Chapitre 9

L'eau ruisselait sur les murs de la ruelle sombre. Il ne s'agissait pas de pluie à proprement parler mais le résultat de l'explosion d'une conduite d'eau qui passait sous la Plaque et qui inondait les taudis soixante mètres plus bas. Soudain, des pas retentirent, résonnant étrangement dans la rue vide habituellement fréquentée par les rats et autres vermines. Un homme marchait d'un pas décidé vers une destination connue de lui seul.
Devant lui se dressèrent tout à coup trois individus louches, vêtus de haillons, le regard brillant et flou.
- Si tu veux passer mec c'est cent gils ou sinon...
Le voyou désigna du regard un couteau qui c'était matérialisé dans sa main bandée. Les yeux de l'inconnu se plissèrent, ne laissant que deux fentes d'où jaillissait une lueur bleue électrique. Le vaurien se sentit soudain mal à l'aise, la dernière fois qu'il avait croisé un type avec ces yeux ça avait mal fini, son poignet brisé était un témoin douloureux de cet événement. Pourtant il était sûr que ce n'était pas le même gars. Celui là était plus grand, était habillé tout en cuir noir hormis ses épaulières blanches et il avait les cheveux argent coiffés en une longue queue de cheval qui s'étalait sur sa cape, noire elle aussi.
- Eh mec c'est à toi qu'on cause, fit l'un de ses sous-fifre.
L'inconnu réagit en un éclair. Dans sa main il tenait le fourreau d'une épée qui avait jaillit d'on ne sait où. Le voyou en chef attendit qu'il dégaine avant de se rendre compte que son comparse était décapité. Faisant le même constat, son complice se rua sur l'homme et subit le même sort. L'inconnu avait agi si vite que le brigand en chef n'avait rien vu. Pourtant l'homme tenait maintenant dans sa main droite la plus grande épée qu'on eu jamais vu, dégoulinante de sang. Le survivant paniqua, la lame était plus grande que lui et il était grand ! Il tourna les talons pour s'enfuir mais l'inconnu, qui était derrière lui un instant plus tôt lui coupait la route. Le voleur des bas-fonds ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait quand il sentit le contact froid de l'acier qui lui coupait la gorge. L'inconnu essuya son arme ensanglantée sur les haillons des corps sans vie, puis il la rengaina dans un sifflement cristallin et reprit sa marche.

Le couloir était en feu mais le jeune homme ne ressentait ni la chaleur ni la morsure des flammes. Il courait pourtant. Non pas pour échapper à un monstre mais pour en rattraper un. Les voix gémissaient autour de lui leurs plaintes déchirantes. Pourtant il n'en avait cure. Il courait pour en entendre une plus forte, une plus tangible. Soudain il déboucha sur une pièce baignant dans une lumière bleue. Il leva la main pour protéger ses yeux éblouis par une si vive clarté. Quand il finit par s'accommoder à la luminosité, il discerna des milliers de tuyaux, de toute taille et de toute couleur. Ils convergeaient vers le fond de la pièce où trônait un énorme cylindre rempli d'un liquide bleuté et qui était l'unique source de lumière de la pièce. Il ne parvenait pas à discerner le contenu du tube car il était masqué par une énorme sculpture représentant le buste d'une magnifique femme dont les épaules étaient prolongées par deux immenses ailes. Devant la statue ce tenait celui qu'il était venu chercher. Il savait qu'il passerait sa vie à le fuir après mais maintenant il voulait juste le trouver. Il cria quelque chose qu'il n'entendit pas et l'être se retourna. Malgré sa taille il n'avait rien d'humain, sa tête n'était qu'un conglomérat de sang et de chairs déchiquetées. Il combattit alors le monstre puis au terme de ce duel épique, ce dernier s'effondra face contre terre. Le jeune homme s'approcha du cadavre avec circonspection et le retourna du pied. Mais le monstre avait changé de visage. Désormais c'était celui d'un jeune homme mourrant.
- Pourquoi ne m'as tu pas aidé ? fit la bouche morte et le jeune homme s'effondra en pleurs.
Mais son supplice ne s'arrêta pas là, la tête se changea en une autre qui lui posa la même question et une autre et encore une autre. Il les vit tous, tous ceux qui avaient péris ce jour là, tous ceux qu'il n'avait pas pu sauver. Soudain, le sarcophage s'ouvrit, libérant un nuage de vapeur.
- Je te vois ! fit une voix où suintaient la haine et la mort. Le jeune homme se redressa, prêt à affronter son cauchemar. Une ombre jaillit du tube et se rua sur lui. Le jeune homme ne sut jamais ce que s'était car lorsqu'il la vit, la chose était si atroce qu'il ferma les yeux et hurla. Il sentait les crocs de la bête lui déchirer les chairs et il hurlait toujours.
- Joins toi à moi, je peux t'aider, lui susurra une voix ferme et mélodieuse, c'était LA voix.
- Jamais ! hurla le jeune homme.

- Ah ! Tu es réveillé !
Clad ouvrit les yeux, il se trouvait au milieu d'un parterre de fleurs. Le mercenaire regarda autour de lui. Il se trouvait dans une immense salle de pierre couverte de mousses et de lichens, sans doute un ancien lieu de culte compte tenu des dimensions et des statues qui apparaissaient encore sous les végétaux. Car ici, contrairement au reste de Midgar et de sa périphérie, les plantes poussaient en nombres. Pas seulement des fleurs, qui entouraient le jeune homme, mais aussi des arbustes, des légumes, de la mousse et d'autres végétaux que Clad ne parvenait pas à identifier. C'était impossible, la vie végétale avait quitté la ville depuis sa fondation, rien ne pouvait survivre sur les sols pollués détrempés de mazout, à part les hommes peut-être. Le mercenaire secoua la tête, il devait être dans l'au-delà, il devait être mort, sa chute était mortelle, même pour lui. Mais il se trouvait pourtant encore en ce bas monde comme l'attestaient ses vêtements lacérés et le trou qu'il avait du faire dans la toiture.

Le jeune homme se releva, pour tomber nez à nez avec une jeune fille aux cheveux châtains, aux yeux d'un vert émeraude, vêtue d'une robe rose, d'un gilet écarlate et affichant un immense sourire.
- Bonjour ! s'exclama-t-elle. Tu vas bien ?
- Je devrais être mort murmura Clad, plus pour lui-même que pour la jeune fille.
- Oui, t'as eu de la chance, les plantes ont amortie ta chute. Elles poussent très bien ici. Sans doute parce que c'est un ancien lieu sacré... Dis tu te rappelles de moi au moins ?
Le mercenaire avait tout de suite reconnu la jeune fleuriste qu'il avait secourue il y avait quelques jours de cela mais il répondit tout de même :
- C'est toi qui était saoule au bar la nuit dernière.
- Non ! fit la jeune fleuriste, vexée.
- Alors aucune idée.
- Je suis la fleuriste que tu as aidée dans la ruelle.
- Bof tu sais j'en sauve tellement continua le mercenaire d'un ton désinvolte.
- Et après tu t'enfuis comme un voleur ! répliqua la jeune fille avec un sourire enjôleur. Si c'est ta manière de draguer les filles tu dois être célibataire depuis un bon moment. Enfin mon nom à moi c'est Aerith Gainsborough, je suis marchande de fleur ambulante et toi ?
- Clad Striffe, je suis homme à tout faire.
- Homme à tout faire ? répéta la jeune fille sincèrement étonnée.
- Oui, j'accepte n'importe quel job pour peu qu'on y mette le prix.
Aerith sembla réfléchir intensément puis, affichant un air résolu, elle reprit :
- Dis moi Clad, est ce que tu peux être garde du corps ?
- Bien sûr. Contre rémunération.
- D'accords, contre un rendez-vous.
- Un... rendez-vous ? suffoqua le mercenaire.
- J'était sûre que tu accepterais !

Le mercenaire fixa son interlocutrice. Pas de doute, elle était sérieuse. Dans quel pétrin me suis-je encore fourré songea le jeune homme avant qu'un grincement ne l'arrache à ses pensées. Un homme venait d'entrer dans le temple en ruine. Vêtu d'un complet noir, une chemise blanche négligemment sortie du pantalon, le rouquin avança nonchalamment vers eux, les mains dans les poches, un long catogan écarlate dansant dans son dos. Derrière lui, à quelques pas en retrait, le suivait trois hommes en uniformes bleus. Des membres de la milice privée de la Shinra.

Clad sentit sa nouvelle patronne se pelotonner derrière lui. Il avait compris pourquoi elle requerrait ses services. En effet il avait tout de suite reconnu l'homme qui s'approchait. Il faisait parti des Turks, une organisation qu'il fallait mieux éviter. Le mercenaire le savait bien, l'organisation avait tenté de le recruter alors qu'il tentait d'entrer au Soldat.

Le rouquin finit par s'arrêter. Il releva alors ses lunettes noires sur sa chevelure flamboyante de playboy, révélant des yeux bleus électriques. Ne cessant pas de mâchonner son cure-dents, il ignora totalement le mercenaire pour s'adresser directement à la jeune fille qui se cachait derrière ce dernier.
- Alors Aerith, tu viens ? Le ton était désinvolte mais une note froide perçait dans la voix.
- Clad, allons nous en gémit la jeune fille.
- Allons viens, reprit l'homme en faisant un pas en avant, mais Clad s'interposa, sa carrure plus imposante lui permit de repousser facilement l'homme d'un coup d'épaule.
Ce dernier toisa le mercenaire pourtant plus grand que lui d'un air hautain.
- Toi fais attention, le menaça-t-il. Personne ne se met sur le chemin de Reno des Turks.
- Viens Clad ! supplia Aerith et le mercenaire abandonna le Turk pour suivre la jeune fille par la porte du fond.
L'homme ne réagit pas. Cette rencontre l'avait perturbé. Il fit quelques pas puis s'arrêta, écrasant une dizaine de petites jonquilles jaune safran sous ses souliers noirs parfaitement cirés.
- Qu'est ce qu'on fait Reno ? demanda l'un de ses comparses.
- Ces yeux... C'étaient des yeux Mako...
- Hein ?
- Rien, ramenez moi la fille... Ah au fait, évitez de marcher sur les fleurs.
- Mais tu... commença un milicien.
- Quoi ? fit sèchement le Turk, ses yeux brillant soudain d'une étrange lueur.
- Rien ! Rien !

Suivant Aerith, Clad atteignit rapidement les combes du vieux temple. La jeune fille semblait avoir l'habitude de ce genre de situations car elle était étonnamment calme malgré son allure rapide. Evitant les poutres dépassants du plafond bas, les jeunes gens arrivèrent devant un trou impressionnant dans la passerelle principale, sans doute un vestige du passage de Clad. Entendant les vociférations des soldats qui se rapprochaient, le mercenaire pris son élan et sauta. Le plancher trembla lorsque le jeune homme atteignit lestement l'autre bord du précipice, soulevant un petit nuage de poussière, avant de se tourner vers Aerith. La jeune fille était restée de l'autre côté et n'esquissait pas le moindre geste pour suivre son compagnon.
- Aerith, saute ! lui lança Clad.
- Je n'y arriverait jamais gémit la jeune fille.
- Mais si viens, c'est facile !
Acquiesçant, Aerith pris son élan et franchit le gouffre. Mais, alors qu'elle souriait, la passerelle, affaiblie par le passage plus brutal du mercenaire, céda sous ce nouvel assaut. Sous les yeux de Clad, la jeune fille disparut dans l'abîme. Mais au lieu de s'écraser sur le sol en contrebas, Aerith fut rattrapée, Clad secoua la tête sous l'invraisemblance, par les lianes qui poussaient d'un bord à l'autre du bâtiment et déposée délicatement sur une poutre épaisse et sûre, juste devant les miliciens lancés à sa poursuite. La jeune fille apeurée recula devant ses agresseurs très sûrs d'eux. Le premier reçu un violent coup de pied dans l'entrejambe, ce qui le mit aussi brutalement que douloureusement hors de combats. Bien décidés à venger leurs orgueils de mâles virils, les deux autres miliciens se rapprochèrent de leur proie pour se retrouver nez à nez avec un jeune homme blond vêtu de bleu et qui maniait la plus grosse épée qu'ils n'avaient jamais vu.
Car Clad n'était pas resté inactif pendant tout ce temps, et après avoir décidé que finalement il n'allait pas abandonner sa nouvelle patronne aux mains des sbires de la Shinra, il avait dégainé son arme et plongé. Profitant de l'effet de surprise, le mercenaire se débarrassa de son premier adversaire d'un mouvement de sa lame titanesque et élimina le deuxième dans la foulée. Se tournant vers la jeune fille, le mercenaire la prit par la main et l'entraîna à sa suite, plus pour la faire sortir de sa contemplation macabre des bouts de soldats qui jonchaient le sol que pour fuir le dernier poursuivant qui, pour le moment, semblait plus préoccupé par sa future (et très hypothétique) descendance.
Après avoir couru quelques minutes, Clad s'arrêta pour laisser à Aerith le temps de reprendre son souffle.
- Que te veulent-ils ? lâcha le mercenaire de bout en blanc.
- Tu sais qui sont ces types, hein ? répondit la jeune fille haletante.
- Ce sont les Turks, police parallèle de la Shinra, spécialisés dans l'enlèvement des opposants, les assassinats et autres interventions louches.
- Donc tu les connais.
- Réponds à ma question ! répliqua Clad.
- J'en sais rien, répondit Aerith sur son ton désinvolte habituel, sans doute pensent-ils que je ferais une bonne recrue pour le Soldat ou quelque chose comme ça.
- Sans doute, répéta le mercenaire, ne croyant pas un mot de l'histoire de la jeune fille. Il était bien placé pour savoir que les candidats au rang de Soldat étaient légions, la Shinra n'avait pas besoin d'envoyer ses chiens de chasse pour trouver d'éventuelles recrues, surtout dans les Taudis.
- Tu fais parti du Soldat n'est ce pas ? Fit soudainement Aerith.
- Comment tu sais ça ?
- C'est tes yeux, ils brillent. J'avais un ami qui faisait parti du Soldat, il avaient les mêmes.
- Comment s'appelle-t-il ? Peut-être que je le connais. Il était en quelle classe ?
- Cela n'a plus d'importance aujourd'hui, il a disparu il y a trois ans. Viens, bodyguard, on rentre chez moi.

La place était vide, pourtant c'était l'heure de pointe. Il fallait dire qu'en dehors des quartiers proches du Wall Market situé dans le secteur voisin, le secteur cinq était peu animé, ses habitants dés'uvrés restaient tranquillement chez eux tandis que les autres se rendaient au Wall Market pour chercher du travail. Clad regarda tout autour de lui, les enseignes au néon clignotaient faiblement comme si elles aussi avaient renoncé à attirer les badauds et les clochards qui cuvaient leur vin sur les tas de détritus qui jonchaient le sol boueux. Le jeune homme, suivant Aerith, commençait à se dire que Tifa ne lui avait pas menti lorsqu'elle lui avait affirmé que le 7eme ciel se situait dans les quartiers « chics » du secteur sept. Soudain Aerith s'engouffra dans une minuscule ruelle, si insignifiante que Clad ne l'avait même pas remarqué. Pourtant, au bout de la ruelle se trouvait une petite maisonnette qui semblait construite en dur avec une vraie porte en bois et des fenêtres vitrées ! Mais le plus étonnant c'était que la bâtisse était entourée par les fleurs, des milliers de fleurs jaunes, bleues, violettes, rouges, qui contrastaient vivement avec la crasse et le cambouis environnant.

Invitant le mercenaire à entrer, Aerith poussa la porte de la maisonnette. Clad fut aussitôt assailli par une foule d'odeurs qu'il avait bien connues : L'odeur du pain chaud, du bois ciré, des vieux meubles et des livres le ramenaient des années en arrière, quand il était encore a Nibelheim et qu'il vivait encore avec sa mère dans cette petite bâtisse à l'écart du village. Le mercenaire secoua la tête, quoiqu'il ait pu se passer à Nibelheim, c'était du passé, se souvenir du vase ne permettait pas de le recoller.
- Maman je suis rentrée ! s'écria Aerith
Une petite femme brune sortit d'une pièce d'où émanait une bonne odeur d'un plat quelconque, sans doute la cuisine. La femme semblait vieille et fatiguée, son visage parcheminé était aussi fripé qu'un papier froissé, mais dans les deux trous marron qui lui servaient d'yeux, on pouvait discerner l'étincelle de force et de vitalité qui manquait au reste du corps. La femme s'était précipitée à la rencontre d'Aerith mais elle s'arrêta lorsqu'elle remarqua Clad.
- Ne t'en fais maman, c'est Clad la rassura la jeune fille. Mon garde du corps reprit-elle après un moment d'hésitation.
- Ton garde du corps répéta la mère d'Aerith, sa voix était aussi usée et éraillée que le reste de sa personne. Oh Aerith, ils ont recommencé ?
- Calme toi maman, tout c'est bien passé, Clad m'a aidé. Ils ne m'ont pas eue et ils ne sont pas près de m'avoir.
La vieille femme soupira en secouant la tête, apparemment résolue à l'attitude désinvolte de sa fille, puis elle tourna son attention vers le mercenaire.
- Je vous remercie d'avoir sauvé ma fille jeune homme, malheureusement je ne crois pas avoir de quoi vous payer vos services.
- Ne vous inquiétez pas madame, on m'attend ailleurs, je n'ai fait que rendre service et je ne demande rien en échange, répondit le mercenaire.
Cette attitude ne lui ressemblait pas du tout, il n'était pas dans le genre charitable mais il avait l'étrange sensation que l'histoire de la fleuriste ne sentait pas très bon et il avait décidé de saisir la première occasion pour s'en échapper.
- Tu dois aller où ? Demanda indiscrètement Aerith.
- Secteur sept lâcha le mercenaire à contre c'ur.
- Bon alors je vais te raccompagner décida la jeune fille.
- Il n'en est pas question intervint sa mère. C'est le soir, la route est dangereuse !
- Clad me protègera maman.
- Et au retour ? J'ai une autre solution, ton ami n'a qu'à rester ici cette nuit et demain matin, quand le quartier sera calme, tu l'accompagneras si tu y tiens. En attendant va préparer la chambre d'ami.

Laissant échapper un soupir exaspéré, la jeune fille s'engagea dans l'escalier qui menait à l'étage où devaient se trouver les chambres. Sa mère fixa un instant le mercenaire qui n'en menait pas large avant de lâcher soudainement :
- Vous faîtes parti du soldats n'est-ce pas ? Inutile de mentir, vos yeux vous trahissent.
- Ex-Soldat précisa le jeune homme, blessé dans son orgueil. Mais je n'ai rien avoir avec les gens qui poursuivent votre fille, bien au contraire.
- Peut-être que oui, peut-être que non. Si vous êtes avec eux vous mentez. Sinon vous ne pouvez être qu'un mercenaire, et on ne fait pas confiance aux mercenaires.
- Qui ça « on » ?
- Les gens sensés. En tout cas, je vous demanderai de quitter cette maison avant le matin. Discrètement. Aerith a besoin de tout sauf d'un nouveau chagrin d'amour.
N'ayant rien à dire, Clad acquiesça. Plus tôt il serait parti et plus vite il se serait débarrassé de cette histoire.

Le couloir était en feu mais le jeune homme ne ressentait ni la chaleur ni la morsure des flammes. Il courait pourtant. Non pas pour échapper à un monstre mais pour en rattraper un. Les voix gémissaient autour de lui leurs plaintes déchirantes. Pourtant il n'en avait cure. Il courait pour en entendre une plus forte, une plus tangible. Soudain il déboucha sur une pièce baignant dans une lumière bleue. Il leva la main pour protéger ses yeux éblouis par une si vive clarté. Quand il finit par s'accommoder à la luminosité, il discerna des milliers de tuyaux, de toute taille et de toute couleur. Ils convergeaient vers le fond de la pièce où trônait un énorme cylindre rempli d'un liquide bleuté et qui était l'unique source de lumière de la pièce. Il ne parvenait pas à discerner le contenu du tube car il était masqué par une énorme sculpture représentant le buste d'une magnifique femme dont les épaules étaient prolongées par deux immenses ailes. Devant la statue ce tenait celui qu'il était venu chercher. Il savait qu'il passerait sa vie à le fuir après mais maintenant il voulait juste le trouver. Il cria quelque chose qu'il n'entendit pas et l'être se retourna. Malgré sa taille il n'avait rien d'humain, sa tête n'était qu'un conglomérat de sang et de chairs déchiquetées. Il combattit alors le monstre puis au terme de ce duel épique, ce dernier s'effondra face contre terre. Le jeune homme s'approcha du cadavre avec circonspection et le retourna du pied. Mais le monstre avait changé de visage. Désormais c'était celui d'un jeune homme mourrant. « Pourquoi ne m'as tu pas aidé ? » fit la bouche morte et le jeune homme s'effondra en pleurs. Mais son supplice ne s'arrêta pas là, la tête se changea en une autre qui lui posa la même question et une autre et encore une autre. Il les vit tous, tous ceux qui avaient péris ce jour là, tous ceux qu'il n'avait pas pu sauver. Soudain, le sarcophage s'ouvrit, libérant un nuage de vapeur. « Je te vois ! » fit une voix où suintaient la haine et la mort. Le jeune homme se redressa, prêt à affronter son cauchemar. Une ombre jaillit du tube et se rua sur lui. Le jeune homme ne sut jamais ce que s'était car lorsqu'il la vit, la chose était si atroce qu'il ferma les yeux et hurla. Il sentait les crocs de la bête lui déchirer les chairs et il hurlait toujours.
- Joins toi à moi, je peux t'aider, lui susurra une voix ferme et mélodieuse, c'était LA voix.
- Jamais ! hurla le jeune homme.

Clad se réveilla en sueur. Le jeune homme secoua la tête en pestant contre lui-même pour s'être endormi. A une époque il enchaînait facilement six jours de veille sans faiblir mais aujourd'hui il s'endormait malgré tous ses efforts. Sans doute s'était-il ramolli avec le temps à moins que l'excitation du combat ne lui manque. Le mercenaire frissonna, ou peut-être désirait-il faire les rêves, entendre cette voix qui l'attirait irrésistiblement. En se levant, Clad se jura de trouver une dose de neuroïne avant de rentrer, et tant pis si Tifa râlait. Ouvrant silencieusement la porte de sa chambre, le jeune homme se glissa sans un bruit dans la maison endormie. Clad sorti sans difficulté de la maison, bien content de laisser cette histoire derrière lui. Il retrouva son chemin sans encombre, son sens de l'orientation était, comme pour tous les autres Soldats, parfait et sa bonne mémoire lui permettait de reconnaître facilement son chemin malgré l'obscurité artificielle due aux projecteurs qui tapissaient la Plaque. Le mercenaire n'eut pas de problème avec la faune nocturne et les noctambules du secteur cinq, peu envieux de déranger un homme encapuchonné dont on ne voyait que l'énorme épée accrochée dans le dos. Clad finit par arriver à la lisière du secteur cinq et, il du bien se l'avouer, il était complètement perdu. Il n'y avait ni panneau indicateur ni passant pour le renseigner dans cette zone en ruine.
- Alors on cherche sa route monsieur l'homme à tout faire ? Fit une voix moqueuse dans son dos.
Le jeune homme pivota pour se retrouver nez à nez avec une Aerith plutôt mécontente. Clad se passa la main sur les yeux. Finalement il semblait qu'il n'en avait pas encore fini avec cette histoire.

  Chapitre 9 sur 11  

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