Chapitre 17

Tout restait noir autour de moi. Je rêvais, et j’appréciais d'en être conscient. Je voyais un magnifique paysage, une prairie, comme dans le village des mogs.
Loin de moi se tenait Anandes, elle était de dos, une petite brise remuait ses longs cheveux. Je me rapprochais doucement d’elle. J’étais à présent juste derrière elle. Je lui mis la main sur l’épaule quand tout à coup elle se retourna. Le corps se modifia et je reconnus Kether.

« Te revoilà devant moi… je vois que ton esprit est en train de faiblir… tu ne supportes pas d’être laissé au second plan…Ton amour… doute de toi ! »
« ASSEZ ! »

Le corps s’estompa et moi je me réveillais. Encore une fois, je n’étais pas maître de mon corps.
Je poussais un soupir de désespoir. Shogun était toujours le maître. Je regardais ce qu’il percevait, nous n’étions plus sur terre. La mer ? Sûrement. Nous étions sur un bateau, je voyais Kythia, Mada et Gotard qui discutait dans un coin du navire. Kagero se trouvait tout à l’avant. Par hasard Shogun entendit un oiseau et leva la tête. Je pus voir qu’Alucard qui était en haut du mat. Je tentais de trouver Anandes mais elle ne semblait pas là.

« Shogun ! »

Il ne me répondait pas.
Tout à coup je sentais une pression sur le bras droit et là, je redoutais le pire.
Shogun pencha son visage vers Reallia et l’embrassa. Elle le regardait avec le sourire et tout à coup, j’entendis la voix de Reallia et ce qu’elle dit me fit mal au cœur.
« Merci pour la belle nuit que tu m’as fait passer. »

Et là, j’entrais dans une colère noire.
« SHOGUN !! »

Enfin, il se retrouva devant moi.
« Tu l’as fait ?! »
« Je ne vois pas pourquoi tu es si surpris, ce corps est autant le mien que le tien. Tu dormais hier soir, tu n’as même pas cherché à discuter avec Reallia. »
« Ah parce que je le pouvais ? Je ne pouvais même plus intervenir et bien sûr, je suppose que tu n’as pas vu qu’Anandes était jalouse et blessée ? »
« Ça, ce n’est pas mon problème, si elle n’est pas capable de comprendre qui est qui c’est qu’elle est plus bête qu’elle en a l’air. »

À ce moment-là, je ne réfléchissais plus, je tentais de le frapper. Mais il évita mon coup.
« Tu es pitoyable. Et quand tu as serré très fort Anandes contre toi dans les bains, tu étais bien content que je n’intervienne pas. »
« Mais ce n’est pas la peine de laisser les sous-entendus pour Anandes ! » fis-je furieux

À ce moment-là, je réussis à reprendre le contrôle de mon corps. Shogun était furieux, mais je faisais tout pour garder le contrôle.
« Reallia, je dois parler à Anandes. »

Elle me regarda et comprit que ce n’était plus Shogun qui était à côté d’elle.
« Je t’en prie… mais j’aimerais aussi une fois te parler. »

Sans lui répondre, je descendais dans la cale.

J’entendais des pleurs. J’avançais au milieu des tonneaux et je la découvris assise entre deux caisses.

« Oh…Anandes… » fis-je avec le ventre qui se tordait.

Elle me regarda et m’adressa un regard noir.
« Alors…, la nuit était bonne ? »
« Que… tu crois que… j’ai… »
« Oh, tu n’as pas besoin de me donner tous les détails… »
« ANANDES ! Je… tu n’as toujours pas compris qu’il y avait deux personnes dans ce corps ! Il y a moi ET Shogûn… mais…
Elle semblait m’écouter puis sans que je comprenne quoi que ce soit Shogûn reprit le contrôle de mon corps.

Anandes nous regardait.
« Regarde bien mes yeux Anandes, je n’ai jamais eu les yeux rouges, les miens sont toujours bleus. Quand nous échangeons nos âmes, nos pupilles changent. Je ne suis pas intervenu avant, mais devant la situation, je vais tout éclaircir. J’ai retrouvé mon amour avec Reallia et je ne suis absolument pas attiré par toi. Mais maintenant qu’elle est là, je veux rester avec elle. Sans moi, Eto n’aurait jamais réussi à Midgard contre les princes. Il m’est redevable. Aussi, ne t’attends pas à revoir ton Eto aussi souvent. »

« Tu… tu es incroyable…Shogun… et je ne suis pas d’accord. Quand Eto est venu dans ma ville, c’est lui et lui seul qui a terrassé Valefore. Elle-même le dit à mon esprit…Cette situation ne peut plus durer, je jure de trouver un moyen pour vous séparer.... »
« Je te souhaite bien du courage. »

Shogun se détourna d’elle et malgré tout, j’entendis Anandes se relever et je vis qu’elle courut sur le pont, mais elle avait l’air déterminée. Quand je ressortis de la cale, je la vis en train de discuter avec Kagero. Je me sentais un peu mieux. Mais je me rendais compte que j’étais piégé. Shogun ne me laisserait plus aussi facilement intervenir qu’avant.

Je réfléchissais et la situation était devenue difficile pour moi. Et puis, je pris une décision. Intervenir par la force ne me mènerait à rien, sinon accroître le mépris de Shogun. Il n’avait pas complètement tort. Ce corps lui appartenait. Mais sans que je comprenne pourquoi, une pensée malicieuse se glissa dans mon esprit. Est-ce que Shogun va réussir à maintenir le groupe ? Est-ce que les autres vont accepter mon absence ? Je réalisais que hormis Reallia, Shogun ne s’était vraiment pas lié avec mes amis. J’étais à la fois peiné et excité de savoir comment la situation allait évoluer. Mais malgré tout, Shogun avait un amour pour quelqu’un. Anandes a raison, si cela continu comme cela, il va falloir penser à trouver une solution pour nous séparer, lui et moi.
Comme j’avais du temps devant moi, j’allais tenter quelque chose.

Je calmais mon esprit et je voulais descendre. Descendre dans mon inconscient pour trouver Ashura et me renseigner. Shogun était un gardien, il m’avait parlé d’un code. Je voulais comprendre.
Tout à coup, je sentis que je franchissais quelque chose. Je regardais autour de moi, il y avait des images de lieux que je ne connaissais pas. Je ressentais de la douleur, de l’excitation et même des pulsions meurtrières et charnelles.
Tout à coup, je vis devant moi Ashura.
« Que viens-tu faire ici ? Shogun n’avait jamais osé entrer dans votre subconscient. »
« Je suis venu te parler. Après tout, même si tu n’es pas présent tout le temps, tu vis dans ce corps. »
« Vivre est un bien grand mot. Le terme de parasite est plus approprié. »
« Ce n’est pas là l’important. » fis-je en m’approchant.
« Alors que veux-tu savoir ? »
« Shogun m’a parlé d’un code des gardiens, sans entrer dans les détails. Est-ce que tu sais quelque chose sur ça ? »
« Bien sûr. Je vais te raconter ce que je sais, mais avant j’aimerais savoir : tu es quelqu’un de curieux, je suis une âme maudite, je peux te conduire jusqu’à la folie et pourtant tu ne sembles pas me craindre au contraire de Shogun. »
« En vérité j’ai peur de toi. Mais je me trouve dans mon inconscient. J’ai lu à la Bibliothèque que ce « l’inconscient » était le domaine de notre esprit où nous refoulons ce qui nous fait mal. C’est la faiblesse humaine en quelque sorte et grâce à ça, tu peux survivre tout en influençant sans qu’on le sache nos actes. Donc, j’affronte mes peurs en venant ici et puis je suis quelqu’un de curieux…»

À ce moment il éclata d’un rire qui me donna des frissons.
« Tu es une âme très intéressante. Le code des gardiens ? Oui, ce code a été élaboré après ma mort. Comme je te l’ai dit, les gardiens et les invokeurs ne doivent jamais avoir de liaison. Cette règle a été dictée, car j’ai aimé une invokeuse. En réalité c’était un amour réciproque. Mais le fait qu’un gardien et une invokeuse se lient présentait un grand danger. »
« Pourquoi cela ? » fis-je.
« Pour une raison qui à la base semble stupide. Pour devenir un invokeur ou un gardien, il faut le mériter. Après la mort d’un invokeur, le cristal émettait un son qui se diffusait sur la terre. Ce son était un signal, mais seuls ceux que le cristal trouvait méritants pouvaient l’entendre. Des épreuves attendaient ceux qui avaient entendu le son du cristal. Toutefois, dans mon cas on craignait qu’une descendance arrive et qu’elle soit favorisée. Que cette descendance puisse entendre à coup sûr le son, vu que l’un des parents était un invokeur. Avec le temps, peut-être des dynasties auraient pu prendre le pouvoir. »
« En effet, au premier abord, la situation paraît horrible, on vous a interdit d’aimer. D'un autre côté, c’est le monde qui était protégé par ce système. Une sagesse qui a un prix. »
« Oui. On m’a donc interdit d’aimer. Celle que j’aimais est morte de chagrin. Elle ne pouvait concevoir le monde sans moi. »
« Donc, Shogun a fait la même chose que vous ? »
« Oui. Je logeais dans le corps de son grand père. Il était cloîtré dans la ville de Babélia mais mon descendant donc le père de Shogun l’informait en secret des évènements et lui demandait conseil. »
« Mais je croyais que ceux qui étaient maudits n’avaient plus de vie. »
« En effet, mais plus de vie en société, mais les membres maudits restaient en vie au cas où. Tout dépendait des circonstances. »
« D’accord. Et en ce qui concerne Shogun ? »
« L’affaire était très grave, car Reallia l’invokatrice était la plus douée des Sept. »
« Sept ? Comment cela sept, je croyais qu’ils étaient huit. »
« Oui huit en théorie. Le cristal est une source trop grande de pouvoir pour un seul homme. Alors à chaque fois, ce n’est pas un, mais deux élus qui étaient choisis. L’un avait en charge la partie claire du cristal et l’autre obscure. Pour le premier, la tâche était plus simple. La partie pure renforçait le bon côté de l’invokeur. Par contre, le second était choisi pour sa droiture. Le mauvais côté renforçait naturellement tous les sentiments négatifs. Pour ces invokeurs, c’était un combat constant contre eux-mêmes. Mais Reallia était particulière. Son âme ne comportait pas une zone de noirceur et malgré son style vestimentaire provocant, le cristal de l’eau ne trouva aucune présence de malice en elle. Elle reçut donc le contrôle du cristal dans son ensemble. Pour éviter des scandales, on déclara qu’il y avait eu deux invokateurs de l’eau et on prit un invokeur de figuration. Reallia accepta ce rôle et aidait même son « partenaire » en cachette. Elle finit par tomber amoureuse de Shogun. C’est elle qui se déclara devant les autres invokeurs. Shogun l’aimait également, ils étaient heureux, et pourtant cela jasait dans leur dos… jusqu’à ce jour.
« Mais alors, que s’est-il passé ? »
« La guerre. La guerre a empêché toute union. Aujourd’hui les choses ont changé… c’est la puissance de l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre qui a fait qu’eux seuls se souviennent de leur ancienne vie. Mais je dois avouer qu’il y a quelque chose qui cloche. Tu peux parler avec Haku et il t’obéit… tu as les yeux rouges comme moi et pourtant tu n’as aucun lien avec notre famille. Ton sang est différent du nôtre, normalement. En théorie, tu ne devrais même pas contrôler ta chimère. »
J’étais étonné de ces révélations. Je comprenais un peu mieux Shogun à présent. Mais ces derniers mots m’intriguaient. Il avait raison. Je suis le seul élément étranger au passé. Toutes les personnes ont un lien avec les invokeurs sauf moi.

À ce moment-là, une vive lumière apparut. Nous fûmes tous les deux éblouis. Il me fallut un moment pour que mes yeux s’habituent à cette clarté. Puis la lumière s’adoucit et je vis la moitié du cristal de l’eau, là juste devant mon visage. »

« Dès le départ, ton destin était hors du commun. Depuis la création des cristaux par les divinités Bahamut et Alexandre, la règle de l’équilibre était de vigueur. Jamais un invokeur n’a pu dominer un autre. »
« Mais et la règle des éléments alors ? Dans mon cas, l’eau n’est pas supérieure au feu ? » fis-je dubitatif
« Dans la nature certes, il y a cette loi, mais les cristaux sont égaux entre eux. Mais toi par tes sentiments tu as changé la donne. Aujourd’hui, c’est le cristal de l’eau qui guide les autres. Le fait que tu puisses commander à Haku est simple. Tu m’as convaincu avec tes actes que tu étais digne de mes pouvoirs. Haku qui, certes me représentait dans ma partie maléfique, l’avait pressenti. Mais moi je voulais une preuve. Et malgré les évènements que tu as subis, à aucun moment tu n’as cédé à la facilité. »

« Mais… que voulez-vous dire ? » fis-je en ne comprenant pas trop le sens des paroles du cristal. »
« Souviens-toi lors du combat avec Alucard. C’est l’amour pour tes amis qui a fait que tu as pu fusionner avec Haku. Aucun des autres invokeurs n’en est capable à l’heure actuelle.
Toutefois, ton pouvoir est incomplet. Il manque l’autre moitié, la partie pure qui se trouve en Reallia. Si jamais un jour tu te retrouvais avec moi unifié, tu seras en mesure de commander à l’eau sous tous ses états. Tu pourras commander à l’ensemble de l’eau sur cette planète, et alors là tu seras la plus grande menace pour Kether. »

« Les choses me paraissent un peu plus claires, mais que savez-vous de Kether ? »
« Il faut que tu saches que c’est Kether qui domine le monde aujourd’hui, et cela, depuis des siècles. Il a en lui le pouvoir du cristal ultime, celui de la lumière. À l’intérieur de celui-ci vivent les divinités Bahamut et Alexandre. Ce sont elles qui nous ont créés. »
« Mais alors, il les a conquis par la force ? »
« Non. Les divinités ont un mot d’ordre qu’elles suivent depuis toujours : l’équilibre. Kether a été accepté, car elles trouvaient qu’un équilibre avait été rompu. »
« Et cet équilibre, c’était nous, l’humanité ? » fis-je avec colère.

Le cristal ne rajouta rien.
« Répondez-moi ! »
« Oui. La guerre entre les dragons du ciel et de la terre était l’exemple parfait de l’avidité de l’homme. Nous n’étions plus des objets de respects, nous n’étions qu’une source de pouvoir qui devait être dans un camp. Et notre pouvoir devait être mis au service de l’homme pour son confort. Ne crois pas que la cité de Babélia est tombée uniquement par la force des chimères. Elle est tombée parce que des gens dans la cité souhaitaient devenir invokeur. Nous avions honte de ce que l’humain avait fait. Alors lorsque tout fut perdu, nous nous brisâmes de nous-mêmes et nous nous implantâmes dans les chimères. On modifia quelques souvenirs dans ces créatures. Le cristal de la terre inventa l’idée du sorcier qui domina le monde. Les hommes transformèrent la réalité. Ils virent dans les chimères des monstres les maltraitant. Mais en réalité, les chimères étaient devenues les arbitres de l’homme. Et sache une chose, cela fait 1000 ans que cette guerre est arrivée et depuis il n’y a eu aucun conflit armé. La planète vit en paix sans à être menacé par l’homme et sa technologie. Les chimères étaient jusqu’à aujourd’hui les arbitres des hommes. Tu n’as pas connu l'état de la planète avant la guerre. Des régions entières n’étaient plus viables tellement l’homme les avait saccagées. Des races animales et végétales avaient disparu par millier au nom d’une seule idée : le confort de l’homme. »

Je ne disais plus rien. Il est vrai que sous cet angle, l’homme a reçu sa juste punition.
« Mais… une chose. Nous existons, certains d'entre nous ont été vos serviteurs et ont été choisis pour leur droiture et ça depuis longtemps. Donc si ce système a existé depuis tout ce temps c’est qu’il y avait des hommes bons sur lesquels vous sentiez que vous pouviez compter. Et bien aujourd'hui, c’est pareil. Les cristaux seront amenés à Babelia, Kether sera vaincu et si je peux, je demanderai au cristal de la lumière de donner une seconde chance à l’humanité. »

« Et si vous nous trahissez ? » fit le cristal ? »
« Alors, c’est que nous ne valons plus la peine d’exister. Nous faisons parti de ce monde. Notre vie ne doit pas avoir plus de valeur. Une vie est une vie. La vie d’un oiseau est égale à la mienne. Seulement nous sommes la seule espèce qui est devenue indépendante vis-à-vis de la planète. Nous étions des enfants jusqu’à cette guerre. Et je vais parler peut-être simplement, mais nous avons été bien punis. La souffrance amène l’expérience et ne doit pas amener la haine. J’espère que nous aurons une deuxième chance. Et je vais te le prouver cristal. »

« Je tournai la tête vers Ashura.
« Ashura, tu as dit que tu te manifesterais à certaines occasions. Je veux que tu passes uniquement par moi. Mon âme sera ton accès à ta conscience. Si tu le juges, tu pourras intervenir. »
« Te rends-tu compte des ce que tu dis ? Par moi s’exprime ton inconscient, donc toute ta bestialité se canalise en moi. Si j’arrive dans ta conscience, tu tomberas à l’état d’une bête. »
« Oui. Je m’en rends compte. Et puisque je garderai toujours le contrôle de moi-même, tu n’auras jamais à intervenir. »

« Tu es courageux, mais sache une chose, l’âme humaine n’est pas infaillible. » fit le cristal

Tout à coup, tout devint à nouveau clair autour de moi. J’étais de retour dans ma partie consciente.

  Chapitre 17 sur 20  

Finie la paperasse, fini le protocole.A partir de maintenant, c'est moi qui décide., Garrus Vakarian, Mass Effect Thèmes
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