Critiques
More Friends
Composé par :
Nobuo Uematsu
Arrangé par :
S.Hamaguchi
A.Roth
T.Sekito
M.Okamiya
K.Fukui
Interprété par :
-
Sortie :
15.02.2006

Après le concert « 20022002 », nous avons droit à un nouveau CD enregistré en direct d'un concert « Final Fantasy », cette fois-ci à Los Angeles. La première bonne surprise nous vient de la tracklist, qui ne comporte que des pistes musicales, lesquelles retracent un peu tout le parcours de Nobuo Uematsu à travers la série, dont il a grandement contribué au succès à travers ses compositions. Le bel plus exemple à cet égard reste d'ailleurs le fameux «Prelude».
Pour cet album, la programmation avait donc pour but de nous faire entendre le tout meilleur du compositeur historique de la saga, la crème de la crème, ses morceaux les plus mythiques pour tout connaisseur de la série, et bien sûr ses meilleures compositions. On s'imagine que le choix a du être particulièrement cornélien. C'est ainsi qu'un de ses travaux les plus accomplis, à savoir l'OST de Final Fantasy IV, n'est pas représenté dans ce florilège. Il en va de même pour l'OST de l'épisode suivant, qui avait pourtant donné le titre à une série de concert aux Etats-Unis « Dear Friends » (en 2004-2005), et qui a, par continuité donné le sous-titre de ce CD « More Friends ».
Le concert s'articule autour de deux formations instrumentales relativement différentes, à savoir l'orchestre symphonique (le très hypothétique « World Festival Symphony Orchestra ») pour une première partie, et le groupe « Black Mages » pour une seconde. Une heureuse initiative en forme de réunion qui permet de proposer une quantité de styles différents, tout en gardant une bonne homogénéité qui atteindra une sorte de paroxysme avec la dernière piste.

1 - Opening - Bombing Mission [Final Fantasy VII (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Ce n'est sans doute pas la composition la plus géniale d'Uematsu, mais, dès l'écoute des premières notes données par les cordes, et surtout lors de l'entrée de la harpe, on se rend compte de la fragilité du son et on comprend qu'on se trouve bien là avec un album pris sur le vif, débarrassé d'une sorte de formatage impeccable et dérangeant d'un enregistrement studio. Il faut de la vie dans cette musique et après la splendide introduction calme et légèrement inquiétante, c'est d'une manière inattendue que le piano se saisit d'une partie dynamique de basse. Le souvenir de l'original s'efface et se sublime dans cet arrangement symphonique qui joue avec les dynamiques, parfois fortes ou douces et se termine d'une manière inédite et fort bienvenue. Une fort belle entrée en matière qui nous place directement sous le charme à la fois des compositions originales et de l'orchestration.

2 - Aerith's Theme [Final Fantasy VII (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Toujours du bon vieux FF7 (qui, soit dit en passant n'est sans doute pas la meilleure OST du maître), on retrouve un autre thème célèbre, mythique s'il en est, en tout cas pour son personnage particulièrement atypique dans la série. Je veux bien sûr parler de mademoiselle Aerith. l'arrangement n'est ici pas nouveau, puisque identique à celui du concert de 2002. Mais quel bon arrangement, sachant tirer parti de tous les instruments de l'orchestre, alternants entre des passages joué « tutti » avec des solos de flûte. Après une introduction menée par les vents et les cordes, le thème est ainsi joué au piano. Puis la seconde partie du thème est confiée à l'orchestre et aux instruments à vent, avant que tout l'orchestre ne s'y prête, notamment dans la reprise du thème, légèrement variée et augmentée de nombreux petits traits qui soutiennent un certain rythme et l'énergie qui finit par éclater à la fin. Même si on connait ce morceau par coeur, on ne se lasse pas de l'entendre, encore moins lorsque l'arrangement et l'interprétation est de cette qualité.

3 - At Zanarkand [Final Fantasy X (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Encore une piste éminemment nostalgique, surtout par la beauté du thème. Mais cette fois, alors qu'on ne connaissait qu'une version intimiste interprété au piano, l'orchestre entre en scène et restitue avec réussite ce merveilleux thème. Le piano ne sert qu'à introduire le thème et fait jouer cet aspect nostalgique pour introduire l'orchestre, et ne plus jamais reparaître dans cet arrangement. Les reprises du thème constituent des espèces de petites variations (surtout dans le grave) confiées à différents instruments (harpe, violoncelles, clarinette, notamment), alternant les ambiances discrètes avec quelques envolées lyriques. Une très belle réussite.

4 - Don't Be Afraid [Final Fantasy VIII (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Tout le comme le thème d'Aerith, cet arrangement est déjà connu depuis le concert de 2002. Cela ne retire rien à ses qualités d'énergie et à l'atmosphère épique qu'il crée. On pourra même trouver cette interprétation beaucoup plus enthousiasmante que celle de 2002, beaucoup plus molle. Ici, les cordes sont énergiques mais jamais stridentes. Les trompettes scandent une réponse qui se détache bien, mais le tout reste bien homogène, bien ensemble. Cela est surtout dû à l'utilisation des percussions comme le marimba ou le triangle, qui donnent le rythme au morceau. La partie centrale, plus sombre, met encore en opposition les cordes et les cuivres (les trompettes en gros), sorte de leitmotiv de l'arrangement. C'est tout simplement grandiose.

5 - Tina's Theme [Final Fantasy VI (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Vous pouvez commencer à compter le nombre de fois que je vais utiliser le mot « mythique », mais il s'agit bel et bien là, encore une fois, d'une piste plus que mémorable d'un jeu qui restera pour beaucoup comme le plus grand. Si l'arrangement n'est pas nouveau, il est encore une fois placé sous le signe de l'énergie que seule l'interprétation en concert peut fournir. d'allure martiale, il se dégage tout au long de la pièce une grande noblesse, qui va grandissant, du thème quasiment murmuré du début au grand orchestre, utilisé dans toute son étendue à la fin. Un morceau qui donne la chair de poule et qu'il ne reste plus qu'à écouter, tellement c'est beau.

6 - Swing de Chocobo [Final Fantasy X (arrangement : Arnie Roth)]

Changement radical d'ambiance avec ce thème, bien connu des joueurs, présent d'ailleurs depuis le tout premier épisode. Si on avait jusqu'alors bien parcouru les possibilités « classiques » de l'orchestre, cet arrangement joue la carte du jazz, du swing comme indiqué dans le titre. l'ambiance est donc plus légère, et même si le thème fait partie de la mythologie Final Fantasy, on n'a guère d'autre sentiment que d'écouter de la musique plaisante. l'arrangement proprement dit est par ailleurs très agréable et inédit (chose toujours appréciable). On imagine aux interventions du public qu'une petite scénographie mettant en scène les fameux volatiles devait de dérouler en même temps que la musique (mais ce n'est qu'une simple supposition de ma part). Cependant, après les cinq premières pistes, ce morceau a bien du mal à tenir la comparaison.

7 - Final Fantasy (arrangement : Shiro Hamaguchi)

Le thème de la série, qu'on retrouve dans pratiquement chaque épisode depuis le 4, est ici joué dans un arrangement déjà connu lors du concert de 2002. En regard d'autres compositions d'Uematsu, ce thème ne m'a jamais complètement emballé, restant relativement neutre (qualité qui lui permet d'ailleurs d'être mis à toutes les sauces). Pourtant cette version est particulièrement réussie, car donnant juste le thème assez simplement, sans ajout. De plus le tempo est particulièrement bien choisi : ni précipité, ni trop langoureux, ce morceau termine avec brio, mais peut-être sans ce petit quelque chose qui était présent dans les cinq premières pistes, la partie consacrée à l'orchestre symphonique.

8 - The Rocking Grounds [Final Fantasy III (arrangement : Tsuyoshi Sekito)]

Changement radical d'atmosphère, avec cet arrangement, repris d'album des « Black Mages II ». Il faut bien avouer qu'après tant de beauté orchestrale, on a bien du mal à digérer l'entrée en matière (une minute sur une seule note de basse), suivie des élucubrations guitaros-synthétiques de nos amis Black Mages. La batterie est bien trop présente (ceci est peut-être du à la prise de son), mais bizarrement, le morceau reste « mou », sans l'énergie qui caractérisait le début du CD. On a malgré tout droit à de beaux passages, notamment lorsqu'on entend les notes et l'harmonie, pas ce brouillard quasi-constant de guitares saturées. Pour le coup, la version de l'album studio est bien meilleure.

9 - Maybe I'm a Lion [Final Fantasy VIII (arrangement : Michio Okamiya)]

Malgré un début brouillon, ce morceau est bien meilleur que le précédent. Toujours aussi mou par contre, quel dommage, car on a droit à des bons passages, les guitares se faisant moins présentes (tout comme la batterie), laissant ainsi la place à d'autres instruments et à une ébauche d'homogénéité instrumentale, et surtout il y a des changements d'atmosphères, des moments de calmes, des chorus délirants (au fond pourquoi pas ?) qui rendent la pièce sympathique et attachante.

10 - Suteki da Ne [Final Fantasy X (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Dans les meilleures boîtes de gâteaux, il y a toujours ceux dont personne ne veut (vous savez, ceux avec la cerise au milieu) et qui restent à la fin de la soirée. Voilà la piste qu'on pourrait comparer à cela. Je vais sans doute me faire des ennemis, mais je n'aime pas Rikki, pas ici, pas dans ce morceau, qui ne lui convient pas, à l'évidence. Certaines notes échappent à son contrôle, ce qui est dommage. Sa voix n'est en plus pas particulièrement plaisante, assez neutre finalement mais qu'elle cherche vainement à rendre intéressante par quelques effets. Malgré tout ses efforts donc, elle ne pouvait de toute façon pas sauver ce morceau, d'une certaine platitude et d'harmonies pas moins convenues que son arrangement. J'ai appris assez récemment qu'Uematsu avait composé cette chanson en quinze minutes sur son vieux synthé. Ca se voit malheureusement un peu trop.

11 - The Place I'll Return To Someday ~ Melodies of Life [Final Fantasy IX (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Sans être aussi mythique que les premières pistes du CD, cette pièce est bien meilleure que la précédente. Cela est dû principalement à la voix suave et juste de Emiko Shiratori et à l'introduction aux forts accents de nostalgie. Tout ça se laisse donc écouter facilement, même si on peut légitimement penser que le morceau possède quelques longueurs. Mais finalement l'atmosphère de tranquillité présente tout le long est agréable. On pourra juste regretter que la meilleure chanson (celle du 8) n'ait pas été choisie, au profit de celles du 9 et du 10, assez moyennes.

12 - Opera « Maria and Draco » [Final Fantasy VI (arrangement : Shiro Hamaguchi)]

Mythique d'entre les mythiques, voici LA piste de l'album, peut-être LA piste, l'unique, la seule, toutes OST confondues. Pour l'amoureux et l'adorateur d'opéra qu'est Uematsu, on imagine son engouement lors de la composition des quatre pistes de l'OST de Final Fantasy VI concernant le passage de l'opéra (peut-être y est-il à l'origine d'ailleurs ?). En tout cas, il n'y a rien de plus cultissime que la scène de l'opéra. En réalité l'arrangement proposé ici n'est pas nouveau du tout, il date de 1994 et faisait parti, à l'époque des « Orchestral Game Concerts ». Il serait vain pour moi de vous décrire en détail le merveilleux de chaque instant de bonheur, de nostalgie, de génie en un seul mot, qu'abrite cette pièce tout au long de ses douze minutes. Douze minutes extraordinaires, où les voix de synthèse cèdent la place, presque de manière incongrue aux oreilles du joueur acharné, à des chanteurs d'opéra convaincants. Tous les sentiments y passent, et J'avoue être véritablement en extase à chaque écoute de cette piste, qui figure aisément dans le Panthéon des meilleures musiques.

13 - Advent: One-Winged Angel Live Version [Final Fantasy VII (arrangement : Kenichiro Fukui)]

On termine cet album en fanfare, par la réunion de l'orchestre symphonique et du groupe Black Mages. Contrairement à la piste plutôt brouillonne et presque trop « clean » de l'OST de FFVII : AC qui manquait et d'énergie et de relief et d'une matière homogène entre les guitares et les instruments classiques (chacun jouait son petit truc dans son coin), cette fois, tout le monde se lâche, déborde la partition (enfin en ce qui concerne les Black Mages) et joue ensemble. Alors la musique devient sublime, mystique, prenante, à un point jamais atteint avec aucun autre arrangement (et interprétation) de ce morceau. A mon sens, le fait qu'il s'agisse d'un enregistrement « live » contribue et sert beaucoup le morceau. Laissons de côté l'original de l'OST, destiné au jeu, et nous écoutons alors avec délectations une pièce très riche, mélangeant très subtilement les deux formations, avec une énergie presque du désespoir, proche de la folie (celle de Sephiroth). Du moins cela est vrai jusqu'à la troisième minute, instant où les Black Mages prennent le pouvoir, toutefois (et heureusement) en compagnie d'un choeur (les CSUF University Singers). l'orchestre symphonique revient à la charge tout en douceur avec les notes piquées et caractéristiques du morceau d'origine. Pour finir, d'une manière grandiose, tout le monde s'y met dans un déchainement et une tension rarement atteinte. Extraordinaire piste qui devrait réconcilier tout le monde avec les Black Mages.

Le florilège de morceaux proposé est excellent dans l'ensemble, tout comme les arrangements, les deux dernières pistes sont proprement extraordinaires, alors quoi dire de plus, sinon d'aller écouter cet album ? Uematsu peut être fier de sa carrière « Final Fantasy » !

Rédigé par Delldongo

Quand les gens meurent, ils s'en vont., Kaim, Lost Odyssey Thèmes
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