Tear Ring Saga | |||||
Le T-RPG est un sous-genre particulier du RPG, genre de croisement entre ce dernier et un jeu d'échec. Il a connu ses premiers chefs d'œuvre et succès en la série des Shining Force ou encore les Fire Emblem, arrivés plus tard dans nos vertes contrées. Ces derniers ont été créés par Shouzou Kaga, qui dirigera la série jusqu'à l'épisode Thracia 776 sur SNES. Il quittera alors Intelligent System et fondera Tirnanog. De cette dernière sortira Tear Ring Saga, sorte de clone de Fire Emblem, mais en aucun cas inférieur à son modèle, bien au contraire. Une histoire de retour de dieu destructeur.
Nous sommes sur le continent de Riberia qui a été pendant longtemps divisé et dirigé par quatre royaumes, après que la période de domination du dieu-démon ait pris fin. La paix régna pendant 600 ans. 50 ans avant les événements actuels, les royaumes de Ledah et Saria entrèrent en guerre, apportant la ruine sur les deux jusqu'à leur disparition. Pendant ce temps, Rive et Canan étaient aussi en guerre, mais Rive tomba. Le roi Bahanuk de Canan déclara la reconstruction de l'Empire Zoa et partit à la conquête du continent. Les dialogues entre les membres de votre armée forment le piquant de la partie « littéraire » du titre. Comme dans un Fire Emblem, lorsque vous recrutez un nouveau personnage, débloquez un soutien, parlez avec un membre de votre troupe pour obtenir un objet ou visitez une maison, il s'ensuit un dialogue plus ou moins long. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur vos compagnons d'armes ou sur l'univers et le tout est plutôt bien écrit, dans le style, il faut le reconnaître, un peu naïf de Fire Emblem. Malgré tout, on est conquis par certains personnages. Qui ne succomberait pas à la douce innocence de Plum, notre jeune soigneuse/danseuse ? Qui n'aimerait pas Julia, notre épéiste mercenaire boiteuse de derrière au grand cœur? Certes, ce ne sont que des exemples, mais le reste du casting (du moins en majorité) suit le même schéma. Le tout ressort très bien. Même les principaux antagonistes s'en sortent plutôt bien en évitant de trop sombrer dans le caricatural. Malheureusement, comme c'est souvent le cas pour les jeux de cette époque, Tear Ring Saga n'a jamais quitté le territoire du Soleil levant. Le jeu est donc en japonais, ce qui gênera la compréhension du scénario si vous ne maitrisez pas cette langue, mais le gameplay se prend, heureusement, facilement en main. Un rendu graphique mitigé. Plaçons-nous dans le contexte de l'époque. Nous sommes en 2001. Le premier aperçu visuel du jeu, outre l'introduction relativement jolie, est, hélas, celui de la carte de jeu. Et là, il n'y a qu'un mot qui vient à l'esprit: moche. Oui, le contour de chaque unité a un rendu flou, le décor est assez minimaliste et l'animation est basique. Bref, on voit que nous sommes dans un T-RPG. Enfin, c'est un peu exagéré, mais on se demande si un effort plus important n'aurait pas pu être fait pour la carte. Car, une fois de plus, on a oublié de penser à nos pauvres rétines de fans du genre qui aimerait avoir des unités bien dessinées, à l'instar de celles de Fire Emblem 4. Par contre, comme c'est le cas dans les Fire Emblem, les artworks sont tout simplement somptueux. Regardez les détails sur certaines tenues, admirez les figures des personnages, surtout celles des femmes qui sont plus particulièrement soignées, ayant toutes leur style propre. Comparez Kate et Sharon (toutes deux ayant la même classe) pour comprendre. Honnêtement, on peut presque jouer uniquement pour voir les artworks des nouveaux personnages qui apparaissent pendant le déroulement, tant le détail et la finesse du trait sont agréables à l'œil.
Enfin, et non des moindres, les combats. Pendant ces derniers, on peut apprécier les décors de fond qui varient suivant le type de terrain. Ainsi, dans une forêt, vous combattrez au milieu des arbres alors ce sera dans les dunes sur les déserts. Le tout donne un ensemble très sympathique et plonge le joueur dans les batailles et des lieux traversés. Bien sûr, l'animation est très bien réalisée. Ainsi, chacun de vos personnages (tout du moins dans leur version pédestre) adoptera une pose en début de combat. Pas super utile, mais cela rajoute du charme à l'ensemble. Chaque coup est très bien décomposé, par exemple, les courses pour attaquer donnent une certaine impression de vitesse, et l'attaque a une animation différente de celle de la contre-attaque. Bien sûr, il s'agit des coups de base, donc assez simple dans leur mouvement, mais on admirera le deuxième coup des chevaliers Pégase lorsqu'elles sont sans leur monture ou les attaques de nos chères épéistes. Musicalement oubliable.
S’il y a un point sur lequel Tear Ring Saga n'est pas au top niveau, c'est au niveau sonore. Si les bruitages sont tous de bonne facture et relativement réalistes, la musique n'est que peu ou pas mémorable. Certes, on ne peut pas dire que les thèmes soient ennuyeux ou en désaccord avec le moment, au contraire, c'est juste qu'aucun ne reste en mémoire. Il manque par exemple un thème principal puissant et entrainant, comme c'est le cas dans Fire Emblem. Cela est dommage, car on aurait aimé cette fois encore une composition un plus audacieuse et accrocheuse pour plonger plus encore le joueur dans ses batailles sans fin. Un système à la fois simple et complexe.
Le système de jeu de Tear Ring Saga est quasiment le même que celui de Fire Emblem. Une fois n'est pas coutume, vous serez à la tête d'une armée (enfin, de deux armées ici) et vous devrez progresser de bataille en bataille en remplissant divers objectifs comme le classique « saisir un point » ou le moins classique « ramasser tous les objets ». Pour ce faire, vous aurez à votre disposition de nombreuses classes telles que les cavaliers, les chevaliers pégases, épéistes et autres mages. Vous combattrez avec épées, lances, sorts de vent ou de foudre et toute autre arme étant à votre disposition. Contrairement à Fire Emblem, ici, il n'existe pas de triangle d'armes. Vous aurez seulement l'avantage procuré par vos statistiques.
Pour éviter que vos personnages ne meurent, outre une réflexion dans vos actions et la prise de niveau, vous pourrez les promouvoir. Avant d'en parler plus, sachez que vos personnages peuvent aller jusqu'au niveau 40 au maximum, mais qu'au départ, vous pouvez aller qu'au niveau 20 (sauf vos lords et les priests qui peuvent aller jusqu'au niveau 30). Pour aller au-delà, il existe deux moyens. Le premier est la promotion. Lors de cette dernière, la limite passera à 20+ le niveau auquel vous étiez avant promotion, par exemple, si vous promouvez au niveau 15, la nouvelle limite sera de 35. Certaines promotions sont d'ailleurs déséquilibrées, surtout chez les cavaliers. Ainsi, vous aurez toujours les classiques paladins à votre disposition, mais certains seront promus en cavalier commando, plus fort physiquement. Narron aura accès au gold knight, une espèce de tank sur cheval, et Sun, quant à elle, deviendra un black knight, très puissante classe. L'autre méthode pour augmenter la limite est de trouver un parchemin permettant de déplacer la limite de dix niveaux supplémentaires. Cette dernière sera très utile pour vos pegasus knights, car leur objet de promotion est très rare. Pour finir sur les promotions, il s'agit aussi de pouvoir accéder à de nouvelles compétences (voir plus bas), mais aussi de nouvelles armes, comme Sasha qui acquiert l'usage des lances après être devenue un pegasus knight.
Comme on est en présence d'un cousin de Fire Emblem, vous ne serez pas surpris d'apprendre que vos armes se casseront au bout d'un moment. C'est bête, hein, quand on est attaché à sa belle épée d'acier qui est très efficace? Heureusement, il est possible de réparer ses armes moyennant finance. Attention, il pourrait sembler plus économique d'acheter une nouvelle épée, mais voilà, le jeu comptabilise le nombre d'ennemis tués pour chaque arme. Au bout du cinquantième, vous obtiendrez un +1 en critique. Si vous en tuez une cinquantaine de plus, l'arme se métamorphosera en une autre arme, comme une lunar sword qui ignore la défense, tout en profitant que chacun de ces cinquante tués rajoute un +1 en critique. Système intéressant inspiré de Seisen no Keifu, mais en plus poussé, mais au final assez peu exploitable et exploité.
L'autre nouveauté se trouve dans les skills propres à chacun. Comme dans Seisen no Keifu, Thracia 776 ou encore Path of Radiance, chaque personnage aura à sa disposition des compétences particulières, comme donner cinq coups en un round, repartir pour un nouveau round, augmentez l'esquive des unités proches ou se téléporter sur toute la carte (NDA: absolument géniale comme compétence, avec un sort qui vole des PV, le seul personnage combattant qui l'a peut massacrer toute une carte), bref, des bonus qui permettent de pimenter un peu vos parties. À l'instar de Fire Emblem 4, chaque personnage a ses compétences personnelles, qu'il garde quoiqu'il arrive, et les compétences de classe. Mais contrairement à son illustre parent, vous pouvez ici apprendre des compétences nouvelles, comme dans Fire Emblem 5 et ce, de trois façons. La première est de trouver un manuel pour une compétence donnée et de l'utiliser. La deuxième est de se la faire enseigner. Dans les villes, vous aurez accès à certaines maisons qui vous permettront d'apprendre une compétence, parfois contre espèces, souvent de manière gratuite. La dernière façon se rapproche du RPG « classique », à savoir que les compétences s'apprennent par level-up, chaque personnage développant ainsi son propre style de combat. On a donc à faire à un système proposant une certaine continuité avec ses maitres spirituels, mais en l'améliorant. Difficulté et durée de vie. Autant le dire tout de suite, Tear Ring Saga est un jeu difficile avec des passages carrément à s'arracher les cheveux, comme l'arrivée continuelle de shooters, version médiévale du tank. Les amateurs de défis trouveront leur plaisir avec ce titre. Comptez 35 heures au minimum pour finir les 40 cartes que comporte l'histoire, notamment à cause de cette difficulté qui entrainera quelques recommencements de cartes, ou parce que le joueur se montre prudent dans ses déplacements.
Note attribuée : 17/20
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