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Crimson Shroud

Fiche complète de ce jeu

« De nos jours, jouer à un RPG prend beaucoup de temps, même sur une console portable. De tels jeux sont certes divertissants, mais je voulais créer un jeu pour un public adulte qui ne soit pas autant chronophage. Détendez-vous et savourez ce jeu comme vous savoureriez une histoire courte. »

Ainsi s’exprime le papa de Crimson Shroud, Yasumi Matsuno, l’un des créateurs les plus intéressants de sa génération. À l’origine de l’un des univers les plus travaillés du jeu vidéo (« Ivalice »), et connu pour son travail sur Ogre Battle, Tactics Ogre, Final Fantasy Tactics, Vagrant Story ou encore Final Fantasy XII, Matsuno produit peu, mais bien. Ainsi, chaque nouveau projet suscite un engouement particulier, y compris lorsqu’il s’agit d’un « petit » jeu ; c’est le cas de Crimson Shroud, vendu au Japon au sein de la compilation « Guild 01 » comprenant trois autres jeux (Kaiho Shojo, Rental Bukiya de Omasse et Air Porter). En Europe, le titre est disponible seul, uniquement en téléchargement sur l’eShop.

À l’aune de ces informations, que ressort-il vraiment de ce jeu ? Matsuno a-il atteint son objectif ?

Une aventure dont vous êtes le héros

Vivant il y a bien longtemps de cela dans un monde où la magie a disparu, Giauque est ce qu’on appelle un « Chaser », un aventurier qui fait payer ses services à ceux qui le demandent. Accompagné par Lippi et Frea, deux amis, il pénètre dans des ruines mystérieuses à la recherche d’une relique mystique : le « Crimson Shroud ». Mais, dans l’ombre du palais se cache de nombreux secrets sur la magie, et tous les dangers ainsi que de nombreuses surprises attendent nos héros ...

Unité de lieu, unité de temps, unité d’action : malgré quelques flash-backs, l’histoire se déroule dans un lieu unique, dans une progression linéaire, et se structure en plusieurs chapitres. L’univers est en revanche relativement restreint, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un « petit » jeu, qui ne perd pas son temps à présenter ses personnages plus qu’il ne faut. On contrôle d’ailleurs la même équipe de trois héros du début à la fin de Crimson Shroud.

Plutôt habitué à nous proposer de gigantesques univers, la « patte » Matsuno se ressent pourtant dès les premiers instants. Ainsi, l’une des premières qualités du titre de Level-5 est son scénario et sa narration très travaillés, nous replongeant bien des années auparavant, dans l’univers des « Livres dont vous êtes le héros ». Feuilles, crayon et dés à la main, certains joueurs se souviennent encore des nombreuses heures passées à vivre des aventures magiques et inoubliables. Dans Crimson Shroud, nous avons un véritable livre - illustré - devant nos yeux, Matsuno choisissant donc délibérément une représentation des personnages (et des monstres) sous forme de pions. À l’instar de ce qu’on pouvait reproduire sur sa table, les scènes se présentent donc sous forme statique : le texte décrit les actions, les dialogues et même vos pensées. Des choix sont également possibles à certains moments.

Le résultat visuel est étrange à la première impression, mais l’univers global l’emporte vite, si bien qu’on accepte cette originalité rapidement, d’autant qu’elle est pleinement justifiée par ce « retour aux sources ». Quoi qu’il en soit, cela n’empêche pas, bien au contraire, de ressentir l’atmosphère glauque et oppressante des ruines de Rahab. Car il faut bien dire que le design général et la direction artistique du titre sont très léchés (la réalisation peut-être un peu moins). Il conviendra d’ailleurs, pour en profiter, de désactiver la 3D auto-stéréoscopique, sauf si on tient à attraper un mal de crâne au bout de 5 minutes de jeu. À mettre au crédit de l’atmosphère, la bande-son, signée bien entendu Hitoshi Sakimoto. Comme toujours, les fans seront aux anges, les détracteurs moins, mais on pourra reconnaître à cette OST de coller à l’action, de savoir se faire discrète voire absente quand il le faut, mais surtout d’être très variée : presque 30 pistes pour un soft aussi court, c’est du rarement entendu !

Textes, menus et combats

Comme dans la plupart des jeux de Matsuno, c’est avec cette trinité qu’on aura à faire tout au long du jeu : textes, menus et combats. Les textes sont donc nombreux, mais toujours intéressants. Ceci étant, il vaudra mieux disposer d’un bon niveau d’anglais, car les phrases et le vocabulaire sont parfois assez recherchés, avec des tournures de phrases peu courantes. Il est à cet égard dommage que le jeu ne dispose pas d’une traduction dans notre langue, car tout le monde ne pourra pas profiter de l’ensemble des subtilités du scénario. Mais ne faisons pas la fine bouche : on a longtemps cru que Crimson Shroud ne passerait pas les frontières japonaises …

À tout moment, y compris pendant la narration, il est possible d’ouvrir le menu. Passage obligé, c’est ici qu’il faudra passer de nombreuses heures à régler avec soin l’équipement de ses héros, sous peine de grosses déconvenues. Malgré une certaine lourdeur initiale et son austérité, on apprend à l’utiliser avec efficacité. D’ailleurs, on pourrait aussi bien considérer les déplacements de nos héros, via des « cases », comme faisant partie du menu.

Avec une exploration ainsi réduite à sa plus simple expression, ce sont donc les combats qui occupent la majeure partie du temps de jeu. Non pas qu’ils soient nombreux, ni aléatoires, mais plutôt longs et tactiques. Crimson Shroud a par ailleurs la bonne idée de proposer plusieurs « types » de combats : surprise (à votre avantage), embuscade (à votre désavantage), à distance (attaques de type mêlée réduites), brouillard de guerre (portée des attaques à distance réduite) ...

De l’importance des équipements

Crimson Shroud possède en outre un gameplay bien à lui, qui fait à vrai dire tout son charme. L’idée majeure du soft est de ne pas intégrer de niveaux à ses personnages, uniquement des statistiques (de très nombreuses statistiques !). Au diable aussi un système complexe reposant sur des points d’expérience glanés après chaque affrontement, visant à améliorer les statistiques ou les compétences des personnages. Non, ici tout repose exclusivement sur l’équipement. Même si les personnages disposent bien de HP, MP ou d’une force propre (des statistiques donc fixes), l’équipement détermine des bonus, que ce soit en HP, magie ou évasion, par exemple. Sur ces équipements sont également attachées des magies (deux au maximum). Ainsi, retirer un casque affublé de la magie « Heal », c’est également se priver de cette magie.

Faire progresser ses héros revient donc à améliorer leurs équipements : armes, casques, armures, accessoires. Pour cela, trois moyens sont mis à disposition du joueur. En premier lieu, le fait de trouver un équipement avec de meilleures statistiques (après un combat ou dans un coffre). En second lieu, il est possible de « fusionner » deux objets identiques afin de le rendre plus puissant. À cet effet, il faudra refaire certains combats en espérant que les ennemis lâchent les bons objets, sachant que les butins sont très aléatoires. De plus, il faut en général choisir, dans une limite de points, parmi les objets lâchés par les monstres, chaque objet disposant d’un « coût » parfois élevé. Un brin frustrant, lorsqu’on aperçoit de nombreux équipements qu’on aimerait posséder mais qu’on se rend compte qu’on ne dispose que de peu de points à dépenser… En troisième lieu, il est possible d’attacher une magie à un équipement. Par exemple, on peut lier la magie « Heal » à un bâton, ce qui est appréciable si l’équipement qu’on vient de trouver ne dispose plus de cette magie.

Des compétences sont malgré tout disponibles pour chaque personnage, indépendamment de l’équipement qu’il porte. On en gagne de nouvelles après certains combats, bien que cela ne soit pas systématique.

Les possibilités de « level-up » sont donc pour le moins limitées et, pour tout dire, l’évolution des personnages est assez lente. Si cela ne pose pas trop de problèmes la plupart du temps, cela se ressent nettement plus dans la seconde partie de l’aventure (le jeu disposant d’un mode « New Game Plus »), où la courbe de progression de vos héros est très lente en comparaison de celle des ennemis.

Un dé-ploiement d’i-dé-e

Après avoir dédié ce joli sous-titre à Wolf, il faut bien que j’évoque l’idée en apparence la plus spectaculaire : celle des lancers de dés. Directement issus des jeux de rôles papier, les jets de dés ne sont en fait pas si essentiels que ça. Ils interviennent plus comme des bonus : ainsi on pourra améliorer sa précision ou les dégâts infligés à l’aide d’un lancer. D’autres sorts sont, il est vrai, directement liés à une réussite aux dés : il faudra alors compter sur un peu de chance, mais rien de dramatique. Cela se complique en revanche une fois le jeu terminé, puisqu’on on devra faire appel à des sorts plus puissants (par exemple des sorts généraux), donc plus risqués, mais aussi avec un taux de réussite moins important.

La stratégie avant la force

Les affrontements sont avant tout des instants où il faut réfléchir à la moindre action ; foncer tête baissée n’apportant généralement rien de bon. Il faut savoir que nos personnages, tout héros qu’ils soient, ne disposent au début du combat que d’une précision bancale et d’une force d’attaque digne d’une crevette. Il est heureusement possible de visualiser tout cela grâce à une fenêtre de prévisualisation qui nous indique l’effet attendu de l’attaque (les dégâts et les chances de succès, en général). La priorité est donc d’améliorer la précision, d’améliorer l’attaque, voire de baisser les statistiques ennemies, la difficulté venant du fait qu’il faudra utiliser des compétences et des magies (donc des MP), tout en essuyant les assauts des adversaires. Or, lors d’un premier combat, on se rend compte que les MP sont à zéro, mais qu’ils augmentent un peu à chaque coup donné ou reçu. Heureusement, il est possible, à chaque tour de son personnage d’effectuer deux actions (cela dit, cela est également valable pour les ennemis…) : une attaque (ou utiliser une compétence ou un objet) + une magie, dans l’ordre qu’on veut. Ainsi, on pourra utiliser « Meditate » (une magie destinée à augmenter ses MP), suivi d’une compétence comme « Focus » (augmentation de la précision).

Il faudra également bien faire attention à enchaîner les compétences et les magies afin de former des combos magiques qui permettent de mettre la mains sur des dés bonus qu’on peut utiliser à loisir. Car si on doit lancer les dés obligatoirement pour certains sorts, il est aussi possible d’utiliser différents types de dés (D4, D6, D8, D10, D20…) récupérés grâce à ces combos magiques. On peut, par exemple, ajouter un (ou plusieurs, jusqu’à 6 en tout) D8 à notre précision, ce qui améliore donc la probabilité d’atteindre l’ennemi. Grâce à ce système, on peut également augmenter les dégâts infligés ou bien encore booster un sort de soin, sachant qu’une fois utilisé, un dé disparaît.

On le voit, on ne pourra donc ni bourriner sa touche A tout au long des quelques heures qui nous séparent de la fin, ni bâcler les affrontements sans prêter un minimum d’attention au système général du soft. Ceci dit, la difficulté du titre est somme toute moyenne, bien qu’il faille s’accrocher lors de certains combats. Cela est d’autant plus vrai si on recommence le jeu une seconde fois : les ennemis sont beaucoup plus coriaces, plus puissants et plus résistants. Par contre, vos personnages seront à peu près les mêmes … Pas de quoi se détendre, M. Matsuno : les crises de nerfs seront bien là !

L’histoire principale se boucle en un peu plus de 5 heures de jeu lors d’une première partie. Si on décide de recommencer le jeu, il faudra compter sur une durée de vie nettement en hausse (environ 10 heures) à cause de la difficulté exponentielle. Ce mode « New Game Plus » permet en outre de débloquer de nouveaux textes, de nouveaux lieux et heureusement de nouveaux objets et équipements qui permettent de venir à bout du jeu plusieurs fois, Crimson Shroud disposant de plusieurs fins (la première étant assez … « spéciale », dirons-nous).

Un peu déstabilisant et un rien austère de prime abord, une fois embarqué dans l’univers de Crimson Shroud, il devient difficile de s’en détacher. Faisant moins appel au hasard qu’à une bonne dose de stratégie et de tactique, le titre de Level-5 demeure un bel hommage aux jeux de rôles papier et sur table et à l’époque des « Livres dont vous êtes le héros ». Sous cette apparence a priori archaïque, toute l’originalité de Crimson Shroud n’apparaîtra pas au premier coup d’œil. Avec une durée de vie volontairement courte, le jeu, fignolé à l’extrême, s’adresse clairement à un public occasionnel (le support choisi va également dans ce sens), même s’il demande un certaine dose d’implication de la part du joueur. De ce fait, le jeu ne plaira pas à tout le monde. Crimson Shroud saura combler les plus valeureux et investis grâce à un mode « New Game Plus » nettement plus difficile. Un titre à déguster qu’on ne peut que conseiller, à part peut-être aux anglophobes.

Note attribuée : 16/20

Rédigé par Delldongo le 04/01/2013

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