé par :
Masami Ueda
Rei Kondoh
JUN
Arrangé par :
Mika Matsuura
Interprété par :
Mika Matsuura
Sortie :
20 juin 2007

Les albums arrangés pour piano solo ne sont finalement guère légions et, hormis la saga des Final Fantasy, il faut bien reconnaître que le répertoire reste assez pauvre. Malgré tout, il existe de bonnes surprises, comme l'Album d'Arc the Lad ou encore les deux albums de la série des Suikoden. Malheureusement laissés sans suite, ces albums se sont enrichis récemment d'un album arrangé de pièces tirées de l'OST d'Okami. Entièrement réalisé par Mika Matsuura, une jeune pianiste japonaise quasi inconnue et dont cet album constitue le principal fait d'arme, l'album regroupe dix pièces choisies parmi l'immensité thématique de la bande originale composée principalement par Masami Ueda et Rei Kondoh. Le premier est d'ailleurs connu pour ses travaux sur les séries Resident Evil, Viewtiful Joe ou encore Devil May Cry. A noter que c'est Mika Matsuura qui interprète ses propres arrangements.

Compte tenu de la qualité et de l'originalité des compositions originales, il est plus qu'intéressant de constater que Mika Matsuura a voulu créer un album homogène, qui ne fait pas que rassembler dix pièces de musique sans aucun lien, mais où les mouvements s'enchainent en produisant une grande forme presque symphonique très étudiée. Comme on le verra par la suite, toutes les pièces sont monothématiques et suivent peu ou prou le même schéma formel, sans pour autant emporter l'auditeur dans une certaine monotonie ou lassitude, bien au contraire.

L'album débute par Cursed Shinshu Fields (en la mineur, tout du moins au début), dont l'introduction grave commence par une quinte descendante. Après cette introduction lente dans le haut du piano, le thème est annoncé, de manière plutôt lente également, très simplement. Après une petite modulation (on a pris un petit bémol) et un bref silence, ce thème est repris plus rapidement et s'orne d'harmonies et de rythmes jazzifiants. Presque brutalement ensuite, un nouvel épisode inattendu survient qui conduit à la reprise lente du thème (avec deux bémols cette fois) qui conclue cette pièce magnifique à la beauté légèrement nostalgique, une des plus intéressantes de l'album. Non moins intéressante est Kaguya's Journey (en sol mineur), qui s'enchaine harmoniquement avec la fin de la pièce précédente. Pourtant, chose rare dans l'album, le thème est donné directement, sans aucune introduction préalable. Lent et triste, il s'interrompt pour laisser la place à de somptueux arpèges et des gammes plus rapides, presque enjouées, dans l'aigu du clavier. L'épisode central, plus nerveux et de caractère dansant proche du jazz, n'est en réalité que la reprise variée du thème exposé au début. Finalement, la première version de ce thème revient, subtilement réharmonisé de manière à donner une sensation de soulagement sousjacent mais éphémère, en témoigne les trois derniers accords qui sonnent comme un glas inéluctable. La troisième pièce, Shachimaru's Theme (en Mi bémol Majeur), poursuit notre progression harmonique (ici, nous avons trois bémols), et reprend la forme du premier morceau : introduction lente dans l'aigu, exposition du thème lent, reprise varié en style jazz. Rien de plus, et pourtant Mika Matsuura a beaucoup à dire en variant systématiquement la moindre répétition pour donner un élan vital à la pièce et ne jamais lasser l'auditeur. Une nouvelle fois en contraste total mais néanmoins dans le même esprit, s'ouvre la quatrième et merveilleuse pièce Inside the Water Dragon dans la tonalité inhabituelle et peinée de si bémol mineur. La marche était plus haute cette fois-ci, nous sommes passés à cinq bémols, mais l'atmosphère est, il faut le dire, radicalement différente, éthérée, étrange et presque mystique. Cependant la construction reste une nouvelle fois quasiment identique : petite introduction suivit du thème, puis un épisode central plus animé qui précède la reprise du thème initial. Comme une fatalité, le morceau se termine étrangement, comme à la fin d'un cycle.

C'est une toute autre ambiance qui nous attend dans le cinquième morceau, Wep'keer (en mi mineur). Si les quatre premières pièces forment une sorte de premier mouvement de symphonie, cette pièce ouvre un second chapitre dans cet album. Malgré une tonalité apparemment sérieuse, et après la traditionnelle introduction lente, le thème ressemble à une mélodie chantée, accompagnée par une sorte de guitare-basse. Très vite, ce thème prend de la vitesse pour l'épisode jazzy et véloce. Suite à son développement habituel, cette partie amène cependant tout de suite à la conclusion du morceau, peu commune, apparaissant comme inachevée, où seulement deux notes continuent à résonner sans fin. Dans le même esprit et avec la même construction, nous trouvons la sixième pièce : The Tribe of Heavenly God's Theme qui oscille entre différentes tonalités. L'introduction extrêmement libre précède l'arrivée du thème très chantant. La partie centrale, très animée comporte toute une partie peu commune dans le grave du clavier, avec des notes piquées assez rares pour cet album, qui apporte une dramaturgie qu'on n'aurait pu soupçonnée au départ. La reprise du thème principal, en guise de conclusion, vient un peu soulager cet effet de malaise.

Apparaissant comme isolée au milieu d'une oasis de calme, la septième et atypique pièce The Emperor of Eternal Darkness parcourt un nombre de tonalités et de métriques toutes plus étranges les unes que les autres. Si le morceau semble s'éloigner de la forme adoptée par les autres, il n'en est pas moins proche au niveau de l'univers, un peu comme le négatif d'une photographie. Ainsi, en lieu et place d'une introduction calme, nous avons cette fois de grandes octaves ténébreuses et sèches. Le thème est construit autour de dissonances rêches et abrasives, et non pas sur de riches harmonies suaves. Le calme qui suit l'énoncé du thème est plus inquiétant que réellement reposant et mène à un épisode où l'on croirait reconnaitre le folklore chinois. Mais ce n'est qu'une façade, car bientôt les dissonances refont surface, pouvant même aller jusqu'à la "fausse note" écrite. La conclusion est tonitruante : le thème principal se perd au milieu d'un océan de notes graves avant le déferlement des trois derniers accords qui ne sont pas sans nous rappeler, en version rapide, la conclusion résignée de Kaguya's Journey.

Après tant de frénésie, les trois ultimes pièces de l'album se présentent comme une grande conclusion mi-douce mi-amère qui débute avec The Sun Rises (en mi mineur). Sans aucune introduction, la pièce commence par un thème qui n'est autre que le tout premier de la pièce initiale, Cursed Shinshu Fields, révélant ainsi une forme cyclique volontaire sur l'étendu de tout l'album. Bien entendu, il est tout différemment mis en valeur ici et presque fugitif. La pièce est d'ailleurs construite comme une grande variation autour de ce thème, alternant les épisodes d'apparence lente et d'autres plus énergiques, voire même à l'ambiance jazz. Mais le morceau suivant, The Journey Continues (en La Majeur) est nettement plus intéressant, de par ses harmonies chaleureuses mais teintées d'une certaine tristesse. Reprenant le schéma classique des autres pièces (introduction lente, puis exposition du thème et reprise variée), certaines modulations inattendues enrichissent continuellement cette mélodie si belle et si simple à son commencement. Quel malheur, cependant, que l'album doive se conclure sur Reset (en Do Majeur), de loin la plus mauvaise pièce de l'album - et d'ailleurs la seule -, pourtant la chanson de la bande originale. Si tout n'y est pas à jeter, l'arrangement n'est guère pianistique, avec ces notes répétées et ce rythme alambiqué du plus mauvais goût. La reprise variée n'est guère plus convaincante, malgré une tentative de liberté, malheureusement vite rattrapée par ce thème sans richesse et très plat. La conclusion est étrange mais guère mémorable. On retiendra juste que le dernier intervalle de l'album est une quinte ascendante, comme un écho en miroir du tout début de Cursed Shinshu Fields.

Exception faite de cette dernière pièce, Okami Piano Arrange est donc un excellent album, arrangé avec le plus grand soin et le meilleur goût. La construction globale, homogène et réfléchie, témoigne d'un grand sens musical et l'écriture se révèle très pianistique, gage de qualité et de bonheur pour tous les pianistes en herbe. Si aucune pièce ne se démarque réellement plus qu'une autre, c'est qu'elles sont toutes excellentes et apportent chacune quelque chose de différent. Pétri de qualités, Okami Piano Arrange est donc un album qui gagnerait à être beaucoup plus connu.

Nota : n'existant pas de livre de partitions officiel pour cet album, vous trouverez dans la rubrique adéquate du site des transcriptions réalisées par votre humble serviteur pour l'ensemble des dix pièces.

Liste des pistes
Disque 1
01 - Cursed Shinshu Plains
02 - Kaguya's Journey
03 - Shachimaru's Theme
04 - Inside the Water Dragon
05 - Wep'keer
06 - The Tribe of Heavenly Gods' Theme
07 - The Emperor of Eternal Darkness
08 - The Sun Rises
09 - The Journey Continues
10 - Reset

Rédigé par Delldongo

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