The Last Remnant | |||||
Au même titre que le domaine cinématographique, les jeux vidéo peuvent être soumis à une critique acerbe quelques fois injustifiée. Un testeur peut-être trop pressé ? Une déception des premières minutes n'influant que trop sur la suite de l'aventure ? Pourtant, tout le monde le sait, un rpg ne peut être jugé sur cinq malheureuses petites heures, mais bien sur l'ensemble de l'épopée et qu'une fois tous les rouages dévoilés. Et à fortiori le soft qui nous intéresse ici : The Last Remnant. Un titre disposant de deux niveaux de lecture, dont un qui provoquera au joueur un fort sentiment d'inachevé et un autre qui saura lui faire découvrir un monde riche et complexe, loin des clichés du genre. Analyse d'un RPG hors normes. Un scénario… Rush Sykes est un jeune homme de 18 ans élevé loin des conflits sur l'île d'Eulam en compagnie de sa soeur Irina. Mais lors d'une de leurs pérégrinations, Irina se fait enlever par un groupe de mystérieuses créatures qu'ils n'avaient jamais vu auparavant. Tête brulée, notre jeune héros se lance sans hésiter à sa recherche. Et c'est durant sa course effrénée qu'il va se jeter au cœur d'un conflit dépassant tout entendement. Si les premières minutes du titre démarrent sur les chapeaux de roue, il ne faudra pas vous attendre à vivre une aventure menée tambour battant pendant la trentaine d'heures qui vous séparent du point final. En effet, le rythme s'essouffle très vite durant les cinq premières heures au point où l'on se demande vraiment si les premières minutes correspondaient au même jeu. Heureusement, ces quelques heures seront l'occasion de mieux comprendre le système de jeu (car très complexe) avant de se replonger plus profondément dans cette histoire de rémanences. Entendez par là qu'au final, ce manque de rythme ne nuit pas vraiment au soft. Surtout qu'après ces quelques heures fastidieuses, vous assisterez à quelques scènes particulièrement marquantes dans le domaine du RPG. En particulier les scènes où notre groupe est en présence du fameux « Conqueror ». Mais je ne vous en dis pas plus, il vaut mieux constater cela par soi-même. Pour être clair, le scénario de The Last Remnant démarre très lentement pour ne faire que monter et véritablement exploser sur un final de toute beauté. Alors bien évidemment, nous sommes à des millénaires des références scénaristiques du genre comme peuvent l'être des Xenogears, des Ogre Battle 64 ou encore Vagrant Story. The Last Remnant, lui, ne s'emmêle pas dans des explications à rallonge ni autre considération pseudophilosophique, non, il nous livre une histoire brute où chaque scène a son importance et n'est pas là simplement pour nous attendrir sur tel ou tel personnage. Il suit une ligne directrice jusqu'à son dénouement final, tout aussi abrupt. Le problème réel vient du fait qu’il manque cruellement d’approfondissement sur bien des points. Les rémanences sont loin d’être assez développées et nombre de questions restent en suspens après la fin du jeu… La puissance narrative de certaines scènes nous fait oublier cette lacune, mais avec le recul, on ne peut que se demander pourquoi ? Mais ne suivre que cette trame sans s'adonner à tout ce qui nous est offert en deçà signifierait passer à côté de plus de la moitié de son intérêt. Car toutes les subtilités concernant les personnages, leur histoire, le background de chaque ville et de chaque lieu, tout cela ne sera divulgué qu'au travers des nombreuses quêtes qui sont à notre disposition. Un choix osé de la part des concepteurs qui a malheureusement déplu à une masse importante de testeurs. Une narration atypique pour un jeu particulièrement exigeant, tel est The Last Remnant. Mais quiconque saura se lancer dans l'aventure en ressortira conquis, convaincu que ce titre est à des bornes de ce qu'on a pu lire sur son compte durant les premiers jours de sa sortie. De l’exploration… Mais sa force n’est pas dans sa narration, mais plutôt dans son gameplay. Tout d’abord, nous avons l’exploration. Cela devient encore plus vrai quand on sait que plus de le la moitié de l’intérêt du jeu réside dans ses quêtes annexes. Avoir optimisé les déplacements de la sorte est alors pleinement justifié. Et là, toute la force du titre se matérialise devant vous ! Car vous aurez de quoi faire ! Autre chose ? Oui, vous pourrez vous adonner de longues heures durant à récupérer toutes les techniques du jeu (indispensables pour vaincre les monstres les plus durs), toutes les formations d’union, et quelques autres joyeusetés plus mineures… Mais le tableau est loin d’être aussi idyllique. Premièrement, les actions se répètent assez souvent et rares sont les missions qui ont un autre objectif que de défaire un monstre précis ou de résister à une attaque ennemie. On passe les trois quarts de notre temps à combattre, et cela peut vraiment sembler rébarbatif. Des combats… The Last Remnant casse effectivement bon nombre de codes du genre et parvient à nous proposer un tout nouveau système de combat à mi-chemin entre stratégie et tour par tour. Son défaut majeur est qu’aucun réel tutorial n’est disponible pour en comprendre tous les rouages. Le joueur est très vite lâché en plein milieu de l’arène à improviser avec les quelques commandes obscures qui sont à sa disposition. Dommage, cela peut très vite faire fuir n’importe quel type de joueur hésitant à se lancer vraiment dans l’aventure. Cela dit, une fois l’étonnement des premières heures passé, chaque joute devient un vrai moment de bonheur particulièrement addictif. Imaginez un peu… Ensuite, comme si The Last Remnant ne donnait pas encore assez dans l’originalité, vous ne contrôlerez pas vos unions exactement comme vous le voudrez. Pour faire simple, à chaque tour, une liste de commandes s’offre à vous pour commander vos troupes. Seulement, cette liste est quelque peu aléatoire, et surtout, change à chaque tour… Vous ne pourrez pas choisir l’action de chacun comme « attaquer », «objets » ou toute autre action communément utilisée. Non. Ici, vous aurez des « En avant ! », des « Sauvez-les à tout prix ! », etc. Ces ordres définissent l’action de chacun des combattants de l’union en fonction des skills dont il dispose. Par exemple, si vous prenez « En avant ! », tous vos personnages attaqueront de la manière la plus basique qu’il soit. En revanche, si vous prenez « Utilisez vos techniques de combat ! », plusieurs personnages utiliseront leurs skills d’attaque physique et d’autres ne feront qu’attaquer avec leur arme. C’est aléatoire et cela dépend vraiment du build de chaque personnage. De plus, chaque action coute plus ou moins d’AP (Action Point) et il vous faudra prendre en compte ce paramètre avant d’agir. Heureusement, une touche permet de visualiser l’action de chaque personnage en fonction de l’ordre. De quoi y voir un peu plus clair, surtout quand deux ordres portent le même nom dans le même tour (vraiment déroutant au début). Pour être franc, les premières heures de jeu sont particulièrement frustrantes à cause de ce système. On ne sait pas trop où l’on va, on combat sans vraiment gérer l’ensemble de la joute et le sentiment de n’être qu’un spectateur du jeu ne fait que grandir. Mais fort heureusement, une fois que le joueur accepte le système tel qu’il est et qu’il se met à réfléchir à une réelle tactique d’approche via ses unions, avec, par exemple, une spécialisée dans les soins, l’autre dans l’attaque physique ou magique, le jeu prend alors une tout autre tournure. On se met à vraiment construire ses joutes, à gérer une véritable petite armée d’attaquants. Cela va bien sûr du simple positionnement du combattant à la formation même de l’union. Car vous pourrez aussi influer sur la manière dont les personnages se placent au sein d’un même groupe, donnant alors quelques bonus/malus sur les statistiques des personnages. Encore des Combats… Dernier point au sujet de ces unions : si vous placez un des personnages principaux en tant que leader, vous pourrez déclencher des attaques spéciales, voire même des invocations, particulièrement dévastatrices. Pour exemple, David en tête d’une union vous sera d’un secours incroyable dans les combats demandant d’éradiquer un nombre important d’ennemis. Son attaque Gae Bolg peut en effet effacer quasiment toutes les unions ennemies en un seul tour. Beaucoup de paramètres sont donc à prendre en compte et contribuent à la richesse du gameplay. Ce même gameplay qui peut devenir un véritable enfer si les commandes affichées à chaque tour ne correspondent pas à vos envies. Un même combat peut être ainsi extrêmement facile tout comme il peut devenir un vrai cauchemar selon les actions proposées… On peut ainsi se faire éradiquer en 1 tour devant un boss, alors qu’à l'essai suivant, il ne tiendra pas plus de 2 tours… Frustrant, oui, mais particulièrement prenant. Original, complet, complexe et frustrant, voilà comment nous pourrions résumer le système de jeu de The Last Remnant. Une véritable expérience à part dans le domaine des RPG tant il innove sur tous les points et procure de toutes nouvelles sensations ! Des graphismes, des musiques, pour… D’un point de vue technique, cette production Square Enix était attendue au tournant. Mais pour des raisons de budget et surtout de temps, l’équipe de développement s’est basée sur le moteur Unreal Engine 3 pour concevoir tout l’univers du jeu. En résulte un jeu faisant honneur à la console, mais, à mon sens, manquant d’identité propre. Au niveau de la bande sonore, Tsuyoshi Sekito (Brave Fencer Musashi) a fait un travail exceptionnel, parfaitement dosé entre les grandes envolées orchestrales et les musiques plus vives, plus rock, typée Sakuraba (Valkyrie Profile). On se prend très vite au jeu et la bande sonore nous accompagne vraiment de bout en bout de l’aventure toujours en se manifestant au bon moment, avec beaucoup de pudeur.
Une version malheureusement non finie… En effet, si le contenu du jeu reste exceptionnel à bien des égards, il n’en demeure pas moins que The Last Remnant présente bien des lacunes sur cette version console… Le premier reproche viendrait avec l’aspect visuel. En effet, les textures mettent toujours quelques secondes à s’afficher lorsque vous entrez dans une nouvelle zone. Si au départ, on reste très laxiste et on accepte facilement ce détail, cela devient néanmoins bien plus embêtant par la suite. L'impression d'avoir à faire à un jeu non fini et surtout sorti trop tôt ne fait que s'accentuer. Mais ce n'est pas tout ! Les combats sont d'une lenteur affligeante! Là encore, on reste tolérant au début de l'aventure, mais vers la fin, et surtout quand vous décidez de vous lancer dans des joutes à plus de 4 ou 5 ennemis d'un coup, vous pourrez facilement dépasser le quart d'heure de jeu voire même la demi-heure. Les animations sont parfois très longues, et un mode turbo apparu plus tard sur PC n'aurait pas été du luxe... Armez vous donc de patience ! Dernier point majeur tuant le gameplay : les temps de chargement. Si par malheur, vous jouez à la 360 sans installer les jeux sur le disque dur, il va falloir vous accrocher ! Car un écran noir entre 5 et 10sec à chaque combat et changement de lieu, et à fortiori dans les villes, ça peut très vite devenir particulièrement... Hum, vous me comprendrez. Heureusement, l'installation du jeu sur le DD diminue grandement ces temps morts jusqu'à le rendre jouable. Voilà pour sa plastique qui tout de suite, laisse forcément un goût d'inachevé... Alors quand en plus certains détails comme l'impossibilité d'intervenir sur l'évolution de vos différents compagnons ou encore une limite au niveau des leaders de vos unions (6 maximum...) font leur apparition, la frustration déjà ressentie via le gameplay atteint ici des sommets. Seuls les plus patients et les plus courageux outrepasseront ces défauts pour se concentrer sur le trésor qu'ils referment. Les autres abandonneront au bout d'une dizaine d'heure, non convaincus du potentiel énorme qu'il a à nous offrir.
Note attribuée : 14/20
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