Inazuma Eleven | |||||
C'est avec deux années et demi de retard sur nos amis nippons que nous découvrons Inazuma Eleven, un improbable mélange entre jeu de foot et RPG concocté par Level-5 et édité en France par Nintendo. Le synopsis : Inazuma Eleven nous propose d'incarner le jeune Mark Evans (Mamoru Endô dans la version originale), le capitaine (et gardien de but) de l'équipe de football du collège de Raimon, l'une des équipes les plus faibles qui soient. Olive et Mark Inazuma Eleven, comme vous l'aurez sans doute déjà compris, reprend bon nombre d'ingrédients bien connus des amateurs de shōnen (manga pour garçons) et de dessins animés des années1980. Il est d'ailleurs bien difficile de ne pas faire un parallèle entre ce titre est un certain Captain Tsubasa (Olive et Tom) tant Inazuma Eleven semble s'inspirer de ce dernier. On retrouve en effet la même thématique (le football), des personnages aux ambitions comparables (des héros qui ne vivent que pour le football et qui n'hésitent jamais à se surpasser en mettant en avant l'esprit d'équipe/ des antihéros qui ne recherchent que la victoire, et ce, quels que soient les moyens à employer) et un même goût pour le spectacle avec une avalanche de techniques spéciales. Le scénario d'Inazuma Eleven devrait donc plaire aux plus jeunes, qui parviendront très certainement à s'identifier aux héros, mais aussi à des joueurs plus expérimentés à la recherche d'une expérience simple et qui leur rappellera très certainement les dessins animés de leur enfance. Des éléments de roleplay classiques : Inazuma Eleven est découpé en plusieurs chapitres ; de manière générale, un chapitre se conclut une fois un adversaire clé vaincu lors d'un match de football à 11 contre 11. Mais pour ce faire, vous devrez réaliser au préalable diverses petites missions (se rendre dans un lieu précis, partir à la recherche de tel ou tel personnage, participer à un entraînement...) . Rien de bien compliqué d'ailleurs puisque l'on vous orientera de manière très claire vers votre prochain objectif. Les plus étourdis seront toutefois ravis d'apprendre que l'intitulé de la mission en cours restera affiché sur l'écran supérieur de la DS lors des phases d'exploration. Une carte de l'endroit où vous vous trouvez sera également disponible sur ce dernier. Celle-ci indique clairement où se situent les personnages et les entrées des lieux et nous montre le plus souvent à l'aide d'une flèche où se situe précisément notre objectif. Une fois votre « quête » accomplie, vous assisterez le plus souvent à des scénettes permettant de faire avancer le scénario voire à de véritables cinématiques lors de certains événements importants. Malgré ce dirigisme apparent, Inazuma Eleven laisse néanmoins la part belle à la découverte. Vous pourrez donc vous déplacer librement dans plusieurs lieux (que vous débloquerez au fur et à mesure) entourant le collège de Raimon (lui-même intégrant diverses zones) , parler à bon nombre de PNJ (que vous pourrez parfois recruter dans votre équipe) et découvrirez même des coffres. Ces derniers renferment le plus souvent des items de soins, mais permettent également d'obtenir de nouvelles techniques pour nos footballeurs, de l'équipement (ce dernier est sommaire, mais a le mérite d'exister) ou de nouvelles formations (schémas de jeux). Ces phases d'exploration sont entrecoupées de « défis » qui sont l'équivalent des combats aléatoires dans des RPG classiques. Ces épreuves, devant être accomplies dans un laps de temps limité, opposent quatre joueurs de notre club à quatre autres joueurs issus de différents clubs de Raimon. Ainsi, il ne faudra pas être surpris si l'on vous demande d'affronter les membres du club de sumo, ceux du club de baseball ou encore ceux du club de journalisme ! Ces adversaires voudront d'ailleurs systématiquement vous prouver qu'ils sont meilleurs que vous dans votre domaine de prédilection : le football ! À vous donc de les vaincre en venant à bout d'un objectif footballistique particulier (mettre un but en premier, intercepter le ballon, conserver le ballon ou protéger son but) . Ces petites épreuves ont de multiples intérêts : elles permettent d'obtenir des points d'expérience pour nos footballeurs, des points de motivation (monnaie du jeu) mais également des points d'amitié (nécessaires pour obtenir de nouveaux joueurs) voire même des items. Il conviendra donc de participer régulièrement à des défis pour faire progresser son équipe. On regrettera pourtant une chose : ces phases de jeu sont un peu répétitives, faute à un manque de variété et de challenge certain. En effet, les défis les plus récurrents sont ceux où il faut marquer un but en premier et avec un peu de pratique, on en vient à bout en une fraction de seconde ce qui nuit au plaisir de jeu. Quant aux véritables matchs de football, à 11 contre 11, ils jouent le rôle de « combat de boss » et permettent de profiter pleinement du gameplay du jeu. Il est d'ailleurs temps de parler plus concrètement de ce dernier. Un gameplay simple et addictif C'est au niveau de son système de jeu qu'Inazuma Eleven se distingue des RPG plus classiques. Le match a alors lieu en vue aérienne sur l'écran inférieur de la DS et l'écran supérieur sert à afficher le temps restant et le score de la partie. Le système employé est relativement simple. Il suffit de pointer le stylet sur un joueur et de tracer un trait pour que notre sportif se rende dans la direction souhaitée. De même, il suffit, lorsqu'on a le ballon, de pointer au stylet un autre joueur ou une direction pour effectuer une passe/ une passe en profondeur ou encore un tir. On retrouve également les éléments de tout bon jeu de foot qui se respecte : passes, tirs, touches, corners, pénalties, fautes, hors-jeu... Mais Inazuma Eleven ne serait pas ce qu'il est sans un atout de poids : ses coups spéciaux. En effet, contrairement à un jeu de football classique, lorsque le possesseur du ballon entre en contact avec un adversaire ou tire, le cours du temps se fige et on a alors affaire à une nouvelle interface, celle de la confrontation. Vous pourrez alors choisir entre plusieurs actions « basiques » en fonction de la situation (dribbler, tacler, feinter, tirer, arrêter le ballon) ou utiliser une technique spéciale. Ces dernières permettent d'employer des coups surréalistes. Par exemple, vous pourrez utiliser un super tir comme le Choc du Dragon, subtiliser le ballon à l'ennemi de manière fourbe en remplaçant son ballon par une pastèque, ou encore déplacer la cage de but au moment ou l'adversaire tire ! Il faudra néanmoins que votre joueur ait l'avantage pour que votre action réussisse. Différents paramètres régissent ce système (placement du joueur et de ses équipiers, statistiques de votre personnage, affinités élémentaires) . Hé oui, vous avez bien lu ! Nos joueurs seront affiliés à un élément en particulier (feu, air, terre et bois) et chacun des éléments dispose d'un avantage sur un autre. Ce système sympathique reste finalement plutôt anecdotique ce qui décevra sans doute certains joueurs, mais rassurera tous ceux qui ne veulent pas trop se prendre la tête. Une fois tous ces paramètres pris en compte, vous réussirez votre action ou la manquerez. Dans le premier cas, le(s) adversaire(s) « vaincu(s) » lors de la confrontation seront alors temporairement immobilisés et vous pourrez continuer à avancer. Dans le second cas, votre/vos personnage(s) sera/seront momentanément bloqué(s). Faites attention toutefois à utiliser vos coups spéciaux avec parcimonie puisqu'ils consommeront une partie de votre jauge de PT (points de technique). Sans PT, un joueur peut se montrer inutile à un stade avancé du jeu. De même, à chaque fois que votre joueur entreprendra une action « classique », il verra sa jauge de PE (points d'énergie) diminuer. Un joueur privé de PE étant particulièrement lent, il conviendra alors de le faire sortir (en se servant de l'option temps mort symbolisée à l'écran par une petite main) et d'utiliser un remplaçant pour éviter d'être handicapé puisqu'il n'est pas possible d'utiliser des objets de soin lors des matchs. Il faudra donc bien veiller à « soigner » vos joueurs avant de participer à une rencontre en utilisant des items ou des zones de repos, des endroits spécifiques qui permettent (en dépensant quelques points de motivation) de retrouver une santé optimale. Enfin, il reste à évoquer une dernière petite subtilité : la frénésie. Une fois par match, vous pourrez utiliser cet état temporaire pour que votre équipe bénéficie d'un bonus (augmentation du taux de réussite des tirs et des confrontations, gain de puissance pour les techniques spéciales) . Une bonne gestion de cet avantage peut parfois faire la différence. Le système de jeu d'Inazuma Eleven est donc simple et relativement accessible. Il ne faut qu'une poignée de matchs pour le maîtriser ce qui permet de s'amuser quasi immédiatement. Le jeu se montre alors fun, addictif et terriblement divertissant. Les amateurs de football ne doivent néanmoins pas s'attendre à une simulation poussée et très stratégique (même si on peut élaborer différents schémas tactiques) car ils seraient déçus. En effet, Inazuma Eleven n'a pas pour but d'être une simulation réaliste, le plaisir de jeu résidant principalement dans le côté décalé du soft et son avalanche de coups spéciaux. Recrutez-les tous ! Vous pourrez obtenir de nouveaux joueurs tout au long de l'aventure et accumuler un total de 100 personnages dans votre club. Les possibilités seront très nombreuses puisque le jeu dispose de plus de 1000 joueurs que vous pourrez recruter de différentes manières. Ainsi, vous pourrez augmenter votre effectif automatiquement grâce au scénario, mais également en contactant (à l'aide d'un intermédiaire et de filtres de recherche) des collégiens de Raimon ou encore en effectuant des transferts de joueurs issus d'équipes que vous aurez déjà vaincues. Vous pourrez également débloquer de nouveaux joueurs grâce à la « chaîne des relations », un système se débloquant au fur et à mesure du jeu et permettant d'obtenir des joueurs de plus en plus puissants. Enfin, on notera que des joueurs inédits seront régulièrement proposés via la connexion Wi-Fi Nintendo. Voilà une petite fonctionnalité bienvenue qui n'est pas sans rappeler la VPC de Dragon Quest IX, un RPG également développé par Level-5. Dans la majorité des cas, il faudra débourser un certain nombre de points d'amitié pour tenter de recruter un nouveau joueur et bien souvent battre ce dernier lors d'un défi pour le convaincre de nous rejoindre définitivement. Ce système se rapproche donc au final de celui de Pokémon dans la mesure où l'on vous invite à collecter/répertorier l'ensemble des joueurs et même à échanger vos footballeurs contre ceux de vos amis. Les similitudes ne s'arrêtent pas là puisque l'apprentissage des techniques de nos héros se plie au même type de règles. Ainsi, vos joueurs pourront apprendre jusqu'à quatre techniques « naturellement » en prenant des niveaux et pourront apprendre deux techniques supplémentaires « artificiellement » grâce à des manuscrits (équivalent des Capsules Techniques de Pokémon) que vous trouverez dans des boutiques ou à l'intérieur de coffres. De même, si vous souhaitez pleinement profiter du jeu, vous passerez du temps à entraîner vos joueurs. Vos statistiques augmenteront automatiquement à chaque gain de niveau, mais vous pourrez influer directement sur certaines d'entre elles (frappe, vitesse...) en effectuant des exercices spécifiques « payants » ou en venant à bout d'épreuves spéciales. Les acharnés auront donc matière à s'occuper, même s'il faut bien l'avouer, on peut avoir rapidement tendance à se concentrer simplement sur l'évolution des 16 joueurs principaux de l'équipe sans prêter une attention particulière à nos réservistes. On relèvera d'ailleurs au passage une excellente idée : tous les membres du club – que vous les fassiez jouer ou non – gagnent automatiquement de l'expérience. Ainsi, si vous remportez 500 points d'expérience à la fin d'une rencontre, chacun des membres du club en bénéficiera. Une réalisation aux petits oignons : Inazuma Eleven, rappelons-le, est un titre sorti en 2008 au Japon. Alors que l'on pourrait donc s'attendre à une réalisation plutôt vieillissante, il n'en est rien puisque le titre de Level-5 s'en tire avec les honneurs. Ce constat n'est finalement pas tellement étonnant lorsque l'on sait que cette version européenne a bénéficié de diverses optimisations présentes dans les derniers volets nippons de la saga. Nous retrouvons donc des environnements bien détaillés et des sprites de personnages en 2D fort réussis. De même, les coups spéciaux en 3D profitent pleinement des capacités de la console et mettent parfaitement dans l'ambiance. Il faut de plus compter sur des séquences animées de bonne qualité et parfaitement représentatives du savoir-faire de Level-5 dans le domaine. Inazuma Eleven est un titre soigné. On peut donc retrouver divers petits détails qui vont dans ce sens : générique du jeu (basé sur celui de l'animé) chanté en français, traduction française intégrale de bonne facture (même si les noms des protagonistes ont été occidentalisés) , présence de voix digitalisées, animations de célébrations des buts...) . L'ambiance musicale n'est pas non plus en reste et joue son rôle à la lettre. On retrouve ainsi des pistes d'excellente facture collant bien aux situations rencontrées. Si tout n'est pas forcément mémorable, on est tout de même obligé de constater que Yasunori Mitsuda a rendu une copie propre et efficace. Enfin, on notera que l'interface du jeu est claire que la maniabilité au stylet (et à la croix directionnelle lors des phases d'exploration) est particulièrement réussie. Ce dernier est en effet utilisé de manière efficace et intelligente. Un bon point. Un titre trop facile à la durée de vie potentiellement longue : Le principal défaut d'Inazuma Eleven tient à sa trop grande facilité. Il est en effet possible de venir à bout du jeu sans rencontrer de réelles difficultés et l'ensemble peut ainsi devenir très vite répétitif. Il faudra donc très certainement se tourner vers le mode multijoueur (que nous n'avons malheureusement pas pu tester) et des adversaires humains pour relancer l'intérêt du titre, une fois votre partie terminée. Ce dernier est malheureusement jouable – jusqu'à quatre joueurs – uniquement en local ; il faudra donc dégoter des amis dans votre entourage (disposant d'une DS et d'un exemplaire du jeu) pour en profiter. Si vous y parvenez, vous pourrez alors vous affronter, coopérer et même échanger vos joueurs et faire étalage de votre dextérité et de vos coups spéciaux pour épater la galerie ! Du point de vue de la durée de vie, sachez simplement qu'il vous faudra entre 20 et 30 heures pour venir à bout du mode solo. Il est bien évidemment possible de multiplier ce temps de jeu en levelant, recherchant tous les personnages ou en affrontant à nouveau des adversaires déjà rencontrés. Vous pourrez même débloquer de nouvelles équipes en ayant terminé le jeu au moins une fois. La durée de vie de ce titre est donc au final particulièrement honnête.
Note attribuée : 16/20
|