Geekopolis 2014

Ce week-end, le parc des expositions de la Porte de Versailles accueillait le festival Geekopolis. L'occasion rêvée de se retrouver entre fans de la culture numérique, de steampunk, de cosplay et bien plus encore, dans une ambiance qui ressemble à la Japan Expo sans en être.

Commençons par aligner les poncifs : c'est avant tout un événement culturel cosmopolite, mais c'est aussi un événement commercial. Prévoyez donc une bonne provision sur le compte en banque ainsi que le casse-croûte et les bouteilles d'eau. En effet, les tentations sont omniprésentes, aussi bien les traditionnelles figurines, t-shirts, katanas, souvenirs en tout genre que les petites créations originales par des artistes auto-édités ou alors de petites maisons d'éditions très spécialisées (les Editions de l'Homme sans Nom ou les éditions Lucifériennes pour ne citer qu'elles). Et si vous avez un petit creux, dégainez votre sandwich acheté ou préparé au préalable, car comme de juste, tout ce qui se mange vous coûtera le prix d'un rein.

La Geekopolis 2014 se divise en cinq zones

1°) La Teklab pour les hautes technologies, qui vous permettra de découvrir les derniers progrès de la robotique, de jouer d'une harpe sans corde, de découvrir les joies de la PS4 ou de la Vita, et les écoles supérieures vous présenteront avec joie leurs programmes.
2°) La Little Tokyo pour la culture manga ; boutiques, créations originales et autres cercles de cosplay vous attendent. C'est le coin le plus « Japan Expo » de la Geekopolis.
3°) La Metropolis s'adresse aux comics et à l'ère moderne ou science-fiction d'une manière générale. Si vous cherchez un mug des X-Men, une fanbase de Doctor Who ou une expo sur Star Wars, vous êtes au bon endroit.
4°) L'Avalon se réserve le médiéval et l'heroic fantasy. Tout ce qui relève de l'armure en cuir, épées factices, recettes d'hypocras et consorts s'y trouvent. Elfettes et guerriers y sont les bienvenus.
5°) Enfin, rendez-vous à la Nautilus pour le steampunk. Détail intéressant, cette culture beaucoup plus complexe qu'elle n'y paraît perce de plus en plus, à tel point qu'un visiteur sur quatre ou presque était cosplayé en steampunk. Beaux costumes, gros rouages et lunettes bien vissées sur le front, cette école de l'après-apocalypse et de l'uchronie nous offre une vision où se mélange élégance, désespoir et surréalisme.

Si la Japan Expo brille par sa diversité et son organisation, la Geekopolis accumule quant à elle bons et mauvais points par sa démarcation. Autant l'avouer, à moins d'avoir un plan sous les yeux, il est très facile de marcher au hasard pendant deux heures, passer huit fois au même endroit et, malgré tout, repartir sans avoir vu tous les stands (non, ce n'est pas du vécu!). D'autant plus que les couloirs sont parfois étroits et encombrés, la fréquentation étant du reste assez colossale, et l'intégralité de l'étage n'est pas exploité alors que cela aurait pu faciliter la circulation. Mais en contrepartie, le sentiment de pénétrer vraiment des univers à part entière rattrape la peine qu'on éprouve, surtout pour Avalon et Nautilus qui inspirent le voyage et nous mettent directement dans l'ambiance visée. Prévoyez presque un sas de décompression pour vous détacher de l'univers où vous vous serez immergés.

Et la Geekopolis, ce n'est pas que des boutiques ou des stands. Ce sont aussi des ateliers, en particulier de jeu de rôle grandeur nature. Vous passez au bon endroit au bon moment et, sans prévenir, vous voilà convié à une session d'essai. Improvisez, laissez-vous porter, découvrez toute la magie et le plaisir d'un GN. Défendez une base d'une attaque zombie, prônez la domination des androïdes ultrasécuritaires, évadez-vous, et si vous aimez, les boîtes de production seront ravies de vous accueillir dans de plus vastes réalisations !

Vous y trouverez également diverses conférences de toutes sortes, abordant tant le Visiteur du Futur que Doctor Who, un blind-test avec récompenses à la clé, une réflexion sur l'influence du fandom dans une œuvre, un cours de dessin à la Tim Burton ou une initiation à l'ikebana, et bien d'autres encore. Passage obligé du fan qui se sent calé sur le sujet, initiation intéressante pour les profanes, il y en a pour tous les goûts, en profitant en plus du calme et de la sérénité des salles isolées du centre.

Finalement, comparer la Geekopolis à la Japan Expo est tentant, et autant se l'avouer, le but des deux salons est bel et bien le même ; nonobstant, la Geekopolis offre un contact humain et une immersion qu'on ne retrouve pas à Villepinte. Même si la référence européenne écrase le salon parisien par la quantité de stand, parfois en provenance directe du Japon, ce n'est pas là-bas que vous vous verrez offrir une session de GN, et vous ne pourrez pas vous plonger aussi efficacement dans la couleur du steampunk ou de l'heroic fantasy, ce qui représente un plus non négligeable pour les véritables pratiquants. Certes, l'entrée peut paraître un peu chère (35€ pour deux jours en prévente avec sortie définitive contre 25€ pour la même durée à la JapEx) mais croyez-le, ça les vaut vraiment. La Geekopolis concurrence la Japan Expo, par certains aspects elle la surclasse, par d'autres elle reste en-dessous, mais dans tous les cas de figures, elle reste un événement qui vaut la peine d'être vécu. A côté de tous les Paris Manga ou Paris Games Week qui ne font pas franchement de leur mieux, c'est bon à prendre.

L'interview : Shiness

Mais Geekopolis, c'est aussi l'occasion de rencontrer des personnes impliquées dans la création d'œuvres à venir ; entre autres, l'équipe du RPG français Shiness était présente. Une brève présentation du système de combat était disponible. Le directeur artistique, Samir, nous a accordé une interview sur le sujet.

Samir : « En fait, ce salon, ça nous donne surtout l'occasion de présenter le multijoueur. On nous l'a demandé sur Kickstarter, pouvoir s'affronter en PvP. Bien sûr, ici, c'est vraiment un prototype, le jeu final sera très différent.
Wolf : Oui, j'ai remarqué, c'est sacrément vide ! Ça donne une idée, mais j'espérais bien que ça serait pas comme ça, on a vite fait le tour quand même.
S : On va encore ajouter plusieurs éléments. Par exemple, sous la barre de vie, il y a une jauge de Spécial ; là, elle se remplit pour rien puisqu'elle n'est rattachée à aucune commande. Et les magies sont toutes identiques et tirent tout droit. On va vraiment complexifier ce système. Les arènes de combats auront toutes une couleur, et en fonction de leur couleur, jaune pour la terre, par exemple, certains éléments seront plus ou moins forts. Les personnages auront d'ailleurs des pouvoirs qui changeront l'élément dominant de l'arène, et non seulement les sorts sont plus puissants mais un monstre plante sera moins fort dans une arène de feu. W : Moi pour l'instant ça m'évoque Chrono Cross.
S : Je n'ai pas fait Chrono Cross. Il était en anglais et à l'époque j'avais un peu de mal.
W : Avec les magies, on remplit un petit cercle, et quand il est d'une seule couleur, les magies de l'élément en question sont beaucoup plus fortes et l'opposé beaucoup plus faible. C'était une bonne idée, mais comme les ennemis lancent aussi des sorts, c'était vraiment dur d'avoir une seule couleur.
S : Moi j'ai surtout écouté son OST, il faut dire qu'elle est superbe.
W : Ah oui, Mitsuda, ça et Xenogears, ce sont ses chefs-d’œuvre.
S : D'ailleurs, en parlant de ça, j'ai fait Chrono Trigger, qui était vraiment génial. Avec Toriyama, le RPG, tout ce que j'aimais, et il y avait aussi les attaques à l'unisson, c'est vraiment quelque chose qu'on aimerait mettre en place. Avoir deux personnages qui lancent une technique spéciale, qui sera peut-être différente ou plus efficace en fonction de l'environnement ou de l'élément de l'arène.
W : Après, les attaques à l'unisson, on ne voit pas ça que dans Chrono Trigger. Y en a aussi dans Digital Devil Saga, Persona 2, Tales of Symphonia et plein d'autres.
S : Y en a aussi dans Skies of Arcadia, un jeu vidéo de pirate qui nous a beaucoup inspiré et qui a aussi inspiré One Piece. On peut recruter des personnages qui apparaissent dans le vaisseau. Ce ne sont pas des personnages qu'on contrôle. A la fin, durant une attaque, ils se joignent tous à l'assaut. Plus tu recrutes de gens dans le vaisseau en faisant des quêtes, plus tu vas avoir de puissance.
W : Ça, ça me fait penser à Suikoden.
S : Mais les personnages sont contrôlables, non ?
W : Certains, oui. Mais même ceux qu'on ne contrôle pas, comme la fille qui fait la lessive, mais de les avoir, ça nous donne plus de soldats dans les batailles tactiques, du coup elles sont plus faciles.
S : Pour ma part, j'ai vraiment grandi dans les jeux vidéo. Mon frère qui a dix ans de plus que moi travaillait dans une boutique de jeu vidéo, du coup il nous ramenait plein de jeux importés du Japon comme Tales of Phantasia, les Final Fantasy, Chrono Trigger, Secret of Mana...
W : Ah, maintenant qu'on en parle, c'est vrai qu'il y a un peu du Seiken Densetsu dans l'aspect visuel du jeu.
S : Oui, surtout les anciens. On a d'ailleurs voulu reprendre l'idée des esprits des éléments qui aident le héros.
W : On voit la Terre dans le trailer. Moi sur le coup ça m'a fait penser aux Djinns de Golden Sun...
S : Golden Sun j'ai fait le début, mais il m'est arrivé un truc con, les bruitages des personnages quand ils parlent, ça m'a gavé. Après, j'ai beaucoup d'autres RPG old-school à faire, comme par exemple Xenogears. Et toi, c'est quoi ton RPG préféré ?
W : Shin Megami Tensei III Nocturne ! *tout de go* Et Devil Survivor aussi. Ils font partie des Shin Megami Tensei qui sont connus pour ses univers sombres, modernes post-apocalyptiques, mais surtout, surtout, ils ne t'imposent pas ce qu'ils racontent. Ils te présentent les choses et après, c'est toi qui réfléchis. Et c'est ça que j'adore.
S : Il faudra que je le fasse, alors ! Surtout si c'est un bon RPG rétro...
W : Ah, ça, rétro, il l'est ! Autrement, pour en revenir à Shiness, il est vraiment super beau, il a l'air intéressant, il est fluide et maniable, il est très prometteur mais y a intérêt à ce que ce soit plus complet au final, qu'il y ait plus de combo, parce que là, ce n'est vraiment pas possible ! Même Drakengard est mieux !
S : Oui, oui, on aura un système de progression où tu apprends tes combos, la façon d'entamer le combat, et les alliés qui t'aident dans les combats. Parce qu'on n’a pas voulu faire comme dans Tales of, les alliés qui se battent en même temps que toi ; tu pouvais poser la manette et tu gagnais quand même.
W : Ça, ou ils bouffent tous les MP, ou ils font n'importe quoi...
S : Oui, voilà, on a essayé de faire un prototype avec ce système et c'était vraiment le bordel ! Alors à la place, les alliés restent hors de l'arène et ils t'aident avec des ordres que tu as configurés. Par exemple, là, tu vois les encoches sur la barre de vie, eh bien tu peux demander que si on tombe en dessous des 25%, ils t'envoient une magie de soin, ce qui ressemble aux Gambits de Final Fantasy XII. Donc ils peuvent intervenir, mais on veut vraiment rester dans l'esprit du « un-contre-un ». Comme dans les shônens, tu regardes Dragon Ball, deux personnages se battent et les autres regardent, ça passe très bien.
W : Ou comme dans Bleach.
S : En tout cas, on va faire des alphas, des bêtas régulièrement, les infos seront disponibles sur notre site. Et surtout, on va vraiment écouter tout ce que les joueurs ont à nous dire pour que l'expérience de jeu soit la meilleure possible, comme par exemple cet aspect PvP qui nous a été demandé. On avait essayé au début de faire un tour par tour, mais ça n'avait pas cet aspect dynamique qu'on recherchait. On avait aussi pensé à le développer pour Steam, mais les joueurs craignaient le jeu en DRM, ou encore à le développer pour la Wii de Nintendo, mais là encore les gens n'étaient pas partants. Pour nous, il faut vraiment penser d'abord au joueur. »

Voilà de quoi se rendre compte de la passion et du perfectionnisme qui anime cette jeune équipe, retenez bien le nom de Shiness !

Pour rappel, le financement par Kickstarter permet au studio de travailler sur le projet à temps plein et non sur leur temps libre. Le projet est en place depuis plus de trois ans et se peaufine chaque jour un peu plus, mais votre soutien reste et demeure bienvenu !

Wolf, le 19 mai 2014

Quand les gens meurent, ils s'en vont., Kaim, Lost Odyssey Thèmes
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