Critiques
Final Fantasy V
Composé par :
Nobuo Uematsu
Arrangé par :
Shirou Satou
Interprété par :
-
Sortie :
24.09.1994

L'aventure des « Piano Collections » se poursuit avec ce deuxième album venant après l’expérimentation réussie sur l’épisode précédent. Toutefois, tiré d’une des OST les plus remarquables de Nobuo Uematsu, cet album a subit une carrière plus ou moins chaotique, allant même jusqu’à la méconaissance. Si l’écriture se veut plus complexe et les arrangements globalement plus travaillés que pour l’épisode 4, l’ambition est encore ici de coller au plus près des musiques originales.

01 - A Presentiment

Ce morceau, sorte d’ouverture calme et sereine, tout du moins dans son début, laisse néanmoins flotter un sentiment étrange d’attente. La deuxième partie, constituée de trilles et de vives appogiatures, expose en réalité le thème principal du jeu. Thème qui reviendra très souvent dans l’album. Sa grandiloquence est très bien rendue au piano par de longues notes graves. Après quelques accords dissonants et répétés, arrive tranquillement, à nouveau, le thème principal, qui fera d’ailleurs l’objet d’une pièce à lui tout seul par la suite. Tout en retenu, cette première piste début magnifiquement l’album et a le mérite de donner le ton général de l’ensemble.

02 - Tenderness in the Air

On reste dans le même caractère avec ce morceau tendre, qui débute curieusement par la répétition de la même note (do) huit fois de suite. Si vous suivez attentivement cette note, vous vous apercevrez qu’elle continue à se répéter pendant un moment, la mélodie venant juste se greffer au dessus. Les harmonies douces et mélancoliques, à peine effleurer par quelques notes aiguës s’enchaînant avec un naturel réconfortant. Tout est suave dans ce morceau, mais sans jamais tomber dans la mièvrerie. La preuve avec la partie centrale, plus rythmée, que le pianiste prend bien garde jouer avec la même délicatesse, et amène ainsi la reprise de la première partie, qui se voit augmentée de nouvelles harmonies, plus profondes. La conclusion reprend la même note répétée qu’au début, qui s’éteint, presque sans conclure ce petit instant de poésie.

03 - Harvest

Ce qui va devenir la traditionnelle partie « jazzy » des « Piano Collections » est ici une pièce qui tranche totalement de deux précédentes. Mais comment ne pas apprécier l’humour omniprésent et l’apparente simplicité révélant la clarté des lignes mélodiques. La partie centrale, beaucoup plus swinguée est débordante d’énergie et de plaisir. Le retour de la première partie (dans une tonalité différente qu’au début) se conclut, mais c’est une fausse fin, car, non sans humour, une petite coda vive rappelant le piano-bar de western termine ce joyeux passage dans l’album, ce qui, vous le verrez, n’est pas si fréquent.

04 - Ahead on Our Way

C’est le thème principal du jeu. Il est exposé très simplement, sur des accords plaqués à la main gauche. C’est avec la même douceur qui caractérisait déjà la seconde pièce que le thème continue comme des espèces de petites variations. Un passage légèrement plus animé, constitué d’arpèges, apporte une conclusion inattendue à cette pièce finalement relativement courte et dont l’arrangement aura eu le mérite de ne pas en faire trop.

05 - Critter Tripper Fritter !?

Véritable coup de folie pianistique, le fameux thème des Mogs se compose de dissonances marquées et de passages incontrolâbles, où le pianiste doit notamment jouer des coudes ( !) Malheureusement, au niveau de l’interprétation, le pianiste entreprend la pièce bien trop lentement et ne semble pas pouvoir tirer parti des extravagances de la partition. Ou peut-être a-t-il voulu privilégié une sorte de timidité et un certain calme propre à l’album ?

06 - My Home, Sweet Home

Une des plus belles pièces de l’album assurément. Le thème, mélancolique et rêveur, est mis en musique d’une manière très pianistique. La seconde partie, sorte d’improvisation libre contraste par sa dureté mais amène l’épisode central, sublime et éthéré sur son nuage d’accords arpégés, créant une ambiance nordique, immobile et magique. Chose assez rare, le thème est ensuite confié à la main gauche pour amener sa reprise. La courte conclusion est étrange, presque sans but, mais l’ensemble constitue un petit chef d’œuvre. Là encore, on pourra quand même regretter la lenteur de l’interprétation un peu exaspérante ainsi que le ton un peu neutre qui transparaît derrière une partition aux mille couleurs.

07 - Mambo de Chocobo

Ce mambo est la plus belle surprise de l’album. En dépit d’un pianiste qui ne donne pas l’impression de s’amuser autant que nous, la légèreté et le ton joyeux tout du long, apporte un vent de fraîcheur incontestable dans l’album. Les cris de chocobos, pourtant notés sur la partition, brillent par leur absence : qu’on aurait apprécié un interprète moins guindé et plus libre dans son expression …

08 - Lenna’s Theme

Une petite rareté dans la jungle des « Piano Collections », Lenna’s Theme est en effet un petit canon très simple, laissant la magie de la musique opérée toute seule. La deuxième partie est plus enrobée d’accords légèrement dissonants qui accompagnent le thème avec grâce et élégance. Remarquez, en guise de conclusion, l’utilisation du thème principal du jeu. C’est déjà la troisième fois qu’on le rencontre dans l’album. Après l’épisode des chocobos, cette pièce renoue donc avec l’atmosphère douce et légèrement inquiète, caractéristique de l’ensemble de l’album.

09 - Music Box

Voici une pièce bien difficile à cerner, d’autant, qu’une fois de plus, l’interprète ne semble pas rendre hommage à la partition. Même s’il s’agit d’une musique de boîte à musique, donc relativement simple et rêveur, on aurait pu s’attendre à un peu plus d’énergie. Après la première exposition, la seconde partie s’impose dans le mode mineur, c'est-à-dire un changement radical d’atmosphère. Mais la monotonie du rythme, ainsi que sa lenteur, doublée de forts ralentissements peu bienvenus, font que la pièce ne parvient jamais à décoller, ni à donner l’impression de délivrer son message.

10 - Battle with Gilgamesh

Le morceau épique, le thème de bataille, est d’une remarquable concision, et se révèle une des meilleures pièces de l’album. Le rythme allant est donné d’entrée de jeu par une simple main gauche. La finesse de l’écriture est ici remarquable : notes piquées, accents, crescendi, tout doit être joué très finement et surtout respecté à la lettre. Après une descente chromatique dissonante, la partie centrale du morceau est écrit tout en délicatesse, bien que sur le même rythme à la main gauche. On remarquera ici l’utilisation de la pédale. Le retour au thème, rapide et échevelé, entrecoupé de forts accords plaqués, amène une conclusion en forme de choral grandiose.

11 - Waltz Clavier

L’humour et la légèreté reprennent place ici, pour une petite valse presque romantique, mais qui va, avec le temps, comme se dérégler avec des « fausses notes » qui font leur apparition d’une manière très amusante. La partie centrale fait la part belle au style jazzy pas si courant dans des morceaux classiques des « Piano Collections ». On pourra juste regretter ces deux gammes par ton totalement déplacé, juste placées ici en guise de remplissage, peu convaincant.

12 - Dear Friends

Comme une sorte de romance sans parole, ce morceau aux forts accents de nostalgie possède des harmonies douces et suaves qui résument à merveille l’ambiance générale de l’album. Ce n’est sans doute pas par hasard que Uematsu ait par la suite choisit ce titre « Dear Friends » pour l’album arrangé et une série de concerts qui auront lieu plus tard. La partie centrale de la pièce, tout en arpèges, produit un sentiment de légèreté et, paradoxalement d’inquiétude, contrastant nettement avec la première partie tout en accords à quatre voix. La reprise de cette partie, pour conclure et augmentée de quelques notes et de quelques changements d’octaves, mais le tout reste d’une infinie beauté.

13 - The New Origin

Le thème de fin débute d’une façon prometteuse, des voix apparaissant en contre-chant, toujours dans le calme et la sérénité de l’album (presque) tout entier. Malheureusement, la suite n’est plus que de l’étalage d’un matériel musical plutôt pauvre, qui aurait pu tenir en beaucoup moins de notes. La seconde partie apparaît plus animée grâce aux inquiétants trilles de la main gauche. Ensuite, une montée chromatique, suivit d’une descente fulgurante, nous laisse indifférent et incompréhensif. En revanche, la conclusion, magistrale, mais un peu trop longue sans doute, termine cet album si particulier avec brillo.

Les bonnes intentions sont évidentes, mais parfois cela ne suffit pas, surtout pour l’interprétation. S’il n’y a pas réellement de mauvaises pistes, on sent que la volonté de vouloir faire « plus » en comparaison du 4 a été plus un handicap qu’un bienfait. Cependant l’atmosphère générale de l’album, fait de douceur, de calme, mais aussi d’une légèreté neutralité un peu pesante à la longue, est globalement une réussite et fait de cet album une réelle curiosité dans la série des « Piano Collections ».

Rédigé par Delldongo

Il y a des choses qu'on "doit" faire, c'est tout., Lightning, Final Fantasy XIII Thèmes
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