Eternal Sonata | |||||
Eternal Sonata se présentait comme un des titres majeurs de cette génération de consoles. Le principe de jeu, l’univers et la bande sonore avaient tout pour plaire. Et pour cause, il mettait en scène Frédéric Chopin, le célèbre compositeur et pianiste polonais. Rien que cet argument soulevait la foule, avide de pouvoir vivre le dernier rêve de l’artiste avant sa mort. Alors quand on apprend qu’en plus, c’est tri-Crescendo qui s’occupe du développement (Baten Kaitos) et que Motoi Sakuraba se retrouve au poste de compositeur, difficile de résister à l’envie de se lancer dans l’aventure… Le 14 juin 2007 sortait ce titre tant attendu. Verdict ? Un scénario en deçà de nos espérances : Le 17 octobre 1849, Frédéric Chopin est allongé dans son lit, au 12 place Vendôme, à combattre la maladie qui le dévore : la tuberculose… C’est plongé dans un coma qu’il va faire son dernier songe, une aventure hors-norme au sein d’une tout autre réalité et qui l’amènera à diverses réflexions sur la vie et son œuvre… Tout était réuni pour nous faire vivre une aventure exceptionnelle. Depuis combien de temps rêvions-nous de nous retrouver au sein d’un monde ivre de nature et de beauté, sur fond de musique classique et en particulier le grand Chopin ? Ce désir refoulé depuis tant d’années devenait enfin réel avec Eternal Sonata. Et pourtant… Après quelques heures de jeu, on déchante très vite tant on s’éloigne de l’idée originale. Tout d’abord, alors que l’on pensait se retrouver aux commandes d’un Frédéric Chopin mourant et avide de nouvelles découvertes, on se retrouve à diriger un petit voleur du nom d’Allegretto qui n’a aucun lien avec l’artiste. Pire, notre petite troupe va se retrouver au centre d’un conflit politique qui nous amènera une fois de plus à devenir le dernier espoir de l’humanité. Chopin passe alors au second plan et semble être une excuse à l’émergence de ce monde. Et pour recoller à l’idée originale, les scénaristes n’ont rien trouvé de mieux que de nous coller quelques intermèdes décrivant la vie de Chopin, ainsi que quelques explications sur ses compositions. Si l’idée semble à la base plus qu’intéressante et très instructive, elle est néanmoins complètement hors de propos et se révèle particulièrement ennuyeuse quand ces scènes interviennent en plein milieu d’un moment clé de l’histoire. Résultat : elles coupent encore plus la dynamique du soft et n’ont absolument aucun rapport avec le reste du jeu. Comme si les développeurs devaient absolument remplir le cahier des charges d’une manière ou d’une autre… Mais ici, de la pire manière qu’il soit. Cette déception passée, on vit alors une aventure dans la plus pure lignée des RPGs, avec les rebondissements convenus et habituels du genre, sans que jamais le scénario ne daigne exploser. S’enchaînent alors six chapitres pour le moins conventionnels avant que le septième, sans aucune raison apparente, précipite le tout vers une fin abrupte et trop vite expédiée. Cependant, si pendant le jeu, on peut regretter le manque d’ambition du scénario, la conclusion, elle, s’envole vers des thématiques et des propos pour le moins étonnants, qui plairont assurément aux joueurs avides de théories abracadabrantesques. Un autre point négatif de la narration réside dans le manque évident de rythme dans la mise en scène. On enchaîne de nombreuses scènes cinématiques pour n’assister qu’à des dialogues souvent très fades et peu dynamiques qui laissent sans arrêt le joueur sur sa faim. Avec un support comme la Xbox360, nous aurions aimé un peu plus de folie, de vie, et non des dialogues niais et sans fin… Alors si les bases du scénario semblent solides, on se retrouve au final face à un jeu très classique qui peine à se démarquer des autres productions du genre. Dommage, il y avait pourtant moyen de faire quelque chose de grand… En somme : Une véritable perle visuelle ! Eternal Sonata est beau, même très beau, voire exceptionnellement beau ! Le seul reproche qu’on pourrait lui faire viendrait de sa mise en scène trop molle (déjà critiquée dans le paragraphe précédent) et de son level-design trop sommaire. En effet, ce dernier se contente de nous faire avancer qu’au milieu d’innombrables couloirs sans aucun espace vaste avec de multiples bifurcations. On aurait aimé avoir un peu plus de liberté dans ce monde féerique. Autre reproche possible : la caméra. Celle-ci n’est pas libre et vous imposera son point de vue. Adieu, donc, full-3D et admiration de la faune à chaque pas. Mais cela reste subjectif et loin d’être si contraignant. Concernant les musiques du jeu, nous avons droit à une OST mélangeant du Chopin et du Sakuraba. Mais là où le bât blesse, c’est que les compositions de l’illustre pianiste/compositeur ne se retrouvent que lors des scènes anecdotiques retraçant sa vie. Point de mélodie durant les phases de jeu donc, mais seulement du Motoi Sakuraba. Heureusement, pour nous et nos oreilles, ce dernier signe avec Eternal Sonata une de ses meilleures œuvres. En somme : Un système de jeu classique, mais bien pensé : Eternal Sonata est un RPG classique et cela se ressent directement sur son gameplay. Entendez par là que l’on trouve très peu d’originalité à ce niveau. Par exemple, lors de l’exploration, vous contrôlez Allegretto comme dans tout titre du genre et traversez nombre de donjons et de villages. A partir de là, inutile de préciser qu’une monotonie certaine s’installe dès les premières heures du jeu… Donjon, village, donjon, village… Tout s’enchaîne très facilement, en explorant les divers couloirs qui vous sont offerts. Très peu de liberté est à espérer et la lassitude prend souvent le pas sur l’extase que devrait procurer l’univers du titre. D’autant plus qu’aucun autre élément ne vient relancer l’intérêt. Le menu est très conventionnel, que ce soit au niveau de l’équipement que de la gestion des objets et des différents coups spéciaux ou même des différents personnages. En dépit d’une exploration très classique, Eternal Sonata se targue tout de même de posséder un système de combat relativement bien pensé et surtout très dynamique. Pour bien le comprendre, il sera bon de noter dans un premier temps que chaque ennemi est visible sur les cartes d’explorations et que la manière de les aborder définira l’initiative de chacun. Vous disposerez alors d’un tour supplémentaire, ou bien à l’opposé, d’un malus important en début de combat. Une fois cela compris et assimilé ( !!), il est temps de rentrer dans la joute. Trois combattants face à vos ennemis, un terrain où ombre et lumière s’entremêlent et un compte à rebours qui décidera de votre temps d’action. Voilà les trois paramètres principaux à prendre en compte. L’intérêt réel des combats réside alors dans la gestion du placement. En effet, selon si vous vous placez dans une zone d’ombre ou de lumière, vos attaques spéciales différeront et vous permettront alors de varier votre stratégie. Par exemple, avec Harpe, vous disposerez dès le level 15 d’un skill permettant de redonner de la vie à tous vos coéquipiers. Bien pratique, sauf qu’il ne s’active que dans les zones de lumière. Je vous laisse alors imaginer les différentes stratégies qu’il faudra mettre en place pour bien les utiliser. Un point très intéressant et bien utilisé qui prend en compte à chaque combat la configuration de l’arène. Mais afin de couronner le tout, Eternal Sonata propose un système de combat évolutif. Entendez par là qu’au cours de la partie, les paramètres régissant les joutes se modifieront légèrement lors de moments clés pour, au final, laisser placer à une joute rapide et intuitive où chaque seconde compte. Ainsi, si le début du jeu vous laisse quelques secondes en début de tour (appellé le Temps Tactique) pour penser vos actions, vous devrez par la suite apprendre à vous en passer pour foncer en un quart de seconde à l’assaut du vil ennemi. En résulte un apprentissage bien dosé et qui relance le goût des combats. Un système de combat bien pensé donc, qui arrive à relancer l’intérêt du titre. En somme : Replay Value : Eternal Sonata se termine en une vingtaine d’heures en ligne droite. Comptez quelques heures de plus si vous vous attardez à chercher toutes les partitions et autres objets cachés au fond des donjons. Ajoutez encore environ 6 heures de jeu supplémentaires pour parcourir le donjon supplémentaire de 12 étages. Cependant, la difficulté quasiment absente du titre empêche l’exploitation des quelques bonnes idées du soft (le système de combat) et on préfère très vite foncer droit au but pour connaître le fin mot de l’histoire et passer à autre chose…
Note attribuée : 13/20
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