Fiche complète de ce jeu

Stella Deus : The Gate of Eternity était un T-RPG très attendu à l’époque. Il faut avouer que son style particulier était accrocheur et rappelait sur certains détails l’excellent Final Fantasy Tactics. D’ailleurs, comme ce dernier, le jeu pouvait se targuer d’avoir les mêmes compositeurs, à savoir Masaharu Iwata et Hitoshi Sakimoto. Malheureusement, le temps passant, le jeu s’est oublié. Il a fallu en effet presque un an avant qu’il ne sorte aux USA et annoncé chez nous. Au final, il aura fallu attendre presque 2 années avant de voir ce jeu sortir chez nous. Il est temps de savoir maintenant ce que vaux à peu près Stella Deus, si cet oubli au cours du temps est la résultante d’une trop longue attente ou que le jeu ne mérite tout simplement pas de figurer parmi notre ludothèque.

Un Monde en perdition

L’histoire prend place dans le monde en perdition de Solumn. Celui-ci subit depuis des années une catastrophe appelée le Miasme et qui ravage Solumn, annihilant tout ce qui tombe sous son influence. Complètement désespéré, la population a perdu tout espoir de survit et le monde s’est progressivement engouffré vers le chaos. C’est( à ce moment là que la religion d’Aeque pris son essor proclamant que tout cela était la volonté de Dieu et que ceux qui acceptaient leur sort, seraient sauvés et rejoindrait le seigneur dans la mort. Au chaos et à la peur céda la tranquillité d’esprit mais les gens perdirent par la même occasion leur volonté de vivre, acceptant passivement dès lors tout les aspects de leurs vie. Voyant le monde sombrer dans la déchéance et l’apathie, un homme, Dignus s’instaura Overlord et réunit une armée. Grâce à elle et à l'état d’esprit des gens, il prit facilement le royaume de Fortuna et se mit à exterminer cette population qui ne se sentait plus concernée par son avenir. Dignus en profite pour recruter Viser, un très grand alchimiste afin de créer des armes redoutables et par la même occasion à celui-ci de repousser le Miasme et sauver l’humanité.

Le scénario permet d’incarner Spero. C’est le héros type des RPG. Plein de bonne volonté et défenseur des faibles, il fait partie de l’armée de Dignus après que celui-ci ait recruté son ami Viser. Spero croit énormément en ce dernier et espère qu’il pourra sauver le monde. Il l’aide d’ailleurs en collectant des esprits nécessaires aux travaux de son ami. Néanmoins, il a beaucoup de mal à servir un homme comme Dignus quand il voit les exactions de ses hommes envers les fidèles d’Aeque. C’est sa rencontre avec Linea qui va tout changer. Celle-ci va lui apporter un point de vue bien différent sur les esprits et lui proposera une seconde voie, plus juste pour sauver le monde. Spero est accompagné de Grey, un lancier très puissant qui croit plus en Viser que Linea mais suivra Spero par amitié. Avec eux se trouve aussi Adara, une alchimiste qui a perdue son bras et l’a remplacée grâce à l’alchimie mais découvre les limites de son art. Hormis ce quatuor, de nombreux autres personnages viendront se joindre à vous au cours de la partie. Ils sont tous intéressants à leur manière et possèdent de manière général une psychologie développée. On ne se détache pas des modèles typiques du genre surtout avec Spero, mais certains sortent pour beaucoup du lot notamment grâce au travail du Chara-designer, original et unique. Le scénario est intéressant et possède une bonne trame de base qui sans doute aurait mérité d’être mieux développé au cours de l’aventure. Le récit est en effet assez intéressant mais souffre parfois de quelques longueurs et demeure assez classique au sein de sa narration. Rien de particulièrement mémorable donc mais on trouve certaines analyses bien développées qui apportent leurs lots de réflexion et devrait plaire à un certain type de public.

Une qualité technique de bonne facture pour une bande son fabuleuse

Graphiquement, le jeu s’ouvre sur une intro superbe dans un style très particulier mais recherché créé par l’équipe qui avait eu la charge des cinématiques de Breath of Fire : Dragon Quarter. Après cette mise en scène de qualité, on tombe sur des décors bien réussis, en 2D tout de même, et malgré un manque de détails et de couleurs, le résultat s’avère plaisant à regarder. On se rend compte que ce parti pris est en accord avec un monde du jeu décrit comme mourrant. La modélisation des personnages est bien plus réussie même si dans le cas des ennemis, ces derniers finissent par se ressembler rapidement. Néanmoins, Stella Deus n’a pas à rougir en comparaison des autres T-RPG comme Makai Kingdom ou Suikoden : Tactics, bien au contraire, il les surpasse aisément. Les effets ne sont pas grandiloquents mais certains sorts ou attaques spéciales sont quand même bien réalisés et savent en mettre plein la vue.

Les phases de discussion permettent de contempler le travail du chara-designer fort réussi. Ca peut manquer de vie quand on est habitué à assister à des scènes animées mais le doublage réussit bien à retranscrire l’émotion qui peut se dégager d’une scène. La bande son est par contre exceptionnel de qualité comme on pouvait s’y attendre de ses deux compositeurs de talents. On retrouve pas mal de thèmes qui rappelleront par leur résonance FFT ou Vagrant Story. Ces morceaux confèrent à ce jeu une ambiance particulière mais superbe. Les deux compositeurs, et surtout Iwata ici, réussissent à transcender certaines scènes rien que par leur travail exceptionnel.

Un système classique mais efficace

Les combats se déroulent sur un damier classique avec tous les codes du genre. De ce point de vue là, n’importe qui possédant ne serait-ce qu’une légère expérience dans le domaine peut foncer dans le jeu sans se soucier de lire le manuel. Pour les déplacements et les actions, les personnages disposent d’AP. On commence toujours avec 100 AP et chaque action dépendra de ce chiffre. On en perd lors des déplacements et aussi quand on réalise une attaque. Cela varie selon la distance et selon le type d’attaque. Ainsi il ne faut pas s’étonner qu’un de vos personnage ou un ennemi qui arrive jusqu’à sa cible ne puisse rien faire car la distance qu’il a parcourue a tout consommé. Il faut donc bien prendre en compte ce système pour éviter de perdre un tour inutilement. Cela oblige le joueur à bien aborder ses mouvements et de ne pas se perdre en vaines action et à analyser la situation et mouvements ennemis. De plus, si ce système peut empêcher un personnage d’attaquer suite à un long mouvement sur l’aire de combat, l’opposé peut arriver. Par exemple, si celui-ci n’a pas à se déplacer, ou très peu, pour attaquer un ennemi, il peut enchaîner 2 voir 3 coups en un tour, voir bien plus au fur et à mesure du jeu. Ce système rend les archers particulièrement dangereux en tout cas. Cela fonctionne autant pour les ennemis que vos personnages. Autre élément important, les personnages peuvent réaliser des attaques combinées s'ils sont assez proches les uns des autres. Dévastateurs, ils sont néanmoins limité et à réserver pour le boss du niveau. Ce système implique de devoir faire encore plus attention à ses mouvements et éviter de se placer près d’un ennemi qu’on ne réussira pas à neutraliser et qui pourra ensuite se déchaîner sur nous. Une approche qui impose la réflexion et empêchera par la même occasion le joueur de foncer bêtement sur les ennemis.

Pour bien garder un œil sur ses personnages et ses ennemis, une barre à l’image de Suikoden Tactics ou FF X indiquera l’ordre de passage. On peut remarquer lors de la prise de contrôle d’un combattant une icône se déplacer sur cette barre indiquant à partir de quel moment il redeviendra accessible après l'attaque. Grâce à cela, on peut mieux travailler sur les mouvements et actions tout en gardant suffisamment de forces en réserves pour éviter de se faire décimer par l’ennemi voir le précéder. Il faut quand même avouer aussi que l’IA n’est par contre pas particulièrement travaillée et l’ennemi attend toujours que vos personnages soit dans champ pour se déplacer même si une fois près de ceux-ci, ils ne peuvent rien faire à cause du système d’AP et sont des cibles faciles. Néanmoins, le coût d’AP diminuant avec le niveau et la classe du personnage, si l’on booste intensivement ses personnages le déséquilibre se fera ressentir facilitant le jeu et bridant sa partie réflexion.

Pour les classes des personnages, il faut savoir que chaque combattant est lié à un job. Impossible d’en changer en cours de partie mais on peut l’améliorer. On peut débloquer ces nouvelles classes au fur et à mesure de la partie grâce à des objets. Il y a néanmoins certaines conditions au niveaux des caractéristiques. Changer de classe permet d’apprendre de nouvelles compétences, d’augmenter ses attributs et donc de diminuer la consommation d’AP permettant au joueur de réaliser de très nombreuses actions en un tour.

Au cours des combats, on gagne bien sur de l’expérience. Celle-ci dépend du niveau du personnage qui exécute l’action mais aussi en fonction de l’ennemi visé. On gagne aussi des SP, Skill Points, qui permettent d'augmenter vos caractéristiques mais aussi de débloquer des compétences. Cela va des techniques de combats aux améliorations d’attributs comme la force +10% ou l’agilité +20%. On ne peut pas s‘équiper de toutes les compétences proposées mais le choix est souvent aisé à faire car la liberté de choix n’est pas très variée. On débloque de nouvelles compétences quand on change de classe.

J'ai un peu de temps à tuer tiens !

Le jeu se déroule comme bon nombre de T-RPG. On se balade au travers de menus que ce soit sur la carte ou dans les villes qui ont bizarrement les mêmes marchands. Là, diverses possibilités sont offertes aux joueurs. On retrouve les habituels marchands qui proposent leurs lots d’objets, d’armes et armures. Attention tout de même au poids des objets car ils peuvent ralentir les déplacements des personnages. A cela s’ajoute un système de fusion. N’importe quel objet peut être utilisé et les résultats sont variables si l’on réalise des mélanges particuliers. On peut par exemple créer de meilleurs armes mais surtout des rouleaux pour apprendre de nouvelles compétences aux personnages. C’est aussi à travers ce système que l’on pourra créer les objets qui permettront aux combattants de changer de classe. Un système intéressant mais qui se révèle malheureusement un peu limité dans sa portée malgré ses milliers de possibilités. Avec de la chance, on peut néanmoins réussir à construire des armes très (voir trop) puissantes vers la seconde moitié du jeu.

On trouvera également une guilde permettant d’accomplir certaines quêtes. On paie un prix pour les accepter mais la récompense est de manière générale suffisamment juteuse. Celles-ci varient au niveau de leurs construction. Certaines impliqueront que le joueur livre bataille pour les accomplir. On a généralement une date limite pour les faire donc il convient de sauvegarder avant au cas où l’ennemi aurait un niveau trop élevé. Il faut savoir que chaque point sur la carte équivaut à une journée et donc que chaque déplacement modifiera le compteur. A cela s’ajoute des quêtes qui se basent sur la recherche mais aussi l’aléatoire. Là aussi il convient de sauvegarder avant. On demandera par exemple de retrouver un marchand mais celui-ci se déplace aussi et à moins de tomber pile au même moment que lui, la mission peut échouer. Un système qui joue trop sur la chance et peut s’avérer frustrant car le joueur n’a pas vraiment emprise dessus. Les quêtes permettent en tout cas de se faire de l’argent, de gagner des objets intéressants mais aussi de débloquer des mercenaires. Le jeu propose en plus des héros liés au récit des personnages, ressemblant de manière général à vos ennemis, qui se joindront à vous. Rien de particulier par contre, ces mercenaires n’ont que des jobs déjà disponibles au travers des protagonistes principaux, à quelques exceptions près. Leur utilité vient surtout du fait que certains sont disponibles avant un personnage clé et peuvent se substituer à ce dernier en attendant qu’il rejoigne vos rangs. Ils peuvent aussi changer de classe mais de manière générale on sera plus tenté de privilégier les héros car ces derniers disposent souvent de meilleurs attributs au final.

Dernier point et pas des moindres, les catacombes. C’est un donjon bonus accessible dès le début. Les étages se débloquent au fur et à mesure. Pour exemple, le niveau 5 ne sera disponible uniquement si on est passé par le 4, le 4 si on est passé par le 3 et ainsi de suite. Il en existe 100 en tout et chaque ennemi est lié à son étage. Ainsi, tous les ennemis se situant à l’étage 20 auront tous le niveau 20 et ainsi de suite. On est quand même limité à certains niveaux au début afin d’éviter que l’on se retrouve dès les premières missions avec un level de 50. C’est en effet le lieu privilégié pour monter ses personnages du jeu car hormis les catacombes, on ne peut pas faire de combats en dehors du scénario. Par contre, ces niveaux spéciaux se ressemblent très souvent et une impression de lassitude peut transparaître.

Hormis cela et les quêtes, le jeu reste quand même très linéaire dans sa progression. Certains choix scénaristiques sont quand même importants mais n’influent que sur le recrutement de certains personnages. En dehors des personnages principaux et des mercenaires, d’autres personnages ayant une grande importance dans le récit peuvent finir par vous rejoindre. Néanmoins, ils sont très dur à recruter et les conditions imposeront bien souvent un passage intensif par les catacombes. Cela rehausse le challenge d’une certaine manière et permet de mieux appréhender le jeu.

Stella Deus peut se jouer de deux manière différentes. On peut parcourir le jeu en ligne droite. On obtient un soft doté d'une histoire intéressante, des combats bien rodés, tactiques mais pas assez exploités et qui a peut de chance de vous faire ressentir tout le potentiel qu’offre le jeu. A l’inverse si on s’attarde sur tous les points du jeu, on obtient un système plus riche mais qui rendra le jeu bien trop facile ôtant par là même tout challenge au joueur. Pour bien apprécier Stella Deus, il convient donc de trouver un compromis entre les deux. Cela révèle malheureusement les faiblesses du jeu. Si en apparence le jeu semblait très bien construit, on ressent qu’il a été légèrement bâclé ou pas assez construit. Le scénario, même s'il est intéressant manque de consistance et le système de combat, malgré ses aspects, atteint vite ses limites. Il plaira certainement aux amateurs de T-RPG car il reste un bon jeu et saura sans aucun doute bien les divertir sans pour autant se révéler vraiment marquant mais l'essentiel est sauf. Il apporte une bonne alternative aux T-RPG de Nippon Ichi et ça fait du bien qu'on ait enfin droit à plus de titre de ce genre.

Note attribuée : 11/20

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