Chapitre 10

Le mercenaire suivait la fleuriste, résigné. Cela lui faisait mal de l'avouer mais il n'aurait pas pu retrouver le chemin sans son aide. Le secteur six, bien que l'un des plus populeux de Midgar, était dans un état de délabrement avancé. En effet, la plupart des habitants se concentraient au Wall Market, dans l'extrémité Est du secteur six, loin de l'entrée du secteur sept et près de celle du secteur cinq, ce qui avait pour conséquence de vider ce dernier. Le Wall Market était sous la coupe d'un certain Don Cornéo, et sa fameuse réputation attirait encore plus de monde dans les rues boueuses du Market.

Depuis plusieurs heures, Aerith et Clad progressaient dans des ruines inhabitées, ne croisant que quelques pauvres types qui erraient sans but, le cerveau grillé par la drogue, et d'autres ombres qu'il ne valait peut-être mieux pas chercher à identifier. Puis, sans crier garde, Aerith s'arrêta :
- C'est là, le secteur sept, dit-elle en désignant une immense porte blindée marquée d'un énorme sept incrustée dans la muraille de béton qui servait de frontière entre les quartiers de Midgar.
- Incroyable ! s'écria-t-elle soudain. Il est encore là.
Suivant la fleuriste sourde à ses appels, Clad finit par atteindre une petite zone bétonnée. La plupart de ce qui se dressait là jadis gisait désormais désossé sur le bitume mais on pouvait encore reconnaître la place comme une aire de jeu. Aerith se précipita vers le dernier manège encore debout, un toboggan de béton que les concepteurs avaient fait ressembler à la tête d'un animal quelconque, aujourd'hui inidentifiable, seul témoin encore présent d'une époque révolue. Aujourd'hui les enfants des taudis ne jouaient plus. Clad rejoignit la jeune fille sur l'étrange monument et s'assit à ses côtés :
- Je venais souvent jouer ici quand j'étais plus petite, lui confia-t-elle.
Le mercenaire ne répondit pas, il n'avait rien à dire. Cette scène lui en rappelait une autre, neuf ans plus tôt.
- Où tu vas aller maintenant ? Reprit la jeune fille.
- Je vais rentrer chez moi. Enfin, chez moi, disons que je rentre chez Tifa.
- Tifa, c'est une fille ?
- Encore heureux !
- Ah ! Soupira Aerith, un soupçon de déception dans la voix.
- C'est une amie, reprit Clad comprenant l'erreur de la jeune fille. Elle tient le bar où je loge. C'est quoi ce raffut ?

Un grincement assourdissant s'élevait doucement, déchirant le silence des ruines environnantes. Lentement, comme si c'était la chose la plus difficile qu'on ne lui ai jamais demandé, la porte titanesque s'entrouvrit dans un mugissement haineux de vérins usés. Puis la porte, comme un bête de somme exténuée, s'arrêta brutalement et ce fut le silence. Clad, encore assourdi par le crissement inhumain, vit une chose sortir par l'entrebâillement. Il s'agissait d'une carriole bariolée, ornée avec un mauvais goût manifeste de soie et d'autres étoffes, un véritable et invraisemblable écheveau multicolore, inextricable de pièces de tissus sans dessus dessous. Mais la carriole était moins incroyable que l'attelage lui-même. En effet, l'enchevêtrement hétérogène était tiré par un animal décoré de la même manière que sa charge et Clad du y regarder à deux fois avant de reconnaître un Chocobo, un grand oiseau coureur des plaines du Sud qui avait très longtemps servi de force motrice avant l'avènement de la mécanique.
- C'est la charrette de recrutement de Don Cornéo fit Aerith avec un reniflement de mépris. Sans doute a-t-il encore acheté une pauvre fille qu'il testera avant de l'envoyer aux bordels du Wall Market. Viens Clad, profitons que la porte soit ouverte. »
Laissant passer le nous, le jeune homme lança un dernier regard vers la carriole qui s'éloignait vers le lointain et se figea. Là ! A l'arrière ! Il n'avait pas pu se tromper. Il venait de reconnaître Tifa. Vêtue d'une magnifique robe bleu sombre, presque noire, la jeune femme semblait absente et ne prêtait attention à rien de ce qui l'entourait.
- C'est Tifa ! s'exclama Clad.
- Hein ? Quoi ? Où çà ?
- Là dans la carriole ! l'informa Clad en prenant le véhicule en chasse.
Il était si concentré qu'il ne remarqua qu'Aerith l'avait suivi que lorsqu'il atteignit le Wall Market.

Le Wall Market tenait son nom de sa localisation. En effet, le marché, situé près du pilier central de maintien de la plaque, s'étendait d'un bord à l'autre du secteur six, prenant appui sur les cloisons artificielles entre les quartiers cinq et sept. Le Wall Market, même s'il avait toujours eu de l'importance, n'était devenu que ce qu'il était aujourd'hui que grâce à un seul et unique homme : Don Cornéo. Ancien membre d'un groupe de crimes organisés de la Plaque, Cornéo avait été forcé de s'exiler dans les Taudis pour d'obscures raisons. Alors que d'autres se seraient apitoyés sur leur sort, Cornéo ne resta pas les bras ballants. Usant de ses nombreux contacts plus ou moins officiels avec des cadres de la Shinra et de méthodes brutales et efficaces, bien que moralement contestables, le Don s'était hissé au sommet de la pyramide sociale en moins de cinq ans, depuis il faisait prospérer son empire. Sous son impulsion, le Wall Market s'était étendu et « embelli » grâce à la prospérité et la relative sécurité engendrée par la main de fer gantée d'acier de Cornéo qui enserrait de son puissant étau les commerçants, la pègre et autres voleurs, ce qui avait attiré de plus en plus de monde, donc de plus en plus de clients. De plus, une fois sa place assurée, Don Cornéo, érotomane pervers, avait, sous le couvert de chercher une épouse, laissé libre cours à son insatiable soif de femmes, laissant aux hommes du Wall Market, moyennant finance, l'accès à son harem semi privé qu'il avait baptisé le Cornéo Paradise. Cette véritable institution parmi tous les secteurs de Midgar recrutait, avec les méthodes habituelles du Don, toutes les belles filles des Taudis et contribuait grandement à l'augmentation soudaine de population du Wall Market, ce qui avait valu à Cornéo la réputation de dilettante par la population mâle des Taudis et celle de gros porc de la part de la population directement concernée, c'est-à-dire les femmes.

Clad et Aerith débarquèrent dans un océan d'activité et de débauche qui contrastait violemment avec le silence mortuaire des ruines voisines. Un peu perdus dans cette foule pressée qui ne leur était pas familière, les jeunes gens eurent du mal à trouver leur chemin parmi les bâtiments bariolés plus ou moins délabrés et les échoppes ambulantes. Ils finirent par atteindre la villa du Cornéo, à l'écart du brouhaha et de l'agitation environnante. Très heureux d'échapper un instant à la musique stressante et aux parfums de mauvaise qualité qui émanaient du Wall Market, le mercenaire suivi de la fleuriste s'avança vers la porte de la villa. Cette dernière était énorme et décoré avec autant, sinon plus, de mauvais goût que la carriole. Quelqu'un aurait du dire au proprio que mélanger toutes les couleurs de l'arc-en-ciel sur une trop petite surface donnait du marron couleur merde, se dit le jeune homme en arrivant aux portes gardées par une dizaine d'hommes de main.
- Stop mon gars rugit celui qui semblait être le chef. On ne passe pas.
- Et pourquoi ?
- Parce que le Don n'a pas besoin de gardes du corps supplémentaires et qu'il ne s'intéresse pas aux hommes.
- Du moins pas pour l'instant intervint un autre homme, provoquant l'hilarité général.
- Donc je ne peux pas entrer gronda Clad en portant la main à la poignée de son arme.
- Et elle est pas mal sa copine reprit le deuxième type.
- C'est vrai ça ! Pourquoi t'as pas dit tout de suite que t'étais vendeur.
- Je ne... commença Clad mais Aerith l'interrompit.
- Parce qu'il n'en a pas eu le temps.
- OK, OK. Bon alors procédure normale la fille rentre et t'attends gentiment que l'on vienne te payer.
- Attendez reprit Aerith. Je pourrais vous amener une amie. Qu'en dites vous ?
- C'est toi qui vois.

- Mais à quoi tu joues ? explosa Clad lorsqu'ils se furent éloignés de la villa.
- Tu veux rentrer, n'est ce pas ? C'est le seul moyen.
- Je ne te permettrai pas d'entrer dans cet endroit ! C'est dangereux !
- J'ai l'habitude du danger répliqua Aerith.
Abandonnant la partie, Clad reprit :
- Et qui est cette fameuse amie que tu es sensée aller chercher ?
- Voyons ! Mais toi bien sûr lui, répondit Aerith, le plus sérieusement du monde.
- Moi ! Mais...
- Bien entendu quelques aménagements s'imposent.

Le garde regarda les deux silhouettes approcher, la première était celle de la fille qui était venue il y avait une heure ou deux, l'autre était une personne vêtue d'un long manteau pourpre à capuchon qui lui couvrait le visage et qui portait un immense paquet dans son dos.
- Nous revoilà s'écria la première fille.
- C'est ta copine fit le garde en désignant la silhouette dissimulée.
- C'est ça.
- Elle a l'air bizarre, et il est où l'autre ?
- Je ne traîne pas avec les losers.
- C'est bon, passez.

Les deux filles passèrent la porte gigantesque pour se retrouver dans le hall le plus débridé qu'on puisse trouver. Entièrement fait en marbre synthétique de toutes les couleurs (mais vraiment toutes !), éclairé par d'immenses lustres où pendaient divers bouts de tissus et d'aliments, le hall ouvrait sur une dizaine de portes rouges et était surplombé par un étage encore plus dingue auquel on accédait par deux escaliers dorés où quelques poivrots cuvaient leur vin, apparemment il y avait eu une fête récemment et les femmes de ménages étaient en grève. Soudain un homme se matérialisa aux côtés des jeunes filles, son teint basané jurant furieusement avec sa redingote fuchsia.
- Bonjour mesdemoiselles, fit-il avec une petite voix fluette. Bonjour et bienvenue chez Don Cornéo. Ne soyez pas impressionnées, le Don est très simple et très réservé, contrairement à cette demeure. Si vous voulez bien me confier vos bagages et me suivre.
La première fille répondit qu'elle n'avait rien et la seconde ne dit rien mais tendit au majordome l'énorme paquet qu'elle portait sans difficulté. Le majordome s'attendait donc à un bagage léger et fut extrêmement surprit lorsque le poids du paquet faillit lui arracher les bras.
- Si vous voulez bien me suivre, parvint à articuler l'homme pliant sous le poids de sa charge.

Il les conduisit dans une pièce qui devait être un salon à en juger le mobilier dont les morceaux jonchaient le sol. Là, assise dans un malheureux reste de canapé, se tenait une magnifique jeune femme brune, vêtue d'une robe bleue encre, elle avait la mine creusée et les yeux gonflés d'avoir pleuré.
- Je vous laisse faire connaissance fit le majordome en déposant son fardeau avant de s'éclipser. Le Don va bientôt vous recevoir. »

Aerith s'approcha de leur nouvelle partenaire
- Vous êtes Tifa n'est-ce pas ?
- Que... Comment connaissez vous mon nom répondit la jeune femme étonnée.
- Nous avons un ami commun qui brûle de vous revoir, continua la fleuriste en désignant la troisième personne du menton.
Intriguée, Tifa se leva et s'approcha de la silhouette encapuchonnée et l'observa pour la première fois. Il n'y avait pas grand-chose à voir, le capuchon cachait la majeure partie du visage, le reste était masqué par un voile noir et opaque. En y regardant de plus près on pouvait discerner des mèches de cheveux blonds qui dépassaient négligemment de l'ensemble ainsi qu'une lueur bleue électrique tout au fond des yeux dissimulés dans l'ombre. Le c'ur de la jeune femme fit un bond.
- Clad s'écria-t-elle avant de se jeter au cou de son ami. Oh Clad j'ai cru que tu étais... que tu étais...
- Allons, tu sais bien que je suis trop contraignant pour mourir comme ça, en laissant Barret jouir de tout le fric qu'il me doit.
- T'es bête tu sais.
- Ouais je sais. Mais dis moi qu'est-ce que tu fais là ?
- On a été trahi pour le réacteur. Barret voulait faire cracher Cornéo, tu le connais, mais je l'ai persuadé d'une approche plus subtile. Comme j'étais la seule qu'il ne connaissait pas...
- Tu t'es sacrifiée. Tu n'aurais pas du, c'est un pervers tu sais.
- Ça n'avait pas vraiment d'importance sur le moment.
Le mercenaire ne dit rien. Il regarda intensément son amie, il n'avait pas vraiment à la protéger maintenant, elle était forte. Puis surtout, il avait perçu le demi aveu de la jeune femme et il avait une boule dans la gorge qui l'empêchait de parler.
- Hum, hum.
- Désolé Aerith, j'avais la tête ailleurs.
- J'ai vu oui répondit la jeune fille d'un ton acerbe.
- Tifa je te présente Aerith. Aerith m'a beaucoup aidé pour te retrouver. »
Tifa hocha la tête, et tendit une main réticente à la fleuriste. Celle-ci la serra mollement et fugacement, des éclairs passaient entre les deux femmes qui se fusillaient mutuellement du regard.

La situation fut débloquée par l'arrivée du majordome qui les conduisit chez Cornéo. Pour une fois que Clad était content de voir cette tarlouze. L'antichambre était à l'image du reste de la maison, criarde et vulgaire. On les fit s'aligner et le Don arriva. Si on devait résumer Don Cornéo, l'adjectif circulaire s'imposait de lui-même. Le Don était rond, rond du visage, rond de corps et rond de ventre. Le corps graisseux semblait uniquement composé de bourrelets et on devait noter l'effort héroïque de la robe de chambre écarlate surtendue pour ne pas se déchirer sous la pression. Reliée à cette boule par un quintuple menton, la tête boursouflée était recouverte d'une sueur graisseuse et d'une petite touffe de cheveux pâles. Le personnage aurait pu être comique s'il avait gardé ses yeux fermés. Quand le Don regarda ses proies, ses petits yeux porcins s'animèrent, détaillant à une vitesse démentielle chacune de ses victimes. C'étaient deux petits globes de malice pure au fond desquels on pouvait discerner une étincelle de méchanceté et de cruauté gratuite toute enfantine mais non pas moins terrifiante. La bouche de Cornéo, une ligne à peine visible sous la graisse, s'ouvrit alors que son possesseur se mit à frétiller de façon obscène.
- Quelles charmantes personnes j'ai là. Je suis extrêmement flatté de votre présence mesdemoiselles. Maintenant je vais choisir ma compagne pour la nuit et qui sait, pour la vie. Bien, qui vais-je choisir ? Cette magnifique et voluptueuse personne fit-il en détaillant Tifa. Ou cette farouche beauté continua-t-il en reportant son attention sur Aerith. Ou cette mystérieuse et douce personne ? Hum ça y est, je choisis... Vous !
Le Don pointait un doigt boudiné vers Tifa.
- Le choix du Don est fait déclara le majordome. Que fait-on des autres Don ?
- Je t'offre la deuxième Diego, quand à l'autre, donne la aux hommes, ils doivent s'amuser eux aussi.
- Bien Don. Merci Don.

Clad était de retour au salon accompagné d'une dizaine de mâle en Ruth. Il essayait vainement de s'arracher à leurs étreintes gourmandes.
- N'ait pas peur ma chérie, on te fera pas de mal hein les gars ? Fit le garde de l'entrée.
- Ce n'est pas ça murmura Clad en priant pour que l'hélium ingéré plus tôt rende sa voix la plus féminine possible. Vous ne voulez pas un spectacle ou autre chose ?
- Ouais pourquoi pas, tiens y a une cabine là, fait comme chez toi, on s'occupe de la musique.
- J'ai besoin de mes affaires, reprit le mercenaire en désignant le paquet posé contre le mur.
On lui fit passer ce qu'il désirait.
- Tiens. Ouch, c'est vachement lourd.
- Allons vous êtes un homme fort et musclé, ça ne doit rien peser pour vous. Installez vous confortablement, je reviens.

Et sur ces mots, la silhouette encapuchonnée disparut avec son fardeau dans la cabine. Les sbires de Cornéo s'installèrent confortablement dans les derniers vestiges du mobilier, l'un d'entre eux avait mit la chaîne Hi Fi en route et les hommes défoncés à la drogue se laissèrent envelopper par le rythme de la musique. Au bout de quelques minutes, le premier qui semblait être le chef, remarqua quelque chose de bizarre que ses camarades déchirés ne soupçonnèrent même pas. Il fallait dire qu'il était célèbre pour sa résistance à l'alcool et à la drogue. Abasourdi par la musique hurlante, le garde cru entendre un « Saloperie de merde de n'ud à la con ! » avant que le rideau ne s'ouvre. Mais au lieu de la belle attendue, se tenait un être grand, musclé, blond, tenant une immense épée et pire que tout, de genre masculin.
- Vous allez voir bande de... fit l'apparition avec une petite voix fluette. Saloperie d'hélium...
L'homme secoua la tête, se racla la gorge et cracha.
- Vous allez voir bande de salopard reprit-il d'une voix bien plus virile.
- Merde les gars, c'est pas une gonze, fit remarquer l'un des gardes à ses compagnons plus lents d'esprit.

Clad s'élança, d'un revers il tua deux types qui ne s'en rendirent même pas compte tant leur esprit était saturé par la drogue. Hurlant de rage, le mercenaire abattit son arme, encore et encore, faisant gicler des gerbes de sang qui s'étalaient sur les murs sales, triste parodie de la fine pluie de printemps.

Le garde en chef finit par comprendre qu'on les assassinait et réagit en conséquence. Il tourna les talons et s'élança pour sonner l'alarme. Il tendait la main vers la poignée de la porte quand l'épée titanesque vrombit, fendant l'air avant de se planter dans le chambranle, arrachant le bras droit du sicaire de son épaule. Se tordant de douleur, l'homme s'appuya contre le mur, tenant son moignon sanguinolent de sa main valide. Devant lui s'étendait un véritable abattoir, des monceaux de chairs jonchaient le sol et une mare de sang prenait forme maintenant que la moquette était saturée. Et au milieu de ce carnage ce tenait l'homme. Celui-ci s'avança, arracha son arme du chambranle, la rengaina et se tourna vers le sicaire plus mort que vif, au premier sens du terme.
- Où est l'autre fille ?
- L'aut-l'autre ?
- Oui, celle qui a été emmenée par l'autre pédale.
- Dans, dans la cave... Troisième porte à droite le renseigna obligeamment le mourrant.
- Merci.
Et le monstre quitta la pièce.


Clad raffermit sa prise, le manche de son arme était poisseux de sang. Habituellement, il se serait arrêté pour la nettoyer mais là, il n'avait pas le temps. Le mercenaire inspira un grand coup puis ouvrit la porte. Il reçut aussitôt un violent choc sur l'arrière du crâne et chuta lourdement dans l'escalier.

Maugréant contre sa stupidité, le jeune homme se redressa en se massant la tête et découvrit le majordome inconscient à ses pieds. Apparemment il avait subit le même sort. Le mercenaire entendit des pas précipités dans l'escalier et se retourna pour tomber nez à nez avec Aerith.
- Ho Clad ! Excuse moi, j'ai cru que c'était un encore de ces types.
La jeune fille semblait sincèrement désolée.
- Pas de mal répondit le mercenaire avec une grimace. Tu viens ? Il faut aider Tifa maintenant.

La chambre du Don était décorée dans le style de la villa... mais en pire. Bibelots et breloques en miette étaient éparpillés sur le sol crasseux tout autour du lit gargantuesque. Le meuble était à l'image de son propriétaire : gros et vulgaire. Les draps multicolores pendaient aux baldaquins, ainsi que d'autres appareils dont Tifa préférait ne pas connaître la fonction. La jeune femme était assise sur le bord du lit et tentait de repousser les assauts graisseux de Cornéo. Le Don était très excité et il n'avait pas l'habitude qu'on se refuse à lui. Avant, cela n'aurait pas eu d'importance et Tifa l'aurait laissé lui passer sur le corps sans même y songer mais maintenant elle se refusait à se laisser souillée par ce gros porc.
- Allons allons viens ici ma coquine.
- Attend Don, avant je voudrais te poser quelques questions si tu n'y vois pas d'inconvénients.
- Si c'est ce qui te fais peur tu as ma parole. Nous sommes seuls dans ce lit.
- Ce n'est pas ça...

Tout à coup, la porte s'ouvrit à la volée sous la poussée du garde qui, ayant opté pour la condition de défunt, s'écrasa mollement sur le mur. Par la porte défoncée entra un jeune homme blond et athlétique, il tenait dans sa main une épée aussi grande que lui et derrière lui venait une jeune fille brune. Reconnaissant son ami, Tifa s'échappa à l'étreinte grasse de Cornéo qui s'affala de toute sa masse sur le lit qui craqua pour manifester son déplaisir.
- Tifa, est ce qu'il t'a touchée ?
- Non, tu arrives juste à temps, comme d'habitude répondit la jeune femme. Alors Cornéo, reprit elle en s'adressant à la boule de graisse qui tremblait dans le lit. Maintenant on va parler tout les deux.
- Je n'ai rien à dire se renfrogna l'intéressé.
- Oh mais tu vas parler reprit Tifa avec un petit sourire. Sinon je te les broie.
La jeune femme ponctua sa menace en abattant son poing sur sa paume, produisant un claquement lourd de sens. La figure de Cornéo se mua en un masque de terreur livide et le Don s'éloigna le plus possible de cette furie et seul le mur l'empêcha d'aller plus loin.
- Je... je vais parler !! S'écria le tas de graisse.
- Sage décision. Première question, as-tu renseigné la Shinra sur l'opération du réacteur cinq.
- Vous... vous faîtes parti d'Avalanche ?
- Répond à la question ! Aboya Tifa.
- Non non je le jure. La Shinra voulait des infos sur Avalanche mais juste dans quel secteur ils se repliaient.
- Pourquoi ?
- Ils ne me l'ont pas dit
- Mais tu es le Don, tu dois bien le savoir, n'est ce pas ?
- Bien sûr ! Pour qui me prenez vous fit Cornéo dont l'orgueil reprit un instant le dessus.
- Pour un gros porc répliqua Tifa sur le ton de la conversation. Maintenant répond, sinon...
- Oui, oui ne me faîtes pas de mal. La Shinra va aplatir Avalanche.
- Aplatir ?
- Au premier sens du terme. Ils vont détruire le pilier porteur et ensevelir le secteur sept. Je suis bien content que cette bande d'imbéciles ne crèche pas au secteur six...
- Viens Tifa, Intervint Clad. Il faut prévenir Barret et empêcher ça.
- Ce sont des monstres. Tuer des milliers de personnes juste pour nous.
- Et après ils enverront des équipes de secours Shinra inc et nous rendrons responsables pour nous discréditer, classique en somme. Viens on a pas de temps à perdre.
- Surtout que leur opération a déjà commencé les renseigna obligeamment Cornéo.
- Et lui, qu'est ce qu'on en fait ?
- Laisse le, on n'a pas le temps.
- Attendez s'écria Cornéo alors que le groupe atteignait la sortie, j'ai une question aussi.
- Pas le temps, répondit Clad.
Le visage du Don s'éclaira d'un immense sourire et pendant un instant on put discerner les véritables traits de Cornéo sous la graisse. Volontaire, froid et sans scrupules, le visage d'un prédateur.
- Je ferai court. A votre avis pourquoi un type comme moi avouerait tout à une bande de type dans votre genre :
a) Parce qu'il n'a rien a perdre ?
b) Parce qu'il a peur ?
c) Parce qu'il est sûr de gagner ?
- Réponse c fit Clad avec un mauvais pressentiment.
- Bonne réponse ! s'exclama Cornéo en actionnant un bouton dissimulé sur le mur. Une trappe s'ouvrit sous les pieds des trois jeunes gens, les précipitant dans un insondable abîme. Le Don se leva et beugla une série d'ordres dans l'interphone. La Shinra apprendrait bientôt toute l'histoire et à ce moment là il devrait être loin, genre sur un autre continent.

  Chapitre 10 sur 11  

Ras le bol. J'en ai marre., Guerrier op., Legend of Foresia Thèmes
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