Critiques
The Black Mages II
Composé par :
Nobuo Uematsu
Arrangé par :
Tsuyoshi Sekito
Kenichiro Fukui
Michio Okamiya
Interprété par :
-
Sortie :
22.12.2004

Uematsu...ces quelques lettres suffisent à faire brûler dans les yeux des joueurs une flamme dévorante d'émotion. Il est de ces gens qui incarnent bien plus qu'une idole dans le coeur des fans, c'est ici le cas du magicien Nobuo Uematsu. Auteur de bijoux à foison, il est celui qui a insufflé à pléthore de jeux la vie qu'il tient entre ses mains, son âme. En effet, qui pourrait oublier l'audacieux final theme d'FF IV, ou de son ainé, VIII ? Qui pourrait se remémorer Final Fantasy IX sans songer à son battle theme anthologique ?
Mais le grand homme qu'est Uematsu est allé bien plus loin. Outre les Piano Collection et autres Arranges ayant pu voir le jour, un projet Squaresoft s'est dessiné en 2002 et concrétisé en 2003, «The Black Mages», reprenant les plus grands chef-d'oeuvres de la saga Final Fantasy dans un son résolument rock. Cet opus remportera son petit succès, bien que qualifié de «formaté» ou encore de «trop synthétique».
C'est finalement suite à un concert battant son plein que l'héritier du projet voit le jour fin 2004. «The skies above», plus affiné que son prédécesseur, sera-t-il le digne épigone que l'on attendait tant ?...

1. The Rocking Grounds (Final Fantasy III)

On commence par le battle theme du jeu, donc, rebâtisé «The Rocking Grounds» pour l'occasion. Petite intro à la guitare sur fond de synthé qui contraste clairement avec la version d'origine, lancée, elle, au bout de quelques secondes. La piste change de tempo peu de temps après mais reste nettement plus lente que son ancêtre. On sent la mélodie qui se découvre petit à petit, se dévoilant au bout d'une minute déjà. Ladite mélodie est ici décomposable en deux parties distinctes, jouées respectivement par une guitare électrique puis un synthé – mélange, soit dit en passant, toujours aussi redoutable. On peut remarquer néamoins que cette plage compense sa lenteur nouvelle par une partie batterie assez travaillée, efficace et variée. Ca fait plaisir. Notre mélodie reviendra plus tard en réponse à un solo, plus aérienne et pointue que jamais, avant d'être reprise de main ferme au synthé et à la guitare simultanément. Le résultat est très satisfaisant. C'est sur quelques notes récupérées de l'intro que s'achève «The Rocking Grounds». Ca commence en tout cas très fort..

2. Zeromus (Final Fantasy IV)

On retrouve ici cette intro qui se présente globalement de la même manière sur les deux versions, bien que celle-ci soit plus lente, lourde et puissante, perdant ainsi un chouilla de la noirceur originale. Les guitares grincent au second plan, non sans renforcer la profondeur de cette entrée en matière. Le thème est lâché une vingtaine de secondes plus tard dans un rythme endiablé. C'est poignant. Hop, un petit solo de guitare pour la route, avec un fragment de l'intro pour la fermeté. Etrange tout de même, cette version est à la fois proche est si distante de la première. L'esprit magistral de final theme est en tout cas bien présent. Petit passage ensuite compris dans les deux interprétations, ça résonne comme des échos...le temps presse. S'enchaînent pour finir soli de guitares et retour de thème. On peut reprocher une structure basique en somme, ça n'en reste pas moins du très bon.

3. Vamo' Alla Flamenco (Final Fantasy IX)

Aaah ! Oooh ! Les premières notes de «Vamo' Alla Flamenco» feront certainement ressurgir en vous des images de votre fidèle destrier à travers mers et montagnes. C'est l'émotion. Intro qui n'a pas changé d'un poil, double guitare sèche sur une note de synthé. Puis cette mélodie. Ah, cette mélodie. Sans grande surprise ici, travaillée à la guitare électrique. Les rythmes sont toujours très pertinents, c'est d'ailleurs le cas de l'album au complet, plus besoin de radoter. Si la piste a gardé son côté entraînant, elle a par contre complètement perdu ses airs espagnols et aspects ensoleillés. Quoique. Petit interlude plus traditionnel au coeur de la musique, alliant guitare sèche cette fois, et tambours. On retrouve enfin l'ambiance première de la piste. Le thème principal reprend vite le dessus, orchestré ici au synthé. Deux petits solo électriques pour finir ; le premier sur un ton de fête foraine, le second servi d'un esprit rock. On termine en douceur avec une reprise du thème sans prétention, à la guitare sèche.
Un arrange au final qui pouvait paraître osé, il s'avère pourtant bourré de richesse.

4. Hunter's Chance (Final Fantasy IX)

On continue avec FFIX. Intro quasi-innexistante, on attaque immédiatement la mélodie jouée de la main d'un dieu à la guitare électrique. «Hunter's Chance» ne se fait pas attendre pour démontrer sa fidélité à la version console, c'est frappant.
Outre un duel synthé-guitare, certes momentané, mais suffisament innatendu pour y porter attention, nous pouvons assister tout au long du morceau à un jeu constant entre le grave et l'aigü mené avec maestria. Plus loin dans la piste se démarque un passage parvenant tant bien que mal à calmer les ardeurs, posé sur 4 notes de synthé successives couplé d'un rythme lent et régulier de batterie. Viendra s'ajouter le piano dans un second temps pour renforcer la sérénité de l'intermède. «Hunter's Chance» reprendra vite ses marques pour clore en beauté cette oeuvre dirigée de bout en bout avec une grande dextérité.

5. Otherworld (Final Fantasy X)

Pour commencer, il me semble utile de préciser que ce morceau possède déjà un esprit de hard rock très imposant et lourd dans sa version originale. Uematsu a cependant réussi à en faire un arrange qui sent le neuf. Voyez plutôt. La piste débute sur ce que l'on avait déjà à la base, une petite intro piquante comme on les aime. On remarque immédiatement la partie guitare bien plus fine et travaillée, un bon point. C'est seulement une trentaine de secondes plus tard que le changement majeur sort de son trou. En effet, la voix essoufflée, voire murmurée et inaudible originalement collée à «Otherworld» a été remplacée par une voix de...chanteuse. Très bon choix de la part de notre ami Nobuo, donnant ainsi une toute autre dimension à la piste, envolée et épurée sur le coup. Passage parlé au coeur de la piste conservé, bien que la présence de KAZKO fasse disparaître tout côté sombre à la chose.
3 minutes et des poussières, nous avons ici le morceau le plus court de l'album. C'est bien dommage, car «Otherworld» est une grande réussite.

6. Matoya's cave (Final Fantasy I)

Voilà que notre ami Uematsu nous ressort une mélodie de derrière les fagots. «Motoya's Cave» possède pourtant un énorme potentiel et ne manquera pas de vous émouvoir. La première chose que l'on remarque, c'est cette intro – et pas des moindres - qui n'existait pas dans Final Fantrasy I. Il faudra patienter une trentaine de secondes avant de pouvoir véritablement mettre les pieds dans le plat. Le voilà, notre thème. Le voilà, remis au goût du jour. La guitare sèche transmet ici beaucoup de choses. C'est léger, planant, simplement beau. Retour du thème à l'électrique cette fois, soudaine rupture avec le côté berceuse / enfantin que pouvait prendre cette piste, notamment l'originale. Le résultat est en tout cas poignant à souhait. On change soudainement d'ambiance, passant du rock mélodieux à un style plus blues/jazzy/gospel très surprenant. Allez-y mes amis, dansez, la musique est là pour ça. Cette pause s'efface moins d'une minute plus tard pour une ultime reprise du thème qui insiste sur le double côté de la piste, légère et énergique. Du grand art.

7. The Man with the Machine Gun (Final Fantasy VIII)

Et un bond dans le temps, un. Nous voilà en plein 8eme épisode sur une piste ayant marqué beaucoup de joueurs, de part son impétuosité, son rythme frénétique, son charme dans la linéarité. Attention, nous tenons ici une grande oeuvre : à ne massacrer sous aucun prétexte. Le changement saute aux yeux dès les premières secondes, c'est presque méconnaissable. À Noter que «The Man with the Machine Gun» est le seul remix de l'album à surpasser son aîné sur le plan tempo. Survoltée et véhémente, la musique ne manque pas de rappeler la bande son d'F-Zéro. Étonnante ressemblance. La piste continue de tourner et la comparaison avec la version PSone n'est toujours pas envisageable. Seul le thème – qui, au passage, apparaît nettement moins souvent qu'à l'origine – ressort au milieu du reste. La piste n'a pourtant pas pris une seule ride. C'est beau, surprenant, talentueux, dépaysant, techniquement irréprochable...que demander de plus ?

8. Maybe I'm a Lion (Final Fantasy VIII)

On reste sur la lancée Final Fantasy VIII avec cette autre piste. 10 secondes passent, il n'en faut pas tellement plus pour constater que «Maybe I'm a Lion» a pris un énorme coup de jeune. Soit. Une voix scande soudainement le doux nom précédemment cité, et c'est parti. Première remarque : où est cette ambiance rituelle au beau milieu d'une jungle, ce rugissement, ce mélange de styles ? A pu. Ici, on laisse place sans surprise à du gros rock bien lourd et bien déjà vu. Oui, hein, ça reste du très bon, mais c'est le simple sentiment d'avoir entendu ça des dizaines de fois ces dernières années, avant fin 2004. Ce passage ne durera pas éternellement (ouf), laissant place à quelque chose de bien plus original, entre thème d'origine, solo et synthé, qui tient d'ailleurs sans déplaire un grand rôle dans l'oeuvre. Et puis là, on approche de la troisième minute, qui est une petite perle d'ingéniosité, bourrée de bonnes idées et de talent. Vraiment. S'ensuit pour boucler le tout une bonne petit reprise du thème. L'enchaînement passe très bien. Un coup de gong referme cette plage, ô combien brillante et admirable.

9. Battle with the Four Fiends (Fianl Fantasy IV)

Retour en arrière, nous revoilà avec un petit bijou de Final Fantasy IV. La mince intro, sur la première version comme sur la seconde (oui, ce sont les mêmes) lance sans plus attendre sa proie dans un monde angoissant mémorable. «Battle with the Four Fiends» conserve bien des attraits originaux au niveau des sensations produites, mais parvient tout de même à proposer son lot de nouveautés. C'est très varié, il faut le dire, que ce soit au niveau de la structure générale, des riffs, des mélodies, des rythmes, des instrus (grosse présence de basse tout de même), du jeu de synthé, etc. C'est en somme une version très subtile que nous avons ici, qui vous plongera dans son univers du début à la fin. Un grand moment à la hauteur de son aîné.

10. The Skies above (Final Fantasy X)

On attaque l'avant-dernière piste. Qui pourrait prétendre ne pas avoir été marqué par tant de douceur, de pureté. Cette mélodie à se damner, cette tristesse, cette mélancolie. C'est avec crainte que se fait l'abordage de cet arrange. 10 secondes, puis 20, puis 30... Mais...mais...rien n'a changé ? Tout est certes plus lisse, plus fluide, plus fort par moment, mais aucune véritable nouveauté. On croirait voir l'ovni de l'album. Boutade. Il suffit d'une minute pour toucher ce à quoi il fallait s'attendre. Un son de très bonne facture qui suit vaguement le thème de base ; fond sur lequel a été rajouté une voix masculine, qui, personnellement, m'est insupportable. C'est probablement trop d'amour propre pour «To Zanarkand» première du nom, mais cette piste est certainement celle qui passe le moins. La qualité est pourtant bien présente ; à noter un petit interlude au coeur de la plage qui s'étale sur une minute. Tout simplement génial. Mais doux jésus, nous sommes si loin de la grandeur originelle. Petite larme de déception.

11. Blue Blast – Winning the rainbow

On termine par «Blue Blast – Winning the rainbow». Aucune origine FFienne, ici. Je préfère ne pas extrapoler sur la question. Si vous n'en pouvez dormir, lancez une petite recherche, la réponse est aisément trouvable. La clé se trouve dans le passé de M. Uematsu.
Ceci fait, attachons-nous à la piste en elle-même. Titre mérité quoi qu'il en soit, tout cela respire la détermination et l'enthousiasme. Tempo imprégné et régulier, riff accrocheur, tout contribue à vouloir triompher de l'arc-en-ciel. Rien de fulgurant malgré tout, structure générale plutôt basique : thème-solo-thème etc... Une bonne petite plage en somme qui ne se veut pas transcendante, mais bouclant à merveille l'opus, un sourire au coin des lèvres...

"The Skies Above" est donc un album qui fait preuve de qualité et de richesse grâce à un aboutissement musical exemplaire. Un bon achat pour les curieux, un must pour les rockeurs, une perle de collection pour les adeptes du grand Uematsu.

Liste des pistes
Disque 1
01 - The Rocking Grounds (FINAL FANTASY III)
02 - Zeromus (FINAL FANTASY IV)
03 - Vamo' Alla Flamenco (FINAL FANTASY IX)
04 - Hunter's Chance (FINAL FANTASY IX)
05 - Otherworld (FINAL FANTASY X)
06 - Matoya's Cave (FINAL FANTASY I)
07 - The Man with the Machine Gun (FINAL FANTASY VIII)
08 - Maybe I'm a Lion (FINAL FANTASY VIII)
09 - Battle with the Four Fiends (FINAL FANTASY IV)
10 - The Skies Above (FINAL FANTASY X)
11 - Blue Blast - Winning the Rainbow

Rédigé par JinAshura

Quand les gens meurent, ils s'en vont., Kaim, Lost Odyssey Thèmes
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