Chapitre 5

Il s’exécuta, et une fois sorti, il commença à tournoyer, d’abord doucement, puis de plus en plus vite. La vitesse me plaqua contre la peau de Haku, et j’avais du mal à tenir, il allait vite, très vite, et cela s’accélérait encore, la force de cette chimère ne semblait pas avoir de limite, quand tout à coup, je vis une colonne se former. Haku l’entretenait maintenant pour qu’elle ne disparaisse pas. Il savait ce qu’il devait faire, Shogun lui donnait toutes les indications moi, je me contentais de me cramponner. Tout à coup, un bruit sourd me parvint aux oreilles, je regardais du côté de la colonne, et une masse semblait s’élever. Un sentiment de joie m’envahit. Mada était entrain de sauver sa cité…
Tout à coup, j’avais du mal à respirer, il n’y avait plus d’air dans la chose que j'avais en bouche. Je commençais à paniquer, et sans réfléchir, je me levais, et je fus aspiré par le courant. Je n’arrivais même pas à résister, je fus projeté dans le tourbillon et par miracle je le traversais. J’atterris sur du corail qui m’arracha la peau. Je hurlais à la mort ma douleur, je saignais de partout. Avec difficulté je me relevais, et à mon bonheur, la cité n’était plus là. Une étrange odeur rendait ma respiration difficile. Quand, je me rendis compte que j’étais prisonnier. Je regardais avec effroi autour de moi. Impossible de sortir, le mur d’eau était là et une grande distance me séparait de la sortie.
Je me doutais de plus en plus que Haku ne pourrait pas tenir indéfiniment, et c’est le mur d’eau lui-même qui allait être mon bourreau. Je m’assis attendant ma mort.
« Haku…arrête de tourner, et va-t’en. Tu ne peux rien faire pour moi... »
« Pourquoi…pourquoi sauver quelque chose que tu ne connais pas, au risque de ta propre vie ? » fit Shogun
« Mada…et les siens…même s’ils n’étaient que des machines…ils avaient le droit de continuer à vivre…tout comme leur ville…nous sommes déjà si peu nombreux, nous les hommes, je me suis dit, que si un jour, les chimères sont battus, que nous restera-t-il pour construire l’avenir ? J’ai sauvé ce que j’ai pu sauvé…et je suis heureux de… »

Tout à coup, j’entendis une voix. Je commençais à regarder autour de moi.
« Qu… » je levais la tête et je n’en croyais pas mes yeux.
« OHE !!! ETO !!! ACCROCHE TOI !!! ON ARRIVE !!! »
C’était Anandes et Gotard sur le dos de Valefor. Celui-ci plongeait vers moi.
« Eto !! LEVE LES BRAS !!! » fit Anandes

Sans réfléchir, je lui obéis.
Je sentis quelque chose m’attraper, et je vis mon corps s’élever. Tout à coup, le trou commença à s’effondrer par le dessous. L’eau nous rattrapait à une vitesse incroyable.
« ANANDES !!!! ACCELEERREEE !!!!! »
Je levais la tête, et je vis Valefore se positionner. L’eau arrivait sur nous, quand tout à coup, Valefore déclencha une lumière de sa bouche qui partit dans l’eau. La réaction fut brutale nous fûmes projeté vers les hauteurs.
« AHHHHH !!!!!!!!!!! »
Nous étions sauvés. Le trou s’était refermé juste sous mes pieds projetant de l’eau sur nous. Mon cœur battait comme jamais.
« Ah…ah…ah….Ha, ha, ha , ha, ha OUAIS !!!!! ON A REUSSI !!!! »
Malgré la douleur, je ne pouvais qu’exprimer ma joie.
Je levais ma tête, et Anandes me regardait…je vis l’inquiétude dans ses yeux vis-à-vis de mes blessures, mais, c’était un fait, elle ne m’avait pas abandonné, et j’avais une dette envers elle. Je ne savais pas quoi dire, alors, je me contentais de sourire, et je crois…vu le regard de mon amie…que c’était la meilleure des réponses.

C’est d’ailleurs la dernière chose que je vis, le choc avait été lourd, et mes blessures étaient assez graves. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé ensuite, j’avais de vagues sensations mais tout restait très flou.
Et puis, tout à coup, je sentis que mes forces me revenaient, je me sentais enfin capable d’ouvrir les yeux. C’est alors que je réalisais que j’étais en fait dans ce qui semblait être de l’eau. Quelque chose avait été placé sur mon visage et semblait m’apporter de l’air. Pourtant, j’arrivais à voir et je m’apercevais qu’Anandes était dans la pièce, elle était assise et semblait dormir. C’est alors qu’un robot entra dans la pièce, il regarda quelque chose contre le mur, puis tourna son regard vers moi. Il me fit un signe de la main, et tout à coup, le liquide commença à descendre et à disparaître par un trou. La vitre se souleva, le robot enleva ce qui me servit pour respirer.
« Pouvez vous vous lever ? » fit-il.
« Oui... » En me levant, mon regard alla vers mon bras, et je constatais que toutes trace de blessures avaient disparu. J’étais stupéfait. Je réalisais également que j’étais nu, mais ni le robot, ni Anandes semblaient y prêter attention. Pas plus que moi d’ailleurs. Mais le robot, m’apporta de nouveau vêtements. Je les enfilais. Ils étaient à ma taille et assez confortables par rapport aux anciens, qui semble-t-il, n’avaient pas résisté aux coraux. Je portais à présent un pantalon bleu, mais encore plus sombre que celui de l’océan, on me donna un dessous blanc, et un par-dessus orange jaune. J’avais le droit aussi à de petits tissus qui se mettaient sur les poignets de couleur rouges.

« Eh bien, eh bien, te voilà propre et beau comme un sous neuf, la médecine de cette ville est vraiment très performante. Tu n’es resté inconscient que deux jours. » fit Anandes.

« Vraiment ? Voilà au moins une bonne nouvelle. Et…où sommes nous ? »
« Sur l’océan…voilà deux jours que nous naviguons le long des côtes, nous cherchons une plage où nous pourrions nous y arrêter. »
« Ah…d’accord. »

Ayant fini de l’écouter, je décidais de sortir de la pièce, puis, indéniablement, mon regard se tourna vers Anandes. Je la regardais longuement, je me souvins alors de la claque je lui avais mis, et maintenant que le danger était passé, je devais avoir une conversation avec elle.

« Je…je…Anandes, je tenais à m’excuser pour…enfin pour avoir osé te frapper. Encore une fois, je suis désolé… »
Je la regardais, bien que j’avais du mal à soutenir son regard.
« J’espérais bien, et puis, tu me dois maintenant quelque chose, je t’ai sauvé la vie, j’espère qu’un jour, tu en feras autant…maintenant, fais ce que tu veux, reste ici, vient avec nous, Gotard et moi on acceptera ton choix. »

Je ne savais pas comment prendre ce qu’elle me disait, mais elle était très mature dans sa réaction. Je m’attendais à ce qu’elle me déteste, qu’elle ne me parle plus, et pourtant… En guise de réponse je lui donnais un petit sourire. Puis, je décidais de ce que je voulais faire : M’instruire. Je me rendis auprès de Mada, il me conduisit dans la bibliothèque, et me laissa seul parmi tous ces livres.
« Cette ville contient un savoir immense, tu penses que tu arriveras à comprendre ce que tu liras ? » fit Shogun quelque peu inquiet
« Il n’y a pas à hésiter, je veux apprendre, et peut importe le temps que ça me prendra ! » fis-je résolu.

C’est ainsi que je me lançais dans la lecture d’innombrables ouvrages, je ne m’ennuyais pas, je dévorais un par un les ouvrages, j’en oubliais de manger, pourtant, tout paraissait clair dans ma tête, chaque connaissance s’imbriquait naturellement dans ma tête, il n’y avait rien dont je ne saisisse le sens. Et puis, lorsque j’étais fatigué, Shogun me remplaçait, et complétait ses connaissances à lui. De temps en temps, je levais la tête vers les fenêtres pour regarder la couleur du ciel, savoir si c’était le jour ou la nuit. Plusieurs fois, je vis l’être de lumière qui s’appelait aussi soleil se lever et se coucher. J’acquérais des connaissances en mathématiques en astronomie, en physique, j’appris également d’avantage sur le monde qui nous entourait. J’apprenais qu’il y avait cinq continents sur notre planète, et surtout je me documentais sur ce qui semblait être la destination finale de notre aventure : Babélia.

Puis, un beau jour, je fermais la page, et je décidais que cela suffisait. Je me considérais comme prêt.
Je me rendis alors sur la place centrale ou les robots avaient organisé une fête. Il y avait des décorations un peu partout, et tous avaient le sourire sur leur visage. Je ne regrettais pas d’avoir risqué ma vie pour tout ça.
C’est alors qu’on se rendit compte de ma présence. Tous les visages se tournèrent vers moi. Et tout à coup, un applaudissement se fit entendre, c’était Mada, puis les autres le suivirent. Je ne savais plus où me mettre.
« Je…enfin…je…c’est beaucoup trop. »
Mada s’approcha de moi.
« Et si vous nous faisiez profiter de votre talent pour la musique. Anandes nous a offert sa voix en guise d’amitié, et elle a loué vos qualités pour la musique…nous aimerions entendre ça. »
« Mais…vous avez de très bon musiciens et… »
J’arrêtais de parler, et je les regardais tous…
« C’est d’accord. »
« Je me rendis sur la scène, c’est alors que je me souvins du spectacle dans la ville d’Anandes…bien que cela y ressemblait, ici, c’était totalement différents. J’étais animé par d’autres convictions. J’avais acquis un grand savoir, mais, maintenant, je ne trouvais pas mon peuple si arriéré que ça, et je décidais de jouer une musique de mon peuple, celle qu’on utilisait pour les grandes occasions.
Je commençais à jouer, et je voulais y mettre tout mon cœur, je fermais les yeux et laissait mes doigts faire le travail. De nombreux frissons me parcoururent le corps, et tout à coup, l’image de l’Ancien apparut devant moi, j’avais une sensation bizarre au niveau du ventre, je crois que c’était de la nostalgie….la fête continua, on dansait, on riait, j’étais vraiment heureux.
Le lendemain, je me réveillais avec facilité, et je me rendis dans le bâtiment central.
Mada était déjà là.
« Bonjour Eto, vous avez bien dormi ? »
« Très bien…mada, cette nuit j’ai pris une décision, mes amis et moi allons continuer notre voyage aussitôt que vous aurez trouvé un coin pour nous débarquer. »
Dès lors que j’eu terminé ma phrase, il s’arrêta.
« v…vous allez partir ?? » fit-il.
« Oui…j’ai fait ce que je devais faire, et maintenant, je veux repartir avec mes amis, il reste encore des chimères et des invokeurs à battre et à voir. » fis-je en bougeant mes mains.
« Je vais être franche avec vous…je ne veux pas vous voir partir. » Me fit Mada en dirigeant son regard vers moi.
Sa réponse me surprit.
« Puis-je savoir pourquoi ? »
« Hier soir, vous avez donné et montré ce que nous attendions depuis bien longtemps : Une cohabitation entre les robots et les hommes. Si vous partez, nous redeviendrons inutiles, et comme cette île, nous dériverons sans but… »
« Je ne suis pas d’accord. Cette ville est un trésor, une relique de l’ancien monde, rien de ce qui est ici ne doit être oublié. Une perle de souvenir du savoir des hommes. Si jamais nous battons les chimères, que feront les hommes ? Privés de buts, ils répéteront sans doute les erreurs…vous et vos semblables devrez les guidés…vous savez mada, je rêve de plus en plus d’un monde meilleur, où finalement ce que nous trouvons dans cette cité serait rependu dans le monde entier… »
« Alors….je veux venir avec vous…votre idéal me plaît…j’ai envie d’être à vos côtés pour voir ce monde dont vous venez de parler…je vous en prie…acceptez. » fit-il en serrant son poing.
Sa requête me prenait par surprise…mais je vis dans son regard une grande détermination…je savais qu’il était inutile d’essayer de l’en dissuader.
Je lui tendais ma main en guise d’amitié.
« Alors…c’est d’accord….mada…mon ami. »
Il me serra ma main et me sourit.
« Merci….ami….à la vie… »
« A ma mort… » fis-je en complétant sa phrase.

Nous sortîmes et j’expliquais enfin la situation à mes amis, qui à ma grande satisfaction, ne montrèrent aucune réticence à la venue de Mada dans le groupe.
Il laissa les directives à suivre à ses semblables, et nous nous dirigeâmes vers la sortie de la ville, prêt pour une nouvelle phase, selon mada, nous avions atteint la « costa brava », c’est ainsi que les anciens avait appelé ce lieu…et que la prochaine ville qui nous attendait se nommait « Machapacha » qui signifiait la « ville du vent ».

« Eto…si c’est la ville du vent, alors, cela veut dire que peut-être nous allons rencontrer une chimère du vent…cela voudrait dire que le premier cristal serait entièrement libéré. »
« Je me demande quelles seront les conséquences de nos actes…nous n’avons encore rien lu sur des faits concernant l’utilisation total d’un cristal. » fit Gotard.
« En effet…mais c’est peut-être notre chance d’en apprendre un peu plus… » fis-je.

C’est sur ces mots que nous touchâmes terre.
Il y avait une petite plage, mais très vite de majestueuses montagnes se dressèrent au loin. Nous annonçant peut-être une série d’épreuves…
L’avancée vers les montagnes fut longue. En effet, bien que nous soyons quatre, les monstres étaient particulièrement coriaces, mais, en même temps, j’étais étonné, et mes amis également par l’étrange diversité des monstres que nous rencontrions. Les chimères étaient également d’une aide précieuse.
Gotard me fit une remarque assez intéressante.
« Eto, tu as remarqué qu’à chaque fois qu’un monstre était tué, celui-ci se décomposaient à une vitesse fulgurante, et que des petites lumières s’en échappaient. »
« Oui…mais, je dois dire que sur le coup, je ne m’était pas posé la question. J’ai lu dans un livre, qu’en fait, dans ce monde, tous les organismes vivants sont composés de chair, mais aussi d’une « âme » matérialisée par ces choses, lorsqu’un être vivant meure prématurément, donc pas d’une mort naturelle, l’âme se libère, détruisant le corps qui l’avait contenu…dans le cas contraire, lors d’une mort naturelle, l’âme se libère de façon indivisible, et trouve alors la paix…et ne revient jamais sur terre… »
« Ce qui veut dire que…ce que nous combattons depuis le début… » fit Anandes.

« Ce ne sont rien d’autres que des êtres vivants, morts prématurément, et re-matérialisés dans un autre corps…une sorte de réincarnation… »fit Mada.

Je vis le mouvement du coup d’Anandes, elle avalait difficilement.
« Ouais…finalement ce que je viens d’apprendre me fait plutôt froid dans le dos. » fit Anandes.
Le reste de notre marche se passa dans le silence, la discussion avait jeté un certain froid entre nous…je levais la tête vers les montagnes, je réalisais qu’il nous faudra bien plus qu’une journée pour les atteindre.
La nuit commençait tout doucement à tomber, heureusement, dans ces prairies, il ne faisait pas particulièrement froid. Pourtant, l’être de lumière était absolument magnifique, le ciel à ses contours devenait aussi rouge que le sang, le reste du ciel était plus ou moins d’un jaune ocre, et c’est vers les montagnes que le ciel restait ciel.
Grâce à Gotard, nous pûmes manger à notre fin, c’était vraiment un excellant chasseur, il avait des facultés vraiment extraordinaires, je l’admirais beaucoup, et je crois qu’il s’en rendait compte.
Tout le monde s’endormit, sauf moi qui étais de quart pour veiller sur le feu. Je me sentais particulièrement bien, et puis, le feu me distrayait, en le regardant, je me demandais presque s’il était vivant.
C’est alors que quelque chose sur mon épaule me fit sursauter, c’était Gotard.
« Pfiou, la prochaine fois, sois un peu moins brusque, tu m’as fait sursauter. » fis-je la main sur le cœur.
« Désolé…je n’arrive pas à trouver le sommeil, j’ai constamment l’esprit en éveil, mes sens me disent tellement de choses, j’aimerais beaucoup me défouler.
Je le regardais, le feu se réfléchissait dans ses yeux.
« Tu veux qu’on se batte, si cela peut t’aider. » fis-je en levant la main.
« Quoi ? Toi contre moi ? » fit-il en me dévisageant du regard.
« Bien sur ! » fis-je.
« Ok, mais ne vient pas te plaindre si tu te prends une raclé. » fit-il en se levant.
« ha, ha, ha, ne me sous-estime pas. Ma lance, contre tes poings. »
« Ca marche ! »
Nous nous levâmes, la déesse blanche était là, sa luminosité me suffisait.
On se mit dos à dos.
« Quatre pas ? » me fit-il.
« Comme tu voudras. » ma lance dans les mains.

On se séparait, nous fîmes nos quatre pas, le combat s’engagea.
Gotard se lança à l’attaque, mais, sa masse musculaire impressionnante le rendait plus lent que moi, j’arrivais à anticiper ses coups, mais il était néanmoins assez rapide pour m’empêcher d’attaquer.
« Pas mal…Eto… »
« Je te rends le compliment »
Il tenta de me frapper au menton, il me donna l’occasion que j'attendais.
Je basculais mon corps en arrière, puis, je me lançais sur lui en rasant le sol, je pu placer ma lance entre les jambes, et là j’effectuais un virage sur la droite ce qui le fit trébucher, mais dans sa chute il attrapa in extremis ma jambe. Sa force ma faisait mal, je voyais qu’il ne prenait pas de gants avec moi.
« Ha, ha, et maintenant la toupie. »
Il se releva, et commença à tournoyer, je ne pouvais rien faire, mon corps décolla du sol et je commençais à tourner, de plus en plus vite, lorsque tout à coup il me lança en l’air.
Je ne discernais pas le haut du bas, mais, je m’attendais à un coup, je me redressais, et je me rattrapais de justesse, mes jambes touchèrent le sol.
« Alors….je suis fort non ? » fit-il avec fierté.
« Oui…mais il n’y a pas que la force pur pour gagner, et je vais te le prouver.
Je me lançais sur lui, il se préparait à me contrer, quand je lançais ma lance devant lui, je pris appui dessus pour passer au dessus de lui.
Il fut surpris et ne pu se retourner, en rase motte, je fonçais dans ses jambes, et de toutes mes forces, je le fis décoller du sol, il fit une culbute et tomba à terre.
Il se retourna, et je l’attendais avec ma lance sur la gorge.
« Vraiment impressionnant Eto… »
« Merci Gotard, je ne voudrai pour rien au monde me mesurer à toi lorsque tu seras en colère…ta force comparée à la mienne est vraiment supérieure, je n’ai joué que sur la vitesse…invokeur de la terre… »
Je lui tendais la main, il la saisit en me souriant.
« Merci… »
Ce petit combat nous avait calmé, je retournais devant le feu, jusqu’à ce que Mada vienne me rejoindre.
« Je vous ai observé…je ne comprendrai jamais pourquoi les humains ont toujours besoin de se battre… »
« Peut-être que, lorsque nous nous battons, nous oublions nos soucis, avec Gotard, je ne pensais à rien d’autre qu’à me battre, le reste, je l’oubliais, et puis, cela détend, car tout ce qu’on a en nous se libère dans le combat… »
« N’y a-t-il rien d’autre comme moyen, pour évacuer…cela… » fit-il en me coupant.

Il me prenait de court, et je ne savais pas quoi répondre.
« Pour être franc…je ne sais pas…je ne connais pas quelque chose qui est meilleur que le combat…mais…tu m’as fait réfléchir Mada. Je t’en remercie. »
« Vraiment ? »
« Bien sur ! Mais tu sais, je suis vraiment content que nous soyons plusieurs pour avancer…je me sens plus à l’aise…et…j’espère qu’il y en aura d’autres...en plus des invokeurs. Comme toi, des compagnons sur lesquels on peut compter…une sorte de…famille. »

Mada me regardait.
« Je pense comprendre ce que tu veux dire, Eto…mais je ne suis qu’une machine, perfectionnée, mais je reste avant tout un conseillé, et jamais je ne serai aimé, d’amour, comme un être humain… »
« Ne dit pas ça, tu es déjà mon ami…et cela représente beaucoup pour moi… »
« Et moi ? Qu’est ce que je représente à tes yeux ? »

Je fus surpris. C’était Anandes qui s’était levée pour prendre sa garde.
« Mada, tu peux te débrancher ? » fis-je.
« Oui. Bien sur. »
« Alors ? Qu’est ce que je suis ? » fit-elle en s’asseyant.
« Je…tu es aussi mon amie. »
« Ah bon, vois-tu, je ne sais plus trop. Tu te souviens, lorsque tu m’avais montré ton carnet, je m’étais endormie dans tes bras, à ce moment là, j’avais ressenti une grande chaleur, même mon père ne m’en avait jamais donnée de comparable… »

Je sentais mon visage, il devenait aussi chaud que le feu.

« Pourtant, la baffe que tu m’as donné m’a blessé au cœur, car à ce moment là, j’ai vu quelque chose dans tes yeux, j’ai vu une colère que je ne connaissais pas. Lorsque tu m’as giflée, j’ai cru que tu étais quelqu’un d’autre…et pourtant…je…j’ai eu des remords…et je t’ai sauvé… »

Sa voix tremblait, je sentais qu’elle était au bord des larmes. Je comprenais à présent que mon amie avait plusieurs visages. Et celui qu’elle me montrait m’était vraiment inconnu, et je ne savais pas trop comment réagir.

« Eto…pourquoi tu ne dis rien ? »

« Je…Anandes, je vois bien que mon geste t’a profondément marqué, mais n’imagine pas que je te déteste, c’était…ah…peux tu seulement me comprendre. »

« J’aimerai…. »me fit-elle en se levant et en s’asseyant à côté de moi. »

« Imagine, que…si j’avais été un humain qui vienne d’une cité dont la technologie aurait été supérieure à ta ville, qu’est ce que tu aurais pensé de moi ? »

« Je ne sais pas…car cela ne s’est jamais présenté. »

« Bon…autant que tu le saches, au début, j’ai été admiratif devant vos villes, vos savoirs, et puis, de plus en plus, cette admiration s’est transformée en honte, je sentais que ce que je savais était inutile, j’avais l’impression de m’effacer, de ne servir à rien. »

Elle leva son regard vers moi, et moi, je détournais le mien vers le feu.

« Est-ce là…ce que tu as ressentit…à mes côtés…au côté de Gotard et de Mada ? »

« Oui…c’est pour cela que j’ai tout risqué pour sauver cette ville, et ainsi m’instruire. Je ne voulais pas paraître comme un ignorant à vos yeux…alors, j’ai sauvé cette ville pour m’instruire, et ne pas vous décevoir. »

« Eto…je n’aurai jamais soupçonné ça de toi, tu es ce que tu es ! Jamais je ne me permettrai, pas plus que Gotard ou Mada de te critiquer, comment veux-tu que je t’en veuille ? On a tous notre histoire et c’est ce qui fait de nous ce que nous sommes. Et toi, tu as voulu t’effacer, tu as voulu oublier ce que tu étais ?! Tu me déçois beaucoup ! Si je t’ai suivis, c’est à cause de ta simplicité. Ton discours, dans ma ville m’avait touchée, car tu étais si différent, tu étais proche de la nature, proche de ton peuple par ta façon de parler, tu étais un représentant d’un peuple qui avait lui aussi, son histoire. Mais maintenant, tu le discrédites, le savoir que tu as acquis était plus par obligation, tu t’es enfermé toi-même dans ces préjugés, alors qu’il suffisait de nous parler. Je me doutais que quelque chose te tourmentait, mais je ne pensais pas que tu nous envies à ce point. Va te coucher, et j’espère que la nuit te résonnera mieux que moi. »

Je me levais sans rien ajouter. Mais je n’allais pas me coucher, j’avançais tout droit devant moi, je m’éloignais du camp. Et je tombais à genoux, et là, je ne pu m’empêcher de pleurer. Je hurlais de honte. Anandes, avait posé devant moi une vérité que j’avais tenté de fuir. Je m’étais moi-même persuadé, et il a suffit qu’Anandes me gueule dessus pour que mes convictions tombent.
« ANCIEN !!! PARDON….je…JE SUIS DESOLE !!! JE VOUS AI TRAHIS…TOUS…JE VOUS AI DISCREDITES…TON SAVOIR…ANCIEN…JE…AHHHHHHHH !!!! PARDONNE MOI !!!!!! »

Je fondais en larme, quand je sentis une main sur mon épaule. Je levais ma tête. C’était Anandes.
« Hé…bravo…tu as un dont pour le dramatique…tu as dit ce que je voulais entendre…et je pense que même s’ils sont loin, ils ne t’oublient pas…mais je t’en prie…ne fait plus ça. »

Sa phrase se terminait par un petit rire, ce qui augmentait encore la honte en moi. Elle était si adulte par rapport à moi....je réalisais combien je manquais d’expérience. Mais d’un autre côté, j’étais heureux qu’elle soit là pour m’aider.
Je levais à présent la tête, et même dans la nuit, je vis son sourire.
« Encore pardon…anandes. »

Elle me tendit la main, je la pris.
Je retournais devant le feu, je m’assis, et j’écrivis, ce que je venais de faire. Anandes me regardait, et tout à coup, Shogun, qui n’avait rien dit me glissa une phrase qui fut très reposante.
« Cette fille est une perle, au milieu de cette océan de réalité…tu as beaucoup de chance, mon ami. »
Avec cette phrase, je levais ma tête, et nos regards se croisèrent.
« Qu’est ce qu’il y a ? » me fit-elle.
« Shogun m’a parlé, et il a dit que tu étais une perle, au milieu de cette réalité. »

Elle me sourit.
Je n’en revenais pas, cette fille était vraiment incroyable. En seulement quelques semaines, nous nous étions rapprochés, la dispute m’avait ouvert beaucoup l’esprit. Et il était maintenant clair pour moi que je ne devais pas abandonner les croyances de mon peuple. Mais à présent, j’avais également un savoir en moi, que je ne pouvais oublier. Je réalisais à présent que le savoir était vraiment un don précieux. Il m’avait ouvert une porte que je croyais fermée pour toujours. Je vois à présent le monde différemment. Et je réalise, que mon peuple aurait pu se libérer bien plus tôt, si nous étions entré en contact avec le peuple d’Anandes. Un jour, je rentrerai dans mon village, et je chargerai des gens, comme la fille du chef d’instruire les nouvelles générations.
Mon peuple ne doit pas disparaître, bien que primitifs aujourd’hui, nous sommes les descendants d’un peuple des dragons du ciel. Telle est la réalité.

C’est avec soin que je notais la moindre de mes pensés sur ce carnet qui finalement : représentait mon existence, et à travers elle, l’existence de mon peuple.
Je fermais mon carnet et je partais chercher de quoi alimenter le feu.

En revenant, je m’assis au côté d’Anandes.
« Tu sais, avec la dette que je te dois, j’ai finalement trouvé une image de ta personne. »
« Ah ? Et quelle est-elle ? »
« Un pilier, vous tous, et plus toi particulièrement, vous êtes des piliers. Vous me soutenez : sans vous, je n’aurai jamais eu le courage d’arriver jusqu’ici. Sans toi, je serai mort empoissonnée. Sans Gotard j’aurai perdu la vie à cause de Titan. Sans Mada, je n’aurai jamais osé risquer ma vie pour une ville….je vois doit beaucoup, et j’espère qu’au court de cette aventure, je trouverai le moyen de payer ma dette. »

« Eto, il y a des moments, il faut arrêter de réfléchir…mais tu sais, j’ai réalisé qu'en t’engueulant, que, je sais beaucoup de toi. De plus , je sais comment tu penses, je sais ce qui se cache dans les tréfonds de ton âme, ton autre toi. Et pourtant, toi, que sais-tu de moi ? La seule chose que tu sais, c’est que je suis une femme, venant d’une ville souterraine, ayant un père du nom de Thor, que notre peuple a toujours vécu en autarcie jusqu’à ta venue. Mais, de ma personne, tu ignores beaucoup de choses. Ce soir, je vais te révéler quelque chose :
Ma mère, se nommait Shina, et elle est morte lorsque j’étais petite. Toutes les deux avions la même maladie : nos os étaient moins denses, moins résistants. Ils cassaient facilement. La moindre chute pouvait, être mortelle pour nous. Pourtant, ça ne m’empêchait pas de jouer, mais toujours mon père était derrière moi, à me dire.
« Anandes, fait attention. »
J’avais l’impression d’être un être différent de mon peuple. A cause de cela, j’étais souvent seule. Et puis un jour, ce qui devait arriver, arriva. Je fis une chute dans un escalier. Mon corps entier fut brisé. Selon les médecins de ma ville, j’étais condamné à une vie sur un lit. Les blessures étaient très graves. Et comme j’étais petite, enfin, j’étais plus fragile. Plus de 300 fractures. Je ne pouvais plus bouger. Là, pendant des jours, je restais seule, personne ne venait me voir hormis mon père. Je réalisais combien j’étais seule, je ne désirais plus vivre. Alors, j’ai tenté de mourir. Chaque jour, on me piquait pour atténuer la douleur, et bien sur, personne ne pensait qu’une petite fille pourrait utiliser les seringues. Pourtant, le docteur avait toujours piqué au même endroit, alors, je savais quoi faire…. »

Je sentais qu’elle avait de plus en plus de mal à parler.
« Tu sais…tu n’es pas.. » fis-je en lui mettant une main sur l’épaule.
« Si…laisse moi continuer : Mais mon père intervint, empêchant de me tuer. Il était là, devant moi, en larme, disant : « ne me laisse pas seul, même entouré, je serai seul pour la vie. » Cette phrase m’avait touché et elle résonne encore dans ma tête aujourd’hui. Ainsi, mon père prit une décision : Me sauver. Il utilisa toute la science de la ville. Il remua tous les savants pour moi. Et un beau jour, un scientifique trouva une solution. Il avait élaboré une substance qui avait pour conséquence de faire de mes os, une armure encore plus dure que tout. Cela faisait de moi, une future mutante.
Mon père me posa le choix, et malgré ce fait, j’acceptais. L’expérience avait réussit. La science avait vaincu ma maladie. Je pouvais tout faire. Je réalisais, que à huit ans, je n’avais le risque de mourir hormis celui d’une mort naturelle. Mon père ordonna le silence absolu sur cette affaire, je restais un an dans mes appartements sans sortir, pour marqué une crédibilité dans mon rétablissement. Avec les années, je devais jouer la comédie. Je chutais, je devais faire croire à une fracture. Le lendemain, je portais un plâtre. Et cela jusqu’à ton arrivé, Eto. »

Je ne savais plus quoi dire, si ce n’est lui donner un sourire.
« J’ai quitté ma ville à tes côtés, car en plus de découvrir le monde, je pouvais enfin vivre, sans besoin de me cacher derrière des mascarades. Tu te rends compte, pour ne plus être seule, je devais jouer une comédie, car si on avait révélé les raisons de mon rétablissement, les gens de la ville m’auraient vu comme une chose née d’une expérience. »
« Mais, ne pouvait-il pas comprendre que tu avais besoin de cette opération ? »
« Non. Dans mon peuple nous avions une tradition tenace : Nous pouvions opérer un homme, le sauver, mais jamais, nous devions le transformer. Le corps devait correspondre à un corps normal. Moi, j’étais devenu autre chose qu’un être humain. Quelque chose de plus performant, qui aurait pu les dominer si je l’avais voulu. Mon père fit même brûler les notes qui avait aidé à la création de la substance qui m’avait sauvé. Un véritable cercle vicieux. Et toi…d’une façon ou d’une autre tu m’as sortit de cette prison. Voilà, un de mes secrets. »

Je la regardais.
« Anandes, pour moi, tu es une femme, et même si tu es plus résistante que moi, Mada ou Gotard, cela ne change rien à notre amitié. Ne croit pas que je vais te voir différemment. Je sais ce que c’est d’être considéré comme une chose à part, un être différent, et je te raconterai une autre fois, mon histoire. »

Elle ne répondit rien, mais son regard en disait gros sur ce qu’elle pensait.

  Chapitre 5 sur 20  

Le respect qui t'es du...Tiens le voila connard., Commandant Shepard, Mass Effect Thèmes
© 2000-2024 Toute reproduction interdite sans autorisation - Termes d'utilisation - Ikoula - Haut de la page
Partenariats : Puissance Zelda | Final Fantasy Ring | Régie pub