Chapitre 12

Nous passâmes près d’un mois dans mon village. Chaque jour nous nous entraînions avec vigueur. Je gagnais enfin en finesse et ma musculature se développait. Notre groupe renforça les liens avec les habitants du village. Gotard décida de s’améliorer en suivant les leçons de l’ancien et du chef du village. Nous contribuions au village en chassant et en construisant de nouvelles maisons. Car près de 5 femmes attendaient un enfant.
J’étais vraiment heureux de voir mon village enfin prospérer. Mais quelque chose me dérangeait. Anandes n’était pas tellement dans son assiette. Dans son sommeil, elle appelait parfois son père. Je savais que nous devrions bientôt quitter le village. Un matin, Mada se joignit à moi et nous partîmes en direction de la ville d’Anandes sans les autres. Cette fois il ne fallut qu’une demi-journée pour l’atteindre. Le lieu n’avait pas tellement changé, la surface était toujours aussi aride. Nous trouvâmes l’entrée et nous descendîmes. Thor nous accueillit avec beaucoup de joie. Il fut étonné de voir Mada. Je lui racontais alors notre histoire. À la fin, Mada fut emmené pour que son bras soit amélioré.
« Tu sembles avoir bien souffert au cours de ton voyage. » fit Thor.
« Oui, mais bon, j’ai gagné une nouvelle famille en échange. Mais je souhaiterai que vous veniez avec nous à mon village. Ne serait-ce que pour voir votre fille et aussi pour créer une amitié avec le chef de mon village. Notre communauté doit évoluer et quel meilleur moyen d’une alliance. Mon peuple pourrait profiter de votre savoir et nous pourrons redonner vie au désert qui se trouve en surface. »
« Je ne vois aucune raison de refuser. Mettons-nous en route dès que votre ami sera réparé. »
Je souriais et je pensais à Anandes et à la surprise que je lui réservais.

Mada nous rejoignit au bout d’un certain temps. Le bras qu’on lui avait confectionné était bien plus imposant que l’ancien.
« Les humains de cette ville m’ont posé un bras qui devait servir pour un prototype qui n’a jamais vraiment fonctionné. Par chance, l’ensemble est compatible. » fit Mada avec un certain sourire.
Il me montra la dizaine d’outils qui étaient logés dans son bras. Cela me faisait sourire.
« Bien, voilà quelque chose de très utile ! »

Nous étions donc prêts et nous pûmes partir. L’être de lumière était bien bas lorsque nous revînmes au village.
À ce moment-là, Anandes me fonça dessus et me donna une claque.
« Hé ! Ça ne va pas non ?! »
« OU ÉTIEZ-VOUS PASSES ! Cela fait une journée que l’on vous cherch…. »

Puis lorsqu’elle vit ma surprise, elle tomba en larme.
« PAPA !!! »
Elle lui sauta au cou.
« Oh oh oh, ma petite fille….Je suis si heureux de te voir ! »

Ils se serraient très fort et Gotard, Kagero et Kythia arrivèrent.
« Toi alors, tu ne penses donc jamais à toi ? » me demanda Gotard.
« Je ne sais pas….Elle pleurait dans son sommeil et appelait son père…je me suis dit que le meilleur moyen pour calmer sa peine était de le faire venir. Et puis, Thor son père est aussi là pour forger une alliance avec notre village, qui en a grand besoin pour pouvoir évoluer. »
« Eto... » fit Kithya en me serrant la main.

Je souriais calmement.
Je vis alors notre chef approcher de Thor. Ils se regardèrent longuement. Et au bout d’un moment, ils sourirent et se serrèrent la main.

Un banquet fut alors organisé. Thor se présenta et me fit intervenir. Il expliqua les termes de l’alliance, et tout le monde approuva les accords qui étaient plus que bénéfiques. Anandes me regardait de temps en temps. Elle semblait gênée, je ne voyais pas pourquoi.

À la fin du repas, l’alliance était conclue. Les femmes et les enfants se rendraient à la ville pour apprendre et redonner à la terre toute son énergie. Chaque soir, ils retourneront au village. Ainsi, ma patrie peut continuer à vivre puisque chez nous ce sont les hommes qui savent chasser. Certains ronchonnaient un peu, mais notre chef se montra convaincant. La nuit tomba et Thor coucha dans la tente du chef. Moi je discutais un peu avec Eria. Elle avait peur de quitter le village, car la mission commençait dès demain. Je la rassurais en lui annonçant qu’elle gagnerait beaucoup grâce à ces échanges. Ensuite, je lui annonçais que j’avais décidé de partir. Elle tomba en larme, mais la période de repos que j’avais souhaité a été suffisamment longue.
« Eto, j’ai pris une décision. Je ne pleurerais plus devant toi. Je veux que tu sois fière de moi. En tant que fille du chef, je dois montrer l’exemple ! »
Je sentais toute son énergie dans sa voix.
« Bravo Eria. Je te souhaite bonne chance. Je vais avertir mes compagnons et nous allons nous préparer. »

Je me tournais, lorsque j’entendis des reniflements. Eria pleurait encore, mais je ne lui en voulais pas….En m’éloignant, j’entendis un « merci » rempli de joie. Elle avait beaucoup mûri.
J’entrais à présent dans la case qui nous était réservée. Ils étaient tous là. Je leur expliquais l’envie de mon départ et tous approuvèrent.
« Nous prendrons le Kaiser et nous nous rendrons chez les Nosphératu. » fit Kagero.
« Non…nous irons d’abord à Trafalgar. Je pense qu’il y en a un qui veut revoir celle qu’il aime… N’est-ce pas Gotard. » fis-je en lui donnant de petits coups de coude.

Celui-ci ne rajouta rien, il se contenta de rougir ce qui me fit éclater de rire.
Au même moment, Anandes posa sa main sur mon épaule.
« Eto, est-ce que je peux te parler dehors ? »

Je me levais sans rien dire et je la suivis. Elle alla à l’extrémité du village. Tout à coup elle s’arrêta et s’approcha de moi.
« Pourquoi tu as fait tout ça pour moi ? »
« Tu n’es pas content de revoir ton père ? »
« Si…Bien sur….mais….Je ne te l’avais pas demandé. »

J’étais consterné, alors je décidais de mettre mes mains sur ses épaules.
« Tu as souhaité le revoir. Je l’entendais dans tes rêves. Alors, j’ai pris les devants.
« Et….moi….Je croyais que tu étais parti….Que….tu nous avais abandonnés….Je….Je t’en prie….snif….Ne nous laisse pas seuls…..Ne…..Snif….NE ME LAISSE PLUS SEULE !! ”

Elle me serra fort contre elle. Je ne savais que dire….Je la serrai fort contre moi.
« Allons….Ne pleure pas….Quelles raisons j’aurai de vous quitter….Vous êtes ma famille….Je ne pourrai pas me passer de vous. »
À mes mots, elle me sera encore plus fort et ses pleurs redoublèrent d’intensité.
« Eto….Snif….. »
Je lui caressais les cheveux pour la calmer.
« Anandes….Je veux que tu ailles avec ton père….Demain nous partirons et tu ne le reverras pas avant un bon moment, s’il te plait, annonce-lui la nouvelle, et parle-lui. Resserre tes liens, moi, je vais rester un peu seul. »
Elle me regarda enfin et me fit un hochement de la tête.

Je sortis donc du village et je me baladais dans la forêt. La dame blanche éclairait mon chemin et aussi bien moi que Shogun profitions de cette dernière soirée. Et le plus étonnant, c’est que je n’avais pas le moindre regret. .
C’est alors que j’entendis des murmures. J’étais proche à présent de la fontaine naturelle.
Je m’avançais doucement et je vis Eria qui était assise.
Attiré par la curiosité, je m’avançais vers elle.
« Est-ce que cela va Eria ? »
Elle se retourna, me vit et sourit.
« Bonsoir Eto. »
« Bonsoir » fis-je en m’asseyant à côté d’elle.
« Tu es revenu alors que nous t’avions demandé de partir. Je sais que tu dis la vérité, je n’ai aucune raison de douter de toi. Et au lieu de pleurer ton départ, dès demain, je me rendrai chez nos nouveaux alliés pour apprendre le plus possible. Je veux que tu sois fier de moi ! » fit-elle en souriant.
Je m’allongeais sur le sol. J’étais détendu.
Eria bougea et posa sa tête sur le côté de mon ventre.
« Tu sais Eto, au début je pensais que j’étais amoureuse de toi….Quand tu es parti, j’étais triste, je pleurais souvent. Mais les jours ont passé et j’ai réalisé que la vie à laquelle tu aspirais était trop différente de la nôtre. Par ce que nous t’avons fait, tes liens avec ce village ne sont pas aussi forts que les miens. Maintenant, je te fois comme un frère, un exemple à suivre. Et je veux suivre ton modèle pour qu’un jour je puisse diriger et faire prospérer notre patrie. Et puis, père ne t’en a pas parlé, mais nous avons comme projet de nous agrandir. Nous allons modifier notre village pour développer une autre agriculture. Et grâce à ce que tu as fait pour nous et cette nouvelle alliance, nous allons nous développer à grande vitesse pour que, lorsque tu reviendras, tu sois fier de nous ! »
Je l’écoutais, et j’étais ravi d’entendre ses projets.
« Je suis fier de vous tous et de toi Eria. »

Nous nous endormîmes.
Le lendemain, nous nous préparâmes doucement. Et lorsque l’être de lumière était au plus haut, le Kaiser décolla sous les au revoir des gens du village.
J’avais un pincement au cœur, mais je savais que j’allais revenir.
Nous nous dirigeâmes donc vers l’Oasis où étaient supposés être nos rescapés de Trafalgar.

Nous arrivâmes très vite.
Nous sortîmes du vaisseau et là je n’en croyais pas mes yeux.
De petits baraquements en pierre ont été construits autour de l’Oasis. Des canaux d’eau entouraient l’oasis et des cultures poussaient.
Avec notre vaisseau, tous les gens étaient sortis. Mais il n’y avait que femmes et enfants. Il devait y avoir une cinquantaine d’âmes
tout à coup, Oléthée s’avança. Elle avait les larmes aux yeux.
Elle sauta dans les bras de Gotard et ils tombèrent à terre. Tout le monde éclata de rire.
« Ho, ho doucement. J’étouffe Oléthée ! »

Elle le serrait fort et ne cessait de pleurer.
Une fois les émotions passées, les femmes nous montrèrent l’avancée de leurs travaux. Les plantes, malgré le sable, poussaient rapidement, mais ils n’étaient pas encore assez nombreux pour faire des travaux plus conséquents.
Moi et Gotard leur donnâmes un bon coup de main. Haku plongea dans l’Oasis et partit élargir la source. À ce moment-là, se créa un véritable lac. Auparavant Titan avait sauvé les habitations et toutes les cultures. L’eau était à présent en abondance et toutes plantes avaient été replantées vraies zones d’irrigations apparurent.
Nous restâmes seulement quelques jours. Nous tous avions hâte de nous rendre chez les Nosphératu pour rencontrer le nouveau invokeur.
Un matin, nous partîmes donc en direction de Midgard. Nous étions tous dans la salle des commandes. Je voyais le paysage défiler devant moi. Tout ce que nous avions parcouru, les montagnes, le village des mogs, Midgard. Vu d’en haut la ville était gigantesque. Elle formait un cercle presque parfait, ce cercle était partagé en part presque égale. Anandes donna un coup d’accélération et nous fonçâmes vers le Nord. J’eus à peine le temps de voir le lac dont nous avions déterré le Kaiser que déjà au lointain, je voyais les nuages qui devenaient sombres.
« Nous arrivons. » fit Kagero.
Nous arrivâmes et en effet, le ciel se faisait sombre. La terre était moins verdoyante. Nous nous posâmes et nous sortîmes. Tout à coup une forte odeur d’œuf pourri m’arriva au nez.
« On dirait que des gisements de souffres ne sont pas loin ! » fit Gotard en reniflant attentivement.
Kythia se pinça le nez : « Mais comment tu fais pour supporter cette odeur, c’est atroce ! »
« L’habitude, dans la caverne de Titan, cette odeur venait quelque temps quand la montagne tremblait. »

Le sol était presque aride, une faible mousse poussait sur le sol. Cela s’expliquait que l’air était légèrement humide, ce qui sous-entendait une source d’eau souterraine ou pas très loin de là où nous étions.
« De la mousse commune et de l’herbe….Une végétation simple. » fit Mada.
Nous nous mîmes en marche. Mada nous signala qu’à deux heures de marche, il détectait une source de vie.
Nous suivîmes ces conseils. En court de chemin, nous découvrîmes des champs, preuve que des hommes vivaient sur ces terres. Mais je regardais attentivement les plantes, et elles n’étaient pas en forme. La plupart des plantes avaient du mal à pousser et les rendements étaient faibles. Il n’y avait que quelques grains…je supposais que c’était de l’orge. Sur d’autres terres, je voyais du blé pousser avec du sorgo. Et à mon grand étonnement, je vis un élevage de Chetrus..
« Un animal de petite taille, mais qui avait des cornes sur la tête, une longue fourrure, des pieds qui reposaient sur des cousinez . Cet animal avait la particularité, surtout les femelles de produire énormément de lait. » fit Mada.
« Merci pour les renseignements monsieur je sais tout ! » fit Kythia.
Plus nous avancions, plus le ciel se faisait sombre. Nous arrivâmes malgré tout au village. Et là je fus choqué par le contraste entre ce lieu et Midgard.
C’était un village de moyenne taille. Les maisons étaient construites avec des pierres, les toits étaient couverts de tuiles. Je voyais de la fumée sortir des cheminées. Par contre, le sol n’était pas recouvert, il n’y avait que de la terre. Le chemin dans lequel nous étions était totalement cabossé. Je voyais que tous les chemins convergeaient vers un puits. J’ entendais au loin des bruits d’une lame qu’on frappait. J’en déduisais qu’il y avait un forgeron. À côté de nous, un grand moulin se dressait, ses voiles étaient impressionnantes. Elle tournait régulièrement et émettait un grincement lui aussi régulier.
Tout à coup, la porte du moulin s’ouvrit et une femme d’un âge avancé sortit avec sac de poudre, sans doute de la farine. Elle semblait peiner à cause du poids du sac. Son visage était couvert de ride, elle avait les cheveux grisonnants et son dos semblait voûté par l’âge. Aussi je m’approchais d’elle doucement.
Ses yeux qui ne fixaient d’abord que le sol se levèrent pour me regarder.
« Oh….Des….des étrangers….oh… »

Elle laissa tomber son sac que je rattrapais. Il était lourd.
« Oh…merci jeune homme….Ce sac représente des jours de travail…le village m’en aurait voulu si j’avais laissé échapper le contenu.
« Mais ce n’est qu’un sac de farine…. » fit Kythia.
« Ne dis pas ça ma petite….Ce sac représente la moitié de ce que nous avons récolté….Cette farine servira pour nous nourrir pour quelques semaines…. »

Elle disait ça avec peine. Et cela me déprimait.
« Allons grand-mère….Nous allons vous aider, où voulez-vous qu’on dépose ce sac ? »
Elle s’avança et nous demanda de la suivre.
Nous traversions le village à petits pas. Il n’était pas désert, loin de là. Il y avait beaucoup de commerces. L’un vendait de la viande, l’autre vendait des peaux d’animaux que je ne connaissais. Tout le monde saluait la grand-mère de la main et elle leur rendait le salut.
« Vous êtes très connus ici grand-mère. » fit Anandes.
« Appelez-moi Alice, je n’aime guère qu’on m’appelle grand-mère. Certes je suis la doyenne du village, mais je pense encore avoir de belles années devant moi. Et ce ne sont pas les vampires qui voudraient un sang aussi vieillot que le mien ! »
« Combien font-ils de victimes par mois. À ma connaissance, les Nosphératu restent des buveurs de sang humain » demanda Kagero qui marchait maintenant à la hauteur de la grand-mère.
« Oh….Une ou deux par mois…les vampires qui se trouvent dans le château Oldenbourg sont particuliers. Ils reproduisent notre société au sein d’un clan…. »
« Mais combien sont-ils ? » fit Mada.
« Oh seulement une Vingtaine. Ils se sont regroupés il y a des siècles pour éviter l’extinction de l’espèce. Vu que ce sont des immortelles, ils ne craignent plus de disparaître, car ils ont appris à former un groupe uni. Mais chacun des dix membres est le descendant d’une illustre famille de vampire et à ce titre, bien que vivant sous le même toit, ils gardent une féroce indépendance une fois tous les dix ans, ils viennent dans ce village pour choisir un homme et une femme qui iront agrandir le groupe. »
Elle racontait cela avec une certaine tristesse ce qui contrastait avec les cris des enfants qui jouaient dans la rue et qui nous regardaient bizarrement.
Mais au moment où Alice passa à côté d’eux, ils devinrent calmes et se firent respectueux.

Tout à coup, nous passâmes devant une maison. La porte était fermée par des verrous. Il y avait des barreaux aux fenêtres. Cela me choqua et je décidais de m’y arrêter. Un homme de grande stature passa devant moi avec un plat qui sentait très mauvais. Il me regarda avec une certaine méfiance.
Il déposa le plat devant la porte, donna des coups dans celle-ci. J’entendis un petit bruit et je vis que la porte avait une ouverture à sa base, juste suffisante pour que le plat passe. Je vis une main sortir. Elle chercha le plat, l’homme leva son pied et écrasa la main avec un certain sourire.

Tout à coup, cela me rappela une scène de mon enfance. J’étais dans ma tente et on me fournissait le repas de la même façon. Je savais que ce n’était pas l’ancien qui me donnait à manger. À l’époque, il n’en avait pas le droit. La nourriture qu’on me servait était infecte, mais je me forçais pour vivre. Un jour je cherchais mon assiette quand je sentis qu’on me tenait fermement. J’entendis le bruit d’une arme. Je réalisais ce qu’on voulait me faire et je tirais de toutes mes forces et je ne sais pas comment, mais j’ai réussi à me dégager.
À ce moment-là, j’entendis le mot « monstre. » C’était un de mes nombreux souvenirs que je tentais d’oublier….
Je me dirigeais vers la maison.
« Qu’est ce qu’il y a là-dedans ? » fis-je ?
Alice s’arrêta et me regarda d’un air inquiet.
« Il…il n’y a rien là-dedans….Je vous en prie, avançons. Le maire du village m’attend. »
« Vous me mentez Alice. Je viens de voir une main sortir par l’ouverture de la porte ! »

À ce moment-là, l’homme costaud s’approcha de moi avec un regard noir.
« La doyenne a dit qu’il n’y avait rien là-dedans, passez votre chemin. »
« Je soutenais son regard bien qu’il m’intimidait. »
« Ouvrez la porte ! » fis-je.

Il allait me frapper quand Anandes tira un coup de feu près de ses pieds qui le calma tout de suite.
« On ne bouge plus monsieur. »
« Pauvre imbécile, te faire protéger par une femme ! »

À ce moment-là, Mada s’approcha et prit l’homme par les pieds.
« Si cela vous dérange monsieur, je peux la remplacer ! » fit-il en le maintenant la tête en bas.

Notre petit échauffement avait attiré du monde. Tout le monde chuchotait ce qui m’énervait.
Je pris ma lance et je fis sauter le verrou.
J’ouvris la porte et une épouvantable odeur d’excrément humain m’arriva au nez. La pièce était salle et au milieu une table dégoûtante avec une jeune femme assise mangeant avec ses doigts.
Elle avait un habit unique sale et troué.
Je m’approchais malgré l’odeur. Les autres m’attendaient à l’entrée. Tous se bouchaient le nez.
« Bonjour…. » fis-je en m’approchant d’elle. Ses cheveux étaient noirs, mais ils étaient salles, emmêlées, et il y avait de petites particules blanches dessus.
Elle me regarda avec peur et recula. Elle trébucha. C’est alors que je vis qu’elle était attachée. Je m’approchais encore elle recula de frayeur jusqu’au mur.
« Ne la touchez pas ! Cette fille est maudite ! Personne ne doit l'approcher. Elle a la mort en elle ! » fit un villageois.
« En plus, elle n’aime que les femmes, elle est inutile ! Nous la gardons ici, car c’est la fille du maire….Sinon on l’aurait déjà expulsée du village, elle est la honte de notre patrie ! » fit un autre.

À ce moment-là, elle eut des convulsions qui lui parcoururent tout le corps. Ces yeux étaient devenus blancs, de la salive coulait le long de sa bouche, elle poussait des gémissements effrayants.
« MADA ! KYTHIA ! VENEZ VITE !! »

Tous les deux s’approchèrent.
« Convulsion, rythme cardiaque en hausse, salive abondante. Cette fille est en train de faire une crise d’épilepsie, il faut la mettre sur le côté pour qu’elle n’avale pas sa langue ! » fit Mada

Nous la prîmes et nous la mîmes sur le côté. La crise s’arrêta, elle sembla renifler puis elle respira enfin, elle cherchait de l’air en respirant par la bouche.
« La crise s’achève….Mais je détecte une fracture du poignet droit et un déboîtement de l’épaule ! » fit Mada en touchant son corps.
« Kythia peux-tu avec ta magie inhiber la douleur le temps que mada remette son épaule en place ?
« Oui….Tout de suite. »
Mada remit l’épaule en place non sans bruit. Après cela nous cherchâmes devant les yeux inquiets et méfiants de l’eau et des serviettes propres.
Anandes maintenait avec Kagero le calme sous les yeux déconcertés de Alice et des villageois.
À ce moment j’entendis une voix qui demandait qu’on laisse le passage. J’entendis un villageois. »
« Voilà le maire, il va s’occuper de ces étrangers. »


L’homme s’avança devant moi. Il était assez grand, les cheveux et les yeux bruns, de petites moustaches, un habit qui visiblement était d’une qualité supérieure, de petite chaussure. Il avait quelque chose dans sa bouche, une sorte de tige, et au bout une réserve qui dégageait une odeur assez désagréable.
« Que faites-vous donc étranger ? »
« On soigne une jeune fille, la votre si j’ai bien compris. » fit Gotard en se dressant devant lui.
« De quoi vous mêlez vous ! Ici toutes les femmes doivent assurer la survie du village. Il y a 20 Nosphératu près d’ici et si notre population décroît, elle va disparaître. Ma fille ne fait pas exception. Seulement son amour ne s’est porté que sur une femme. Au début, nous les avons séparées, mais l’une comme l’autre se laissait mourir… » fit-il en bousculant Gotard pour me parler avec verve.

Tout à coup nous entendîmes des bruits qui venaient du plancher.
Quand je réalisais qu’il y avait une autre personne en dessous, j’eus un accès de colère.
« SORTEZ D’ICI MONSIEUR !! »
« Non mais vous vous cr…. »
Je le dévisageais avec haine et colère, il fit un pas en arrière.
« Gotard, défonce le plancher ! » fis-je
« Avec plaisir. »

Il donna un grand coup de pied et il fit un trou énorme. Je sautais et j’atterrissais dans le sous-sol. De petits animaux couinaient, des rongeurs visiblement. C’est alors que je vis une autre jeune femme au fond, elle était recroquevillée sur elle-même et semblait pleurer. Elle avait les cheveux roux, mais je ne voyais pas son visage. Juste son habit unique et brunâtre. Toutefois, elle semblait plus adulte que la jeune fille au-dessus.
« Heu…jeune fille ? »
Elle ne répondait pas. Je m’approchais encore, je voulais la toucher lorsque soudain elle bondit et me mordit le bras de toutes ses forces….Malheureusement, elle mordit mon bras métallique et se fit mal. Elle saignait de la bouche. Je sortis de mon petit sac un morceau de tissus. Elle voulait se débattre mais je décidais de lui prendre fermement le visage. Elle ferma les yeux. Doucement je lui caressais la joue pour la nettoyer, elle sembla se détendre.
« Enfin, tu te calmes…pardon d’avoir été brusque, mais tu ne voulais rien entendre. »
« D…désolé… »
« Ton nom ? »
« Lebanelle »
« Lève-toi…ton….amour t’attend en haut. »

À mes mots, elle se leva brusquement et sortit par le trou.
« MILLIA !!! » fit-elle en pleure.
Je ressortais du trou et je vis Lebanelle serrer fort son amie…celle-ci retrouvait ses esprits.
« Lebanelle….C’est toi… ? »
« Oui….C’est moi…snif…oh ma pauvre, tu es vraiment dans un sale état. »
Lebanelle caressait doucement le visage de son amie qui le lui rendait. Shogun et moi étions touchés par cet élan de sentiments.
Elles s’embrassèrent devant nous ce qui me fit détourner le regard
« ARRETEZ CES CHOSES !!! ELLES DOIVENT MOURIR !! L’AMOUR ENTRE FEMMES N’EST PAS HUMAIN !! ELLES SONT INHUMAINES !! » fit la brute en colère.
Il voulait se précipiter vers elle quand Anandes lui tira un coup dans la jambe.
« SALE GARCE !! » fit la brute.
Anandes excédé s’approcha et lui pointa son revolver dans la bouche et regarda les villageois.
« LE PREMIER QUE J’ENTENDS ENCORE DIRE QUE CES FILLES NE SONT PAS HUMAINES GOUTERA A MES PISTOLETS !! »

La foule prit peur, le maire ne disait plus rien. Alice revint avec de l’eau chaude.
« Laissez-moi entrer dans la maison. »
« Doyenne, non, ne leur donnez rien ! »
« Il suffit, ces deux jeunes filles s’aiment, elles ne demandent que ça ! Je suis aussi choqué que vous par ces étrangers ! Mais c’est nous qui les avons mis dans cet enfer. Elles ne sont que deux femmes. Nous sommes une communauté assez grande pour compenser les enfants qu’elles ne donneront pas.
Je n’ai jamais rien dit parce que je pensais au bien du village, jusqu’à tout à l’heure j’étais d’accord avec vous tous. Mais quand j’ai vu l’était de ces filles, je refuse de ne rien faire. Monsieur le maire, l’une d’entre elles est votre fille et vous l’avez laissé dépérir ! »
« Mais doyenne elles…. » fit une femme.
« Si je me souviens bien, cela fait six mois que nous avons découvert leur amour interdit. Hors avant cela ces deux femmes étaient les meilleures ouvrières que nous avions eues. Elles travaillaient pour 4 et faisaient même les corvées des hommes. Au début je ne comprenais pourquoi elles se tuaient autant à la tâche, maintenant je sais que comme elles n’auront jamais d’enfants, elles voulaient tout faire pour pallier ça ! Et nous les avons rejetées parce qu’elles étaient différentes !!! JUSTE POUR ÇA !!! »

J’étais impressionné par la force de caractère d’Alice. Je m’approchais d’elle et je pris le lourd seau d’eau chaude et je l’amenais auprès des filles. Elle décida de me suivre.
C’est la grand-mère elle-même qui les nettoya toutes les deux sous les yeux déconcertés des villageois. Certains approuvèrent le choix d’Alice d’autres partirent en nous ignorant. Le village se divisait et cela faisait à peine une heure que nous étions là.
Le maire ne supportait pas de voir sa fille dans les bras d’une femme. Moi cela ne me dérangeait aucunement. Kythia leur posa des questions sur leur amour. Elles en parlèrent librement et Kythia bien qu’un peu dégoûtée au début accepta la situation. Les autres réagirent avec beaucoup de maturité. Nous voulions les aider, mais il était clair qu’elle ne pouvait plus rester ici. Ni Alice d’ailleurs.
« Merci pour tout ce que vous avez fait. » fit Lebanelle qui serrait fort la main de sa compagne.
« Oh ce n’est pas grand-chose. Vous savez, moi, Anandes et Eto nous avons tous été des exclus, différents pour ceux de notre peuple. Et pourtant, nous avons réussi à changer les choses. Mais dans votre cas c’est différent. Le village n’acceptera jamais que vous restiez…et puis on peut dire ce que l’on veut, vous êtes deux belles humaines, si les vampires apprennent votre existence, je ne serai pas étonné que vous soyez les prochaines enlevées. » fit Gotard.
« Oui…Mais que pouvons-nous faire ! » fit Millia
« Eto, je crois que nous ne pouvons pas pouvoir les emmener avec nous étant donné que nous allons voir les Nosphératu puis après continuer vers le Nord. » Fit Kagero inquiète
« En effet, tu as une idée en tête ? » fis-je en la regardant.
« Bien sûr, je vais rédiger une lettre qui sera imposée de mon sceau et elles se rendront dans la ville de Midgard. Elles seront sous la protection de la princesse Yunfa et du roi Théobald.
« Et que faisons-nous d’Alice ? » fit Anandes.
« Je suis une vieille femme, je n’ai plus la force de les suivre…mais j’ai encore assez de caractère pour me faire respecter ici. Tout le village n’est pas contre moi, je pense pouvoir me débrouiller. » fit Alice fièrement.

La décision était prise. Nous nous rendîmes dans la maison d’Alice avec nos deux amies pour leur prendre des vêtements corrects. Beaucoup nous regardaient. Certains avec dédains, d’autre avec respect. Une fois changées et lavées nous les accompagnâmes jusqu’à la sortie du village. Kagero leur donna la lettre et chacun d’entre nous se fit serrer par les deux jeunes femmes qui, à mon grand plaisir affichaient une joie de vivre. Elles partirent main dans la main avec de quoi manger pour 4 jours.
Elles nous saluèrent encore une fois et là Milla nous cria.
« ON PENSERA TOUJOURS À VOUS, PASSEZ NOUS VOIR !! »
Nous les saluâmes.
« Bon Alice, maintenant que c’est réglé, nous devons aller parler au maire pour qu’il nous indique le chemin pour le manoir des Nosphératu. »
« VOUS VOULEZ VOUS Y RENDRE ??!! VOUS ETES MALADES !! » fit-elle en criant
« Oui, nous avons tout lieu de croire qu’un homme important pour nous s’y cache. Un invokeur, cela vous dit quelque chose ? » fit Kythia.
« Je n’ai jamais vu d’invokeur. Mais ma grand-mère m’a raconté qu’un jour, oh c’était il y a des siècles après la Grande Guerre entre les peuples des dragons, Alucard le chef des Nospheratu a construit ce château en 24 heures. Les habitants d’ici qui étaient alors bien plus nombreux se sont révoltés. Alucard a répondu à leur provocation et a anéanti la moitié du village. Depuis nous sommes soumis à eux et jamais aucun habitant de cette terre ne vous emmènera au château.
« Je comprends, alors indiquez-nous juste la maison du maire. » fit Kagero.

Elle nous y emmena. Elle était un peu plus grande que les autres. Nous y entrâmes. À l’entrée, c’était le grenier. Mada déposa le sac de farine et nous montâmes à l’étage avec la maire qui nous attendait, et visiblement énervé contre nous.

« Que me voulez-vous ? »
« Monsieur le Maire Krieg, ces gens veulent savoir où se trouvent le château des Nosphératu, ils souhaitent s’y rendre. » fit Alice
« Il suffit de marcher vers le Nord pendant 4 heures. Il y a un chemin. J’espère qu’ils vous tueront. Vous avez peut-être sauvé ma fille, mais maintenant vous m’en avez privé. Vous ne serez jamais les bienvenus à Kolmkoms.
« Pour vous peut-être, pour moi ma porte leur sera toujours ouverte, espèce d’égoïste. Vous avez cédé à la pression du groupe et maintenant vous leur faites porter les conséquences de vos erreurs. Si vous aviez exercé votre autorité, ces deux femmes auraient été acceptées. Avec du temps, j’en conviens, mais tout se paye dans la vie. » fit Kagero.
« La ferme, je ne veux rien entendre, sortez de chez moi ! »

Nous n’ajoutâmes rien, et nous sortîmes. Nous prîmes en silence la sortie nord.
« Bon, eh bien, c’est ici que je vous quitte. Prenez soin de vous tous ! » fit Alice en rebroussant chemin.
Nous la saluâmes et moi j’avais un petit pincement au cœur, je l’aimais bien cette vielle femme.

Nous nous retournâmes… je pris une respiration, car ce qui nous attendait, sera tout sauf une partie de plaisir.

  Chapitre 12 sur 20  

A mon tour maintenant !, Camélia, Arc 4 Thèmes
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