Yakuza 7 : Like a Dragon | |||||
La série des Yakuza, développée par SEGA, remonte à 2005 avec le tout premier
épisode sorti sur PS2. Elle se concentre à l’origine sur un personnage
principal, Kiryu Kazuma, et son développement dans le milieu de la mafia
japonaise. On peut compter 7 épisodes canoniques, de Yakuza premier du nom à
Yakuza 6 avec l’ajout d’un prélude (Yakuza 0), et de nombreux jeux dérivés.
C’est donc une grande franchise qui donne naissance à un nouvel épisode, Yakuza
: Like a Dragon (Yakuza LaD). Ce dernier marque toutefois un tournant dans la
série. D’une part, le jeu met en scène un nouveau personnage principal, d’autre
part l’aventure se déroule principalement dans une toute autre région. C’est
donc une bonne occasion pour de nouveaux joueurs de plonger dans la série. Mais
c’est surtout le changement de gameplay qui marque la plus grosse évolution : si
la licence était basée jusque-là sur un style beat-them-all, le nouveau venu
introduit un système RPG au tour par tour. Cette nouveauté est, selon les dires
de SEGA, un test pour la franchise. Une histoire de vilain garçon au grand cœur…
L’histoire débute en nous présentant Ichiban, un jeune yakuza du quartier de
Kamurocho, très dévoué à sa “famille” (au sens yakuza) et à son
patriarche. Son principal défaut est sans doute d’avoir un trop grand cœur, ce
qui l’empêche parfois d’accomplir ses fonctions de yakuza comme il le devrait.
Très rapidement, c’est paradoxalement son dévouement qui va conduire à sa perte
: son patriarche va lui demander de sacrifier sa liberté et sa position au sein
des yakuza pour sauver l’honneur de sa famille. Et voilà que notre bon Ichiban
se retrouve en prison pour de nombreuses années. L’histoire débute lentement, faisant une transition entre l’ancienne saga et la nouvelle (littéralement, puisqu’on commence à Kamurocho avant d’être envoyé Yokohama pour la suite), et introduisant peu à peu une multitude de nouveaux personnages. Certains viendront aider notre héros au grand cœur alors que d’autres se dresseront sur son chemin. Chacun des protagonistes ou antagonistes possède un background et une personnalité travaillés. Beaucoup sont issus de la basse société, celle dont on parle peu ou pas du tout (SDFs, prostituées, immigrants…), ce qui renforce l’originalité du jeu. Les intrigues se mettent en place au fil des chapitres, soulevant de plus en plus de questions auxquelles Ichiban va vouloir répondre. On se retrouve dans un mélange entre la saga Yakuza, avec ses scénarios pleins de tragédies, traitrises et rebondissements, et un J-RPG classique avec une bande d’amis qui décide de partir en lutte contre une force maléfique. Ce côté est d’ailleurs mis en avant de façon un peu humoristique, puisque Ichiban est présenté comme un fan de Dragon Quest, et la réalité se mélange souvent à son imaginaire de fantaisie (par exemple les ennemis, tous humains, prendront des apparences plus ou moins monstrueuses durant les affrontements).
Au final, Yakuza LaD nous offre une aventure intéressante bien que pas toujours
très intense (lorsqu’on le compare aux épisodes précédents). Le jeu fait la part
belle au côté “aventure entre potes” pleins de bonnes intentions. De plus,
l’attitude grand garçon assumée du héros (alors que, rappelons-le, il a quand
même la quarantaine) donne un ton plutôt léger à l’aventure. Bien sûr, on est
dans un univers Yakuza, ce qui implique une bonne dose de testostérone, des gros
muscles, des grosses voix et des affrontements virils. La gente féminine est
très peu représentée (bien qu’il y ait quelques personnages féminins importants)
et pour le côté romantique il faudra surtout se contenter de bromances. Cela
pourra plaire ou déplaire selon les goûts de chacun. Un dernier point à préciser : le jeu est très bavard. Les cutscenes ou discussions s’enchaînent parfois à un rythme incroyable et on peut même assister parfois à près d’une heure de papotage avant de reprendre le contrôle du jeu. Cela aide à mettre en place un univers et des personnages très riches, mais les joueurs allergiques aux longs dialogues pourront y voir un point négatif (notez qu’il est toujours possible de zapper les dialogues…). Une parodie de J-RPG La grande nouveauté de cet épisode est donc l’introduction de combats au tour par tour typiques des J-RPGs. Nous reviendrons sur ce système plus en détails dans la section suivante, mais pour l’heure, nous allons regarder les autres aspects liés à cette nouvelle orientation et inédits pour la série. Si le jeu prend place dans un univers contemporain, il introduit de façon très intelligente tous les aspects que l’on peut attendre d’un J-RPG de fantaisie sans pour autant faire un simple copier-coller. Chaque aspect a été pensé pour s’intégrer de façon réaliste ou parodique à l’univers Yakuza.
Tout d’abord il y a un système de jobs, grand classique des RPGs. Mais là, il
s’agit vraiment de jobs, qu’il faut aller décrocher au Pôle Emploi du coin
(appelé Hello Work dans le jeu), même s’ils ne correspondent en réalité pas tous
à des boulots réalistes. Chaque personnage possède un job unique et a accès très
rapidement à une liste d’autres possibilités (il y a toutefois une différence
entre ceux accessibles aux garçons et aux filles). Ichiban doit remplir
certaines conditions liées à sa personnalité pour accéder à certains boulots
(ces traits de personnalité sont présentés plus loin dans le texte). Les autres
protagonistes ont des conditions liées à leur affinité envers Ichiban, elle
aussi se développant au fil de l’aventure. On commence donc avec un choix limité
mais, très vite, on peut personnaliser les membres de notre équipe avec plus de
libertés. Un autre aspect nouveau pour la série est l’introduction d’une sorte de glossaire de monstres, typiques des RPGs. Là encore, il est introduit de façon un peu parodique à travers un savant fou qui veut cataloguer tous les types d’habitants que l’on peut croiser dans les rues en nous demandant de "tous les tabasser". Le “Sujidex” (référence au “Pokédex” de Pokémon) vous permettra donc de passer en revue tous les adversaires déjà rencontrés.
On retrouve aussi un système “d’invocations” par l’intermédiaire des “Acolytes”.
Grâce à son téléphone portable, Ichiban peut appeler au secours lors des combats
et recevoir de l’aide, généralement d’une personne mais parfois aussi d’alliés
plus… surprenants. L’effet varie en fonction de l’acolyte choisi, pouvant aller
d’une attaque sur tous les ennemis à un soutien pour tous les alliés. Si le
choix est très limité au départ, vous pourrez allonger votre liste d’acolytes en
accomplissant certaines quêtes tout au long du jeu.
Comme dans beaucoup de RPGs, le protagoniste principal doit être considéré comme
un héros. Pour l’aider à atteindre ce statut, Ichiban va avoir accès à une série
de quêtes à travers une agence spécialisée “Héros à mi-temps”. Cela va consister
à compléter de nombreuses missions pour améliorer la vie des habitants de
Yokohama. On retrouvera ainsi les missions classiques qui consistent à
collectionner un certain nombre d’objets, à vaincre certains ennemis ou encore à
porter secours à des personnes en danger. Yakuza LaD introduit donc de très nombreux aspects RPGs à son univers, de façon intelligente ou parodique, et de manière plutôt réussie. La baston au tour-par-tour Yakuza LaD abandonne donc le système beat-them-all de la série pour s’orienter vers des combats au tour-par-tour où vous contrôlez une équipe de quatre personnages maximum. Les affrontements se déroulent directement dans la ville, à l’endroit où vous rencontrez des ennemis (visibles quand vous vous baladez), avec une simple transition pour annoncer le début du combat. Les ennemis ont différents niveaux, qui sont affichés au-dessus de leur tête quand vous engagez le combat.
De façon générale, chaque participant au combat (allié ou ennemi) peut faire une
seule action avant de céder le tour aux autres, l’ordre d’action étant déterminé
par la vitesse des personnages. Certains combattants rapides pourront quand même
enchaîner plusieurs tours (notamment certains boss). Les tours peuvent s’enchaîner très vite, et les personnages sont toujours en mouvement, ce qui donne une certaine fluidité aux affrontements. Il n’y a pas vraiment de zone délimitée (sauf par les murs de l’environnement), ce qui veut dire que l’ensemble des combattants peut être amené à se déplacer peu à peu vers un autre endroit. Il est aussi possible d’utiliser certains éléments du décors pour attaquer. Par exemple, on peut envoyer un ennemi sur la route et avec un peu de chance il se fera renverser par une voiture, infligeant des dégâts supplémentaires. De même, si un vélo se trouve sur le chemin entre un personnage et sa cible, celui-ci pourra alors l'attraper ou frapper dedans pour s'en servir au moment de son attaque. Ichiban pourra même utiliser certains décors pour attaquer avec, augmentant la puissance de ses attaques. Cet élément est typique de la série, mais hélas ici il ne fonctionne pas très bien. En effet, on n’a aucun contrôle sur les déplacements de nos personnages, il est donc impossible de les placer stratégiquement vers des décors pouvant servir d’arme. Au mieux, il faut attendre que par hasard ils passent à portée d’un tel décor pour déclencher leur attaque. En plus, les objets balancés par nos héros sont parfois bloqués par d’autres éléments du décors ce qui les rend inutiles. Il faut aussi noter que les personnages sont parfois bloqués contre des murs ou incapables de franchir une barrière, et comme on ne peut pas les guider soi-même il faut attendre plusieurs secondes avant que le jeu les décoince. Heureusement que le jeu a été pensé pour palier à ce problème et ne se bloque jamais complètement. L’aspect des déplacements est donc un peu raté et c’est très dommage car les combats auraient mérité à intégrer des mouvements ou positionnements stratégiques. Le joueur reste constamment impliqué dans les combats grâce à un système de défense et d’attaque basé sur les touches (du style QTE). Lorsqu’un adversaire cible un membre de votre équipe, vous pouvez appuyer sur une touche précise pour parer au bon moment, ce qui limite les dégâts. De même, si vous utilisez une compétence, il faudra parfois appuyer rapidement sur “carré” ou appuyer au bon moment sur “triangle” pour augmenter l’efficacité de l’action. Ce système de touches s’avère utile pour se sentir impliqué dans les combats et ne pas se contenter de regarder l’action se dérouler.
A noter aussi qu’il est possible de mettre les combats en mode automatique (avec
quelques options pour privilégier l’attaque, la défense, ou un équilibre entre
les deux). Dans ce cas-là, vos personnages décideront tout seul de leurs
actions, mais le joueur devra quand même appuyer sur les touches d’action (si
besoin) pour améliorer les attaques.
Les combats sont dans l’ensemble orientés sur le comique/parodique. Le jeu ne se
prend pas trop au sérieux, et autant les armes utilisées (du sac à main à la
vieille canne en bois) que les actions déclenchées donnent un air léger aux
batailles, même quand celles-ci sont censées être plus importantes et marquer
des moments clés du scénario. Cela va avec l’esprit général plutôt léger du jeu.
Une équipe de bras cassés
Bien qu’Ichiban commence son aventure seul, il va très rapidement être rejoint
par d’autres personnages pour des motifs différents. Durant les quelques
premiers chapitres, 3 compagnons rejoignent notre héros, qui constituent le
noyau solide de l’équipe. Deux autres protagonistes se joindront à eux beaucoup
plus tard dans l’aventure, et un dernier personnage optionnel pourra être
recruté. Au total vous aurez donc accès à 7 combattants pour constituer votre
bataillon de combat (sachant qu’on ne peut en sélectionner que 4).
En dehors de leurs niveaux, chaque compagnon (sauf Ichiban) a aussi une jauge
d’affinité avec le protagoniste qui peut évoluer. Cette affinité augmente à
chaque fois qu’un personnage participe à un combat, quand vous vous rendez dans
un restaurant, ou en déclenchant des mini-dialogues lors de vos déplacements
dans la ville. Lorsque l’affinité atteint un palier, il faut alors se rendre
dans votre QG (un bar-karaoké de la ville) où vous pourrez participer à une
conversation avec le personnage en question. Cela permettra de débloquer le
palier et de pouvoir de nouveau faire évoluer l’affinité jusqu’au palier
suivant. Quant à Ichiban, il possède 6 traits de personnalités (Passion, Charisme, Gentillesse, Style, Intelligence et Confiance en soi) qu’il est aussi possible de faire augmenter tout au long du jeu. Ces traits évoluent par exemple en fonction des quêtes ou mini-jeux accomplis, ou encore en prenant part à certaines discussions (notamment selon les quelques choix de discussion effectués durant les scènes avec les compagnons). Leur utilité est avant tout de permettre à Ichiban l’accès à certains jobs. Ils servent en quelque sorte de qualification que notre héros doit posséder pour décrocher un nouveau métier. Les traits servent aussi parfois de condition pour accéder ou avancer dans certaines quêtes secondaires.
Vos combattants pourront aussi être équipés d’une arme (dont le type dépend du
job actif), de trois éléments d’armure (tête, buste et jambes) et de deux
accessoires dont les effets varient (ils peuvent donner des bonus de stats,
renforcer la résistance à certaines attaques, accroître l’expérience reçue dans
les combats…). Yakuza LaD offre donc un système assez flexible pour personnaliser notre équipe et nos combattants. On pourra regretter que les jobs ne puissent être changés qu’en se rendant au Pôle Emploi de la ville (alors que tout le reste peut être changé librement à n’importe quel moment). La vie à Yokohama Nous allons terminer cette review en parlant un peu de l’environnement dans lequel le joueur évolue. Il s’agit d’un monde semi-ouvert, essentiellement sous la forme d’un grand quartier de Yokohama. En réalité, le joueur sera aussi amené à explorer Kamurocho et Sotenbori (ce qui rappellera des souvenirs aux connaisseurs de la série), mais l’essentiel de l’aventure se déroule à Yokohama. Chaque quartier pourra être explorer le jour ou la nuit (sachant que l’on a aucun contrôle sur le passage du temps sauf vers la fin du jeu).
La ville est très développée, autant en termes de taille que de contenus. Elle
grouille de vie, de passants vacant à leurs activités, de voitures, de sonorités
en tous genres, le tout changeant en fonction du jour et de la nuit. Dans la
lignée des autres épisodes de Yakuza, l’ensemble est visuellement satisfaisant
et même si certaines textures ne sont franchement pas terribles la quantité de
détails sur chaque bâtiment suffit à compenser cet aspect. La modélisation des
personnages est également suffisamment réaliste pour retranscrire les émotions
convenablement.
Fidèle à la marque de fabrique des Yakuza, LaD offre au joueur une quantité
incroyable de mini-jeux et quêtes secondaires en tous genres. Certains mini-jeux
sont exclusifs au soft et permettent d’obtenir des récompenses utiles (comme
augmenter les traits de personnalité d’Ichiban ou son affinité avec certains
personnages, ou encore pour développer des ressources financières solides). Il
est très facile d’y passer de nombreuses heures pour obtenir toutes les
récompenses désirées, mais heureusement ils sont totalement optionnels (même si
certains sont utiles ou presque indispensables pour progresser efficacement dans
l’aventure principale). D’autres jeux consistent simplement en l’émulation de
vieux titres d’arcade de SEGA, ce qui pourra plaire à certains nostalgiques des
décennies passées. L’ambiance sonore n’est pas en reste non plus. Les bruitages de la ville permettent de rester en permanence plongé dans l’ambiance urbaine. Tous les personnages importants bénéficient de très bon doublages pour une grande partie des dialogues (il est d’ailleurs possible de choisir la langue audio, entre anglais et japonais, et la langue des sous-titres, incluant le français). Les musiques de combat sont très électriques et donnent la pêche. En dehors des combats, il y a peu de musiques d’ambiance. Elle n’interviennent qu’à certains moments clés des passages scénarisés, notamment lors des dialogues, et permettent de renforcer l’intensité des scènes. Le tout est de très bonne qualité, avec, il faut le noter, des reprises ou des thèmes proches des épisodes précédents. Le jeu plonge donc le joueur dans un univers réaliste et truffé de détails, ce qui devrait combler les fans d’ambiance asiatique. Il existe aussi quelques “donjons” optionnels qui offrirent encore plus de défis (ou d’opportunités pour gagner de l’expérience et des objets rares). Enfin, sachez qu’il est généralement possible de sauvegarder sa partie n’importe où en dehors des combats, sauf lorsque l’on est engagé dans l’exploration d’un lieu durant le scénario, ou dans un donjon.
Note attribuée : 18/20
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