Sword of Mana


Pour terminer l'année en beauté, nous vous proposons pour ce mois de décembre de découvrir Kenji Ito avec l'OST de Sword of Mana, le remake de Mystic Quest sur GBA (Seiken Densetsu).

La bande-son du jeu d'origine contenait alors 27 pistes, toutes reprises et réarrangées dans cette version, mais Sword of Mana apporte son lot de nouveautés avec 13 pistes supplémentaires composées pour l'occasion.

Vous trouverez dans cet article une sélection de musiques composées par Kenji Ito et provenant d'autres bandes-son, ainsi qu'une sélection de quelques pistes de l'OST concernée.

Bien évidemment, nous serons heureux de lire vos commentaires, que ce soit sur le forum ou les réseaux sociaux, alors n'hésitez pas !

Nous vous souhaitons une bonne lecture, et une bonne écoute !

Biographie de Kenji Ito (par Delldongo)

Kenji Ito est né le 5 juillet 1968 à Tokyo. Il a commencé la musique dès son plus jeune âge, d'abord avec le piano, puis avec le saxophone et la clarinette. Il n'a jamais eu de doute sur son idée de carrière et il a choisi de devenir compositeur dès la fin de ses études universitaires. C'est l'un de ses professeurs qui lui a conseillé la musique de jeux vidéo, suite au succès de Dragon Quest III. Ito a alors postulé dans différentes entreprises, et c'est finalement Squaresoft qui lui a offert son premier job en 1990.

Il travaille d'abord avec Nobuo Uematsu sur Final Fantasy Legend II (SaGa 2), puis se voit confier la composition en solo de Final Fantasy Adventure (Seiken Densetsu). Il revient ensuite sur la licence SaGa pour y travailler pendant plusieurs années. On lui propose aussi de prendre en charge la série Mana mais il est trop occupé pour pouvoir s'en occuper à l’époque. Vers la fin des années 90, il commence à diversifier son travail, avec notamment Koi wa Balance ou la série des Chocobo. Et puis en 2001 il décide de quitter Squaresoft pour se mettre à son compte.

Son premier travail en tant qu'indépendant est celui de Culdcept II (2001), dont il se dit très fier. Il collabore ensuite de nouveau avec Squaresoft pour remasteriser son second album (Final Fantasy Adventure) en Sword of Mana, ainsi que plusieurs album de SaGa. Il compose également (en collaboration avec d'autres) deux épisodes de la licence Mana (Children of Mana et Dawn of Mana), et participe à de nombreux autres projets (Shadow Hearts : Covenant, Hanjuku Hero 4 : 7-Jin no Hanjuku Hero, Lux-Pain, Shin Megami Tensei : Devil Survivor 2...) Il continue aussi son travail d'indépendant avec les OST de Cross Gateen 2004 et Hero Must Die en 2007. Il prend aussi part à plusieurs concerts en tant que pianiste, et certaines de ses œuvres seront aussi interprétées en live par d'autres musiciens.

Il continue actuellement son travail sur ses séries de prédilection (SaGa - dont le dernier épisode en date à sortir prochainement, Scarlet Grace - Mana et Culdcept) tout en collaborant avec d'autres compositeurs sur de nombreux jeux (Hyperdimension Neptunia Victory, Demons' Score, Getsuei Gakuen, Terra Battle...).

Sélection (par Dracohelianth)
Critique de l’OST (par Delldongo)

Kenji Ito est un compositeur principalement à deux facettes, qu’on retrouve évidemment dans un de ses travaux les plus importants : la bande-son de Sword of Mana. D’un côté, nous trouvons des pistes d’un calme olympien, presque sages, et de l’autre des musiques très dynamiques.

Le thème principal, énoncé dans Rising Sun, est d’une simplicité enfantine et d’un classicisme harmonique éprouvé. C’est également le cas dans la piste suivante, A Boy’s Dream, où la mélodie est tout bonnement accompagnée de manière très basique, mais qui fonctionne car c’est beau. On retrouve en fait ce principe dans bon nombre de musiques dans cette OST, parfois sur le mode triste (Jema’s Realization, Investigation of Recollection par exemple). Il faut noter que les thèmes et les accompagnements se retrouvent dans beaucoup de pistes différentes. Par exemple on retrouve dans Pray le motif d’accompagnement de Rising Sun, et dans A Girl's Admiration la mélodie de A Boy’s Dream.

Dans Fighting Arena, nous avons un premier aperçu de l’autre face du compositeur, mais il faut dire que les sonorités un peu dures de la console (la GBA) n’aident pas vraiment à s’immerger dans cette piste un peu triviale. On préférera donc Endless Battlefield, beaucoup plus personnalisée et nettement plus entraînante, ou encore mieux In Search of the Holy Sword. A ce titre, Sprint to the Future est très réussie et Battle 2 ~Touched by Courage and Pride~ est très certainement l'une des plus emblématiques compositions de l’OST et peut-être même de Kenji Ito. Mais cette bande-son possède également quelques pistes plus originales, notamment l’étrange Dungeon avec son atmosphère des plus inquiétantes, ou encore Chain of Fate, Temptation of Doom. Nous avons même droit à des incursions dans l’humour avec des pistes comme Castus House ou encore Dwarves’ Theme.

Le talent de Kenji Ito, c’est aussi de créer une ambiance, avec seulement quelques notes (Placing Thought Under Investigation, Nightmare), une chose plutôt rare. La sublime Mana's Mission peut ainsi être considérée comme le point de bascule de toute l’OST. On trouvera par la suite des pistes très variées, dont la prenante Lost World Signpost.

Globalement, l’OST de Sword of Mana est vraiment très classique et prend peu de risque, que ce soit harmoniquement ou rythmiquement, mais cela fonctionne plutôt bien, notamment dans les musiques lentes où se dégagent une sensation de plénitude, et parfois de tristesse infinie, grâce en grande partie à de belles mélodies. De plus, cette bande-son est plus diversifiée qu’il n’y paraît, notamment dans la seconde partie du CD où on pourra trouver quelques raretés et des inspirations bienvenues (Infringement of Time, Mana's Temple, ou la mélodie principale transformée dans Time of Determination). Ceci dit, l’ensemble pourra paraître légèrement répétitif, puisque les moyens musicaux mis en œuvre sont toujours les mêmes.

En outre, il faut signaler que l’OST se compose de deux CD officiellement. Le premier CD possède en tout une bonne quarantaine de pistes, et le second CD n’est en fait qu’un recueil de sept pièces, arrangées pour le piano seul, dont vous pourrez avoir un petit aperçu dans la vidéo tout en bas de cette page.

Quelques pistes à ne pas manquer
L'avis de Tennee

Écouter l'OST de Sword of Mana me fait retomber dans l'adolescence. C'est un jeu que j'ai apprécié faire à l'époque. Aujourd'hui, c'est tout de même un peu étrange de revenir à cette qualité de musique. Cette bande-son n'était probablement pas la meilleure à cette époque, mais les mélodies, aussi simples soient-elles, sont toutes chargées d'émotions. D'un côté, nous avons les pistes lentes et douces, telles que A Boy's Dream, Under the Starry Sky ou Lovely Face ; et d'un autre nous trouvons aussi les musiques plus rythmées et entraînantes comme Fighting Arena, Endless Battlefield ou In Search of the Holy Sword. En réalité, chaque type d'ambiance correspond à un type de lieu. Ces dernières se trouvent dans les zones extérieures où l'on rencontre des ennemis.

Les donjons ont quant à eux droit à des sonorités plus sombres et angoissantes, telles que dans Dungeon, Nightmare, Temptation of Doom et Infringement of Time.

Enfin, nous trouvons également quelques pistes plus légères, notamment Cactus House et Dwarves' Themes, qui nous rappellent que tout n'est pas triste et mélancolique dans ce Sword of Mana.

Au final, cette OST est plutôt agréable à écouter, ni trop longue, ni trop courte, et assez variée pour ne pas lasser nos oreilles. La qualité a peut-être mal vieilli, mais elle fait ressortir d'autant plus le charme du jeu.

L'avis de Wolf

Cela fait quelques années que je me dis que, faire un bon jeu vidéo, c'est comme faire une bonne mousse au chocolat. Même avec les meilleurs ingrédients du monde, si on n'a pas le coup de main et le savoir-faire pour faire monter les blancs et incorporer un appareil onctueux, on ne peut réaliser qu'une immondice. Ainsi, même une bande-son magistrale, comme celle de Sword of Mana, ne serait rien si elle ne répondait pas aux autres impératifs d'un bon jeu : être cohérente avec l'univers dépeint, tout en soutenant correctement l'émotion du moment. La musique ne doit pas être là pour occuper les oreilles, elle doit transmettre l'émotion des personnages pour favoriser l'identification. Cette leçon, déjà bien potassée par Kenji Ito sur Game Boy, atteint sa plénitude dans le remake GBA, reprenant ainsi à son compte le conte « Comment Wang-Fô fut sauvé » de Marguerite Yourcenar. L'histoire est celle d'un vieil artiste qui, au soir de sa vie, revient sur son œuvre inachevée pour enrichir la gamme des émotions, balançant la fougue et l'ambition de la jeunesse avec la mesure et le vécu de la vieillesse. Cependant, c’est un résumé bien incomplet et peu digne du conte que je vous livre là, et je vous encourage à le lire.

Or, Sword of Mana est un jeu doté d'une ambiance bien particulière, plus déprimante que les autres RPG de Squaresoft. Nos héros ne sont clairement pas nés sous une bonne étoile et le départ le retranscrit au mieux : le thème du foyer, chaleureux et accueillant, fait rapidement place au chaos sombre, puis à la violence. L'aventure n'est pas une quête de lendemains meilleurs, elle est une fuite de la souffrance qui semble étroitement liée au destin de nos protagonistes. Ainsi, il n'est pas étonnant que les quelques bulles de paix que nous traversons, ces passages sans la menace de l'Empire, une courte nuit au coin du feu ou une balade en forêt sans but ni contrainte, soient ceux qui dépeignent ces moments précis où Sword of Mana est le plus féerique, le plus envoûtant et le plus mémorable. Ces moments où notre personnage n'est plus la victime d'un destin qui lui échappe et qui le honnit, mais le seul maître de ses actes et de son devenir. Ils nous préparent aussi à certains choix qui peuvent sembler bizarre, comme In Search of the Holy Sword, musique plutôt inappropriée à la traversée d'un désert, mais plus cohérente avec l'état d'esprit du héros. Il a enfin décidé de prendre les choses en main pour ne plus subir, mais bâtir. Il est empli d'un courage retrouvé pour atteindre son but. L'Empire ne lui paraît plus invincible, il ne se sent plus seul et traqué. Dans le même ordre d'idée, Placing Thought under Investigation appelle à se poser, à considérer toutes les forces et les causes en présence, pour une vision plus subtile et moins « basique » de notre quête.

Mais c'est avec Mana's Mission que la vérité, jusque-là oubliée, revient dans toute sa dureté : la vie n'est pas une quête de bonheur. La vie n'est qu'une incessante tentative de construire un bonheur, constamment contrariée par la supériorité de la peine et de l'impuissance. Alors que nous croyions être à l'approche des lendemains meilleurs, que notre protagoniste commençait lui-même à entrevoir le bout du tunnel, la leçon revient tel un boomerang : si on peut fuir la souffrance, voire la tenir à distance, on ne peut pas l'annihiler. Notre ennemi n'est pas, et ne sera jamais l'Empire de Vandale. Il n'est qu'un aspect, une conséquence et un héraut de notre véritable adversaire. Omniprésente, pour notre cause comme pour celle du Dark Lord, la douleur est bien l'antagoniste majeur de Seiken Densetsu, celle que chacun veut voir disparaître, par tous les moyens.

De quel côté sont donc les bons ou les méchants, dans une épopée contre celle qui nous affecte tous sans discrimination ? Quelle partie de notre vie devons-nous considérer comme plus importante, entre ces moments fugaces au coin d'une cheminée, ces escapades enjouées en quête du bonheur, et cette compréhension poignante au bout de nos efforts ?

L'avis de Natahem

Au niveau de la qualité sonore, c'est clair que c’est ambiance années 90 et 16 bits garantie ! Du coup j’imagine que ça en refroidira directement plus d’un. Mais pour ma part, en étant purement subjectif, cette OST me replonge tout de suite dans mon adolescence vidéo ludique, et du coup je ne peux qu’apprécier de la réécouter. Cela ne veut pas dire que c’est le genre de bande-son que j’écouterais souvent, ni même que j’aime vraiment les thèmes, mais le côté mélancolique suffit à me convaincre de l’écouter d’un bout à l’autre. Il y a quand même un petit charme des jeux du passé que l’on ne retrouve pas dans les grandes œuvres actuelles.

À défaut de réellement plaire à ceux qui ne l’ont jamais écoutée ou qui n’ont jamais joué au jeu, je pense que ça pourra provoquer leur curiosité sur Sword of Mana (ou sur le jeu original Seiken Densetsu) et les inciter à le découvrir.

L'avis de Memoircosmos

S’il est bien un OST qui parle à mon moi jeune, évoquant tour à tour la chaleur d’un feu de bois, la fraîcheur d’une sombre caverne et la frénésie d’un combat pour la survie, c’est bien celui de Sword Of Mana.
Tantôt calme et rassurante, tantôt rapide, tantôt angoissante, l’OST est à l’image de l’aventure : nuancée. Alternant entre mélodies douces et fluides (comme Prologue, A Boy’s Dream ou Under the Starry Sky) pistes rythmées au tempo éclectique (Endless Battlefield par exemple) ou mélodies lentes aux sonorités plus lourdes (typiquement Dungeon ou Infringement of Time) l’OST compose avec l’ambiance de la scène, l’ambiance du moment mais aussi avec les personnages et leur état. En résultent des associations qui, si elles peuvent parfois paraître « étranges », collent toujours d’une manière ou d’une autre avec ce qu’il se passe, magnifiant à leur manière l’instant pour marquer durablement le jeune joueur que j’étais.

S’il est bien un OST qui parle à mon moi jeune; qui me rend nostalgique ; qui me renvoie sous ma couette à 1h du matin ma petite GBA entre les mains, une lampe torche sur le côté, c’est bien celui de Sword Of Mana. Une réussite en termes d’ambiance que les sonorités 16 bits ne diminuent en rien. Peut-être est-ce la nostalgie qui parle, mais si une OST réussit à marquer à ce point, c’est que, d’après moi, elle est réussie.

La « cover » du mois : Piano Sound Version

N'oubliez pas que vous pouvez vous acheter l'OST officielle de Sword of Mana ici-même.

Rédigé par Delldongo, Dracohelianth, Memoircosmos, Natahem, Tennee, et Wolf le 4 décembre 2016

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