Critiques
Final Fantasy X-2
Composé par :
Noriko Matsueda
Takahito Eguchi
Arrangé par :
Noriko Matsueda
Takahito Eguchi
Hiroko Kokubu
Masahiro Sayama
Febian Reza Pane
Interprété par :
Shinko Ogata
Hiroko Kokubu
Masahiro Sayama
Febian Reza Pane
Sortie :
31.03.2004

Quelques informations de bases

C'est un album particulier à plus d'un titre. d'abord, c'est la première fois qu'aucun compositeur « historique » de la saga ne figure parmi la quantité de musiciens ayant participé au CD. Pas de N. Uematsu, M. Hamauzu, S. Hamaguchi, par exemple : c'était déjà le cas dans l'OST du jeu. On pouvait donc s'attendre à un changement radical de style.
Le deuxième point particulier de cet album concerne l'interprétation. Exceptés trois titres, les arrangements sont joués par le compositeur lui-même, ce qui n'était pas le cas dans les précédents albums où un pianiste était invité à jouer l'album dans son intégralité. Enfin, dernier chose amusante, le titre est très légèrement différent des albums antérieurs, puisque le mot « Collection » a été amputé de son « s » terminal. Peut-être une manière de ne pas totalement ranger cet album dans la continuité des autres.

Pas moins de cinq musiciens ont participés à l'album (sans compter la pianiste S. Ogata pour certaines pièces) pour un total de douze pistes, raison pour laquelle j'ai réparti les pistes suivant l'arrangeur et non par ordre de la "tracklist".

Je m'excuse d'avance pour les petits détails purement techniques que je vais donner (je vais essayer d'en mettre le moins possible), et qui ne diront certainement pas grand-chose à la plupart d'entre vous, mais qui intéresseront, je pense, ceux qui connaissent et qui pratiquent la musique quotidiennement. Pour information, je rappelle que les partitions de cet album seront bientôt disponibles en téléchargement sur ce site.

Noriko Matsueda et Takahito Eguchi

Ce sont les compositeurs de l'OST. On doit à Matsueda l'OST de « Bahamut Lagoon » notamment, ce qui n'est pas rien. Quant à Eguchi, il a rejoint sa collègue et amie pour d'autres OST notamment « The Bouncer » et donc pour cet opus si particulier de Final Fantasy. Ces deux compères travaillent souvent ensemble et leur style semble assez proche : jazzy et assez moderne, ce qui marque une certaine rupture avec l'ambiance des précédents jeux.

01 - Seal of the Wind ~The Three Trails~

Ne cherchez pas cette musique dans le jeu : elle n'y figure pas, en tout cas pas dans notre version européenne. On trouve cette musique (également jouée au piano) dans l'OST de la version « International + Last Mission » (uniquement sortie Japon, comme ne l'indique pas le titre). C'est la meilleure piste de l'album. Son caractère nostalgique et rêveur est un pur délice, notamment dans les deux premières pages. Ensuite, le thème s'anime en triolets tout aussi mélodieux. l'épisode central est plus brutal, car joué forte mais on revient vite à la mélancolie si douce du début du morceau, avec quelques variations bienvenues à la main gauche. Petit détail purement technique, la tonalité est très inhabituelle : la bémol mineur. Je lance un avertissement aux pianistes qui aurait des difficultés pour lire les sept bémols situés à la clé, car il serait tentant de transposer en la mineur. Surtout gardez-vous en ! Le morceau est beaucoup plus aisé pour les doigts (en fait on ne touche quasiment que les touches noires) dans sa tonalité d'origine.

08 - Nightmare in a cave

Voici une musique très différente des autres. d'abord par sa longueur (à peine plus d'une minute). l'introduction, très libre et d'inspiration néo-classique (baroque serait plus juste), rappelle les grands concertos romantiques du début du XXème siècle. Vient ensuite un joli thème, mais qui n'est pas développé car il nous ramène immédiatement à l'ambiance très libre du début avec une longue gamme chromatique s'échouant dans l'aigu du clavier. Et après, encore une nouvelle idée, qui tranche par con caractère brutal, mais une fois de plus ça ne dure pas. Après un accord dissonant, tout ce petit monde se retrouve dans le grave, par le même procédé que précédemment, à savoir une gamme chromatique, mais descendante cette fois. Cette piste regorge donc d'idées et, selon moi, elles auraient largement méritées d'être plus développées (notamment l'épisode central). On reste un peu sur notre faim et on se dit « Quoi c'est déjà fini ? ». On peut noter que le morceau est repris presque intégralement dans l'OST, mais il est alors suivit d'un petit épisode orchestral assez inquiétant, ce qui, il faut bien le dire, n'est pas trop le cas pour cet arrangement.

11 - Epilogue ~Reunion~

Voici la deuxième meilleure piste de l'album. Elle reprend en fait le très beau thème de l'île de Besaid, même si la piste de l'OST existe aussi avec ce nom, mais elle ne fait que reprendre le thème de Besaid. Cette fois-ci, il s'agit d'un véritable arrangement, bien que très fidèle, puisque la musique originale est entièrement orchestrale. Les changements de tonalité sont fréquents et le thème est utilisé et accompagné de différentes manières. Ca commence assez simplement (la majeur), puis l'accompagnement se fait plus régulier lorsqu'on change radicalement de couleur (fa majeur). La seconde partie du thème est ensuite donnée sur un accompagnement plus rapide (en triolets) : on sent qu'une sorte de mouvement se met en marche. Et en effet, allant de plus en plus fort, de grands accords ne tardent pas à venir à la main droite. Un retour au calme plutôt bienvenu conclue cette première partie. Ecoutez la note très très grave (c'est un do), elle marque le début de la partie médiane du morceau, partie d'inspiration beaucoup plus libre mais assez courte qui revient avec élégance au thème principal (cette fois en sol majeur, tonalité qu'on ne quittera plus). La dernière partie reprend le schéma de la première : le thème est d'abord exposé plutôt simplement, puis s'anime petit à petit, jusqu'à de belles envolées où la main gauche effectue de grandes gammes rapides (et assez difficiles). Ensuite, nous avons droit à une conclusion brillante, avec notamment une série d'accords réguliers qui occupent tout l'espace du clavier, ce qui est, ma foi, du plus bel effet. En résumé, cette pièce est une vraie réussite qui réussit le pari de retransmettre toute la beauté et la poésie de l'original dans un vrai arrangement pour le piano.

Hiroko Kokubu

C'est une pianiste de jazz, apparemment assez réputée, mais qui fait sa grande apparition dans le domaine de la musique pour jeux vidéos. Une bonne raison pour voir (ou plutôt entendre) sa production dans cet album.

02 - Yuna's Ballad

Le thème est repris de l'OST. Déjà dans un style jazz, cette pièce convenait donc tout à fait aux capacités de Kokubu. Elle reprend le début de la pièce quasiment tel que, mais elle s'écarte rapidement du thème original dans une sorte d'improvisation assez réussie qui dure environ deux pages. Puis on retrouve le thème dans la dernière page. Un morceau tout à fait agréable donc, même s'il n'a rien de vraiment transcendant.

05 - Calm Lands

Voici un morceau qui dit exactement le contraire de son titre. Après une introduction effectivement assez calme, la main gauche amène le rythme qui ne va pas quitter le morceau. Une frénésie, non communicative dans mon cas, s'empare alors de la pianiste-arrangeuse, mais en cela, elle reste assez fidèle à la musique d'origine, sans grand intérêt. Et horreur suprême : le morceau se termine en fade-out, comme si elle était incapable d'imprimer une fin à ce mouvement perpétuel (qui pourtant possède bien un fin sur la partition ?).

10 - 1000 Words

Le morceau de l'OST étant à mes oreilles insupportable, J'étais curieux de voir ce que cela pourrait donner au piano. Je dois reconnaître que le début est tout à fait honorable, tout dans l'aigu du clavier. Les choses commencent à se gâter après une minute, chose effrayante quand on songe que le morceau dure près de six minutes. Vers le milieu du morceau, on trouve malgré tout un passage très intéressant (toujours dans l'aigu du clavier) car il s'éloigne suffisamment du « thème ». Malheureusement, cela ne sert qu'à l'introduire de nouveau avec plus de force. Tout cela manque cruellement de finesse et de poésie. Un vide que même les tentatives de la dernière page ne viendront pas combler. Ce morceau était bien sûr un passage obligé, et on peut dire que la pauvreté de la pièce provient plus de l'original que de l'arrangement lui-même. Mais ça aurait pu durer moins longtemps ?

12 - Eternity ~Memories of Lightwaves~

Comme c'est l'équivalent de l'ancien « Prélude », je peux dire que J'attendais avec impatience cet arrangement. Le morceau de l'OST est assez beau, calme et envoûtant. Première constatation : une introduction étrange, mais plus que réussie amène le thème. d'abord on entend seulement l'accompagnement de la main gauche, puis petit à petit, très finement le thème prend sa place, grandit et s'impose, assez fidèlement à l'original, jusqu'au milieu de la troisième page (le morceau en comprend six). La partie suivante est plus libre encore, mais très belle et rêveuse. Au tout début de la quatrième page, on retrouve la mélodie, un peu cachée, et le tout s'anime. C'est assez bien au début mais ensuite, ça devient un peu brouillon, et on n'y comprend plus grand-chose. Kokubu choisit cet instant pour redonner le thème d'une manière un peu majestueuse, accentué par le fait que la métrique est passée du 6/8 à un 4/4 plus traditionnel. Ce n'est pas du tout mauvais au début, mais malheureusement la suite est un vrai calvaire pour les oreilles. Comment gâcher avec une telle dureté d'écriture un morceau si beau et touchant ? C'est un contresens total, d'autant que tout ceci dure sur plusieurs pages. Alors quand le thème revient, forte, on dit « Stop », et, en effet, l'intensité décline légèrement (enfin !), mais la musique stagne dans une brume peu convaincante.

Masahiro Sayama

Autant vous le dire tout de suite, on ne sait pas grand-chose sur lui, si ce n'est que c'est dans le jazz qu'il a trouvé sa voie avec trois albums solos. Passé cet instant hautement instructif, voyons tout de suite sa contribution dans cet album qui s'élève à quatre arrangements.

03 - Paine's Theme

Du jazz ? Mais cela ne nous surprend donc pas, étant donné le C.V. de Sayama. Après une introduction plutôt calme, mais sans réel caractère, la fin de la première page offre quelques mesures intéressantes, car déjà beaucoup moins convenues. Et patatra, nous revoici dans un jazz d'école peu enthousiasmant, ressemblant de loin à du Dave Brubeck. Par moments, des mesures intéressantes arrivent à faire quelques percées, mais c'est trop peu pour rendre cette pièce intéressante. Au moins Sayama aura-t-il eu le mérite de faire court ?

04 - Creature Creation

Cette fois, c'est sans aucune introduction qu'on entre dans le vif du sujet. Le morceau est construit, si l'on peut dire, d'une façon rectiligne avec un seul accompagnement répété tout le long, et rarement interrompu. La main droite, par ailleurs fort complexe à exécuter, est une libre improvisation (autour de quoi, ça reste un mystère) qui atteint son apogée vers la moitié du morceau : un délire pas vraiment utile dont on se serait bien passé. Encore une fois, on ne peut louer l'auteur de cet arrangement que pour son habileté à faire court pour vite passer à autre chose ?

06 - Zanarkand Ruins

Les premières mesures sont ravissantes, nous faisant découvrir la beauté de ce thème si mal exploité dans l'OST. Le reste du morceau va suivre avec. Enfin, nous avons droit à des ruptures porteuses de sens, des notes piquées judicieuses et expressives, et à des accords simplement posés sur le clavier, car ils sont touchants, juste comme ça. Sayama s'écarte peu du thème d'origine, et c'est tant mieux. Et encore une fois, il ne s'étend pas en longueur, il ne fait pas dans l'inutile : Sayama possède un sens indéniable pour ne pas lasser son auditeur.

07 - Akagy Party

Curieux choix que ce thème pour un arrangement, mais quel bon choix, et surtout quel bon arrangement, le meilleur de Sayama sur cet album, et de loin. Le thème est d'abord exposé, tout simplement, tel un choral, puis tout change avec cette basse dynamique, qui fait qu'on aurait plutôt l'impression de se retrouver du côté des Negro Spirituals. Ceci continue joyeusement pendant une page, et un petit miracle de modulation se produit alors, qui provoque un changement de couleur merveilleux, et c'est à cet instant précis que le thème revient dans sa version simplifiée, puis carrément majestueusement, avec des accords remplis qui envahissent tout le clavier. Puis après un silence, une montée dramatique amène le thème, mais cette fois à la main gauche (écoutez bien, car c'est assez difficile à discerner), chose très rare, voire unique, dans cet album. Sayama continue brillamment le morceau, se payant le luxe de casser une corde de piano dans l'aigu tellement il tape fort sur la touche. Mais, raffinement suprême, le thème est donné une dernière fois dans une atmosphère de béatitude pour le moins excellente.

Febian Reza Pane

Encore un jazzman japonais, dont la discographie se limite à un seul album à ma connaissance. Son travail sur ce CD collectif (je parle du présent « Piano Collection ») se limite à un seul titre. Pourquoi pas, alors voyons le résultat :

09 - Demise

Trois notes, extrêmement grave, débute le morceau d'une manière inattendue, mais nous laisse présager du meilleur : le bonhomme sait faire naître une attente avec seulement trois notes. Les mesures suivantes nous confortent dans cette idée. Plus qu'un thème, Pane créé véritablement une atmosphère d'attente presque impressionniste. Le thème surgit pour repartir aussitôt au milieu de brumes dans l'aigu du clavier. Tout cela est très raffiné, et la musique se poursuit ainsi, jusqu'à ce que on se retrouve par magie dans le grave du clavier, sans qu'on n'y voit rien. Ce monsieur est un magicien. Il parvient aussi à répéter inlassablement la même tournure rythmique et mélodique sans jamais nous lasser. A la fin de la septième page, de merveilleux triolets nous ensorcellent comme savaient si bien le faire les maîtres romantiques du passé. La dernière page est plus que curieuse, car rien ne laisse présager que le dernier accord signifie la fin du morceau, mais c'est sans doute beaucoup mieux qu'une fin en fade-out. Certains d'entre-vous auront tout de même reconnu quelques éléments de « Nightmare in a cave » du présent album, notamment cette mélodie que je désirais tant voir développée. Me voilà servit avec bonheur par un arrangeur qui aurait mérité une place beaucoup plus conséquente sur cet album.

En résumé

Il y a un peu de tout dans cet album, mais surtout du jazz quand même. l'esprit de la série un peu absent, mais en cela, cet album ne diffère guère de l'OST. La qualité très libre et fluctuante des arrangements, le choix des musiques (mais on s'imagine qu'il a du être difficile de trouver des thèmes exploitables), l'interprétation parfois, certaines longueurs et un style parfois tape-à-l'oeil m'inspirent un sentiment plus que mitigé. Au final, seules quelques pistes (trois en fait, la 1, la 9 et la 11) méritent vraiment le détour, sans que les autres soit réellement mauvaises, mais tout simplement un peu hors de propos dans la longue et ancienne tradition des « Piano Collections ».

Rédigé par Delldongo

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