Dragon Quest VI


Pour cet article de rentrée, et à quelques jours seulement de la sortie de Dragon Quest VII sur 3DS, nous nous attaquons à du lourd, avec un monument de la musique pour jeux vidéo, en la personne de Koichi Sugiyama. Nous avons choisi de vous faire (re)découvrir ce compositeur avec l’OST de Dragon Quest VI, l’un de ses travaux les plus remarquables.
Si nous nous baserons sur la version originale de cette bande-son, c’est-à-dire celle du jeu Super NES, il ne faut pas oublier que la version orchestrale est celle qui rend le plus justice aux compositions.

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Koichi Sugiyama

Koichi Sugiyama, né en 1931 à Tokyo, est souvent considéré comme le doyen des compositeurs pour les jeux vidéo. Tout à la fois chef d’orchestre, compositeur et arrangeur, il commence en fait à composer à la fin des années 50, notamment pour la télévision. Il fait ensuite figure de précurseur dans les années 80 en réalisant plusieurs bandes-son pour des titres sortis sur PC-880, notamment Angelus ou encore Wingman. Mais c’est bien sûr avec la saga Dragon Quest qu’il signe son coup de maître, dès 1986. Peu satisfait de la qualité sonore des consoles de l’époque, il prend l’initiative d’orchestrer ses compositions et de les faire jouer par de véritables orchestres symphoniques, parfois prestigieux comme l’orchestre symphonique de Londres. Une idée qui fera son chemin et qui sera reprise par d’autres compositeurs de jeux vidéo, comme Nobuo Uematsu ou Yuzo Koshiro. On trouve même des versions pour quatuor à cordes, un genre des plus impitoyables pour la qualité des compositions. Cela dit, Sugiyama fera l’essentiel de ses travaux pour la saga Dragon Quest, pour ne pas dire exclusivement, se chargeant ainsi de la bande-son de chaque épisode. On trouve quand même trace de son travail dans d’autres titres, notamment la série des World Golf.

Si on s’intéresse un minimum à la musique dite « classique », on reconnaîtra aisément les diverses influences de notre compositeur. Il tire en effet son inspiration d’un grand nombre de compositeurs anciens, du XVIIIème siècle (avec Bach pour le plus connu) au XIXème (Stauss et ses valses notamment) et jusqu’au XXème (Stravinski, Debussy, Bartok et même Schoenberg pour ses pièces les plus expérimentales). C’est ainsi qu’on trouve dans ses compositions beaucoup de danses anciennes (Menuet, Sarabande, etc.), de pièces dans le style ancien (des fugues notamment), des valses, mais également des musiques beaucoup plus modernes, voire contemporaines. Les plus curieux pourront donc s’intéresser à l’Oiseau de Feu de Stravinski, à La Mer de Debussy ou encore à quelques Danses populaires roumaines de Bartok.

Cela dit, il ne faudrait pas réduire son travail à la simple copie d’œuvres anciennes, car, malgré toutes ces influences (qui vont même jusqu’au jazz), Koichi Sugiyama a su développer un univers très personnel et qui en fait n’appartient qu’à lui. Pour finir, on notera que le bonhomme ne s’intéresse pas qu’à la musique, puisqu’il est également photographe et grand voyageur. En tant qu’homme très connu au Japon, il prend aussi position sur des questions politiques importantes, et notamment en s’élevant contre la copie illégale de la musique : « Les Hommes ont les Droits de l’Homme, la Musique a le Copyright ».

Sélection

Dans cette petite sélection, découvrez 12 musiques de Koichi Sugiyama extraites d’animés et d’autres jeux que la série Dragon Quest. On mettra notamment en avant son travail sur The Sea Prince and the Fire Child composé en 1981 et d’où sont tirés énormément de thèmes de la saga fétiche du compositeur.

Critique de l’OST (par Delldongo)

Si cette bande-son débute par les deux incontournables pistes Overture et Intermezzo, il faut aussi souligner que ce ne sont pas les compositions les plus mémorables de notre compositeur : harmonies simplistes et rythmes peu élégants, ajoutés au fait de les entendre très souvent, rendent ces pistes anecdotiques, auxquelles il ne faut pas prêter plus d’attention que cela. La véritable OST débute avec Castle mais surtout In the Town, qui fait partie de ces nombreuses pistes dans le style ancien. Contrairement aux deux premières pistes, la mélodie évolue quelque peu, et s’offre ainsi quelques modulations intéressantes. Si certaines sont joyeuses et allègres, comme Folk Dance (une valse), on trouvera plus de contrastes dans d’autres : At the Palace, ou plus tard dans The Saint, en réalité une petite fugue.

Dans son ensemble, l’OST explore aussi beaucoup d’autres styles différents. On trouvera en premier lieu des musiques qui restent globalement dans la bonne humeur, par exemple Happy Humming, aux allures de jazz de cabaret, ou bien encore Inviting Village, Folk Dance et Flying Bed. A côté de ces pistes, Sugiyama propose de véritables essais musicaux, avec une étonnante série de variations sur le même thème, qui correspond à trois cartes du monde. Dans Through the Field, on entend bien le thème en haut et la basse sautillante, éléments qu’on retrouve dans Wandering through the Silence, en plus lent et dans une rythmique à trois temps. Dans Another World, le tempo se ralentit encore davantage pour conférer au thème une étrangeté et une sorte de mélancolie absentes de la première version.

Mais c’est dans ses compositions plus développées que Sugiyama nous offre toute l’étendue de son potentiel, notamment mélodique. La sublime piste Ocean Waves, de structure assez complexe, nous emporte bien sur les flots et peut-être même au-delà, avec une partie centrale faisant la part belle au registre grave des instruments. Un petit intermède guilleret, de courte durée, nous ramène tranquillement au calme et la nostalgie du thème. Dans la même veine, nous trouvons Pegasus, une autre chef d’œuvre de cette OST : mélodie sublime, harmonies complexes, rythmes un rien alambiqués, nous transportent ensemble dans un monde merveilleux.

Outre toutes ces qualités, cette OST possède également toute une série de musiques basées sur le même « thème ». Techniquement, il s’agit d’un motif de quatre notes, qu’on entend pour la première fois dans Evil World, et qui représente donc le « Monde de Mal », donc tout ce qui a attrait aux monstres. Ce motif prend différentes formes, aisément reconnaissables. On l’entend ainsi quatre fois de suite au début de Dungeons, de manière assez rapide, ou très lentement dans Frightening Dungeon. On le retrouve dans beaucoup d’autres pistes : Last Dungeon, Brave Fight (en tant que thème de combat !), Courageous Fight, Monsters (dans la seconde partie), puis dans Demon Combat. Il s’agit d’un élément musical aisément reconnaissable et qui donne à l’ensemble de ces pistes une unité étonnante, malgré la grande variété dans l’utilisation du motif.

Enfin, Sugiyama aime aussi développer des pistes plus expérimentales, pas loin de la musique contemporaine. Par exemple dans Frightening Dungeon : après l’utilisation du motif du Mal, la musique, les notes semblent s’enchaîner sans véritable but, et seuls subsistent ce motif, ainsi que deux notes dans le grave qui sonnent comme un glas. On retrouve quasiment le même traitement pour Last Dungeon, dans une veine encore plus méditative, mais également inquiétante.

L’OST de Dragon Quest VI est donc un modèle de composition, qui possède une véritable recherche dans l’unité entre les différentes pistes. Pour autant, si ce n’est pas la plus marquante des bandes-son de Sugiyama, elle reste une des plus intéressantes du strict point de vue de la composition musicale. Elle s’achève d’ailleurs en apothéose avec Eternal Lullaby, un thème de fin des plus poignants. Comme nous vous le disions en début d’article, il convient d’ailleurs d’écouter, ne serait-ce que par curiosité, la version orchestrale de l’album, étant celle désirée par le compositeur. En effet, quand il en aura la possibilité technique avec l’épisode VIII, Sugiyama proposera directement les versions symphoniques pour le jeu.

Quelques pistes à ne pas manquer
L'avis de Wolfangele

Je découvre complètement cette OST, car je n'ai pas eu l'occasion d'écouter tous les albums de la série. Alors autant dire que j'ai d'emblée reconnu les deux premières musiques comme les titres phares de la franchise, à savoir Overture et Intermezzo.

Cette bande-son apporte toute une variété d'atmosphères avec les diverses compositions. Ainsi, j'ai trouvé une sorte de jazz envoûtant avec Happy Humming, ou des musiques entrainantes et apaisantes, plutôt gaies comme Inviting Village, Folk Dance ou encore Flying Bed (j'ai adoré cette dernière avec le xylophone). Le contraste se fait avec les thèmes des donjons apportant des atmosphères vraiment sombres et inquiétantes, on en a un bel aperçu avec Frightening Dungeon et Devil's Tower. Autant dire que la musique des combats nous plonge totalement dedans, avec un gain de vitesse donnant la rythmique et le ton (Courageous Fight et Brave Fight).

Les musiques des cartes du monde sont vraiment étonnantes (Through the Field, Wandering through the Silence et Another World) et on garde bien à l'esprit le thème principal. Trois musiques m'ont totalement transportée dans leur univers : At the Palace dans un style baroque splendide, Ocean Waves, une petite merveille nous baladant sur l'océan, et Pegasus avec sa mélodie merveilleuse. J'adore The Saint (une petite préférence pour la version au violon), j'aime ce genre de canons musicaux. Pour finir, Eternal Lullaby est un thème vraiment grandiose avec un final de toute beauté.

Cette OST est vraiment variée, et j’ai pris plaisir à la découvrir. La version symphonique rend certains thèmes encore plus grandioses je trouve !

La « cover » du mois : Ocean Waves

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Rédigé par Delldongo, Dracohelianth et Wolfangele le 1er septembre 2016

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