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Final Fantasy XVI | |||||
La série des Final Fantasy (FF) remonte à plusieurs décennies et est bien établie dans le paysage des jeux vidéos, notamment des J-RPGs. Néanmoins, les derniers épisodes se sont éloignés progressivement du noyau dur du gameplay “typique” des FF (combats en tour par tour) pour apporter plus d’action, un choix totalement assumé par le studio Square Enix. Chaque sortie d’un nouvel opus est devenue une sorte de “je t’aime… moi non plus” avec les fans de la première heure, certains espérant toujours un retour aux sources alors que d’autres se réjouissent, ou du moins s'accommodent, de la tournure des jeux. D’autant plus que les choix “entre-deux” du studio sont parfois frustrants, n’allant pas vraiment au bout de leurs idées, car essayant toujours de préserver quelques racines de la série. Des larmes et du sang
Final Fantasy XVI (FFXVI) suit donc les aventures de Clive Rosfield, prince aîné du royaume de Rosalia. S’il aurait dû en toute logique devenir l’héritier du trône et recevoir la bénédiction du Phénix, emblème du royaume, le destin en a choisi autrement. En effet, c’est son jeune frère, Joshua, qui est devenu le Dominant du Phénix (terme utilisé pour désigner ceux qui reçoivent la bénédiction d’un Primordial). Clive décide alors de tout faire pour devenir le Bouclier de Joshua, c’est-à-dire son garde du corps le plus rapproché, dévouant sa vie à le protéger coûte que coûte. Mais la destinée qui attend les deux frères sera bien différente de tout ce qu’ils avaient pu prévoir, et le jeu nous emmène à travers plusieurs décennies pour suivre leur histoire.
Le ton du jeu est très sombre, ce qui pourra en dérouter plus d’un. Les scènes de violences peuvent s’avérer assez crues et plus proches de ce que l’on peut voir dans les RPGs occidentaux. Par exemple, il ne faut pas s’attendre à voir des petites étoiles tourner autour de la tête d’un chocobo qui vient de se prendre un projectile. Non, le jeu montre clairement les blessures de façon réaliste, et d’un côté c’est une belle façon de rappeler qu’il n’y a rien de fantaisiste dans les guerres. Il en est de même avec la nudité, présente à plusieurs reprises, et l’âge du héros qui est loin du post-lycéen typique de la plupart des J-RPGs. FFXVI adopte donc une approche beaucoup plus occidentale, en s’inspirant notamment de la série Game of Thrones (parfois un peu trop…). Le jeu est donc bel et bien un Final Fantasy, mais avec une approche différente qui ne plaira pas forcément à tous. Valisthéa, un monde perturbé et perturbant
Le jeu se passe dans un monde nommé Valisthéa, composé de plusieurs continents et îles et de 6 cristaux mères géants, aussi hauts que des montagnes. Les sociétés se sont organisées autour de ces cristaux, construisant leurs capitales à leurs pieds et extrayant des fragments cristallins de ceux-ci. Ces fragments ont des propriétés magiques mineures et facilitent grandement la vie des citoyens, par exemple en permettant d’allumer des feux, éclairer… Mais ce ne sont pas les seules sources de magie. Certaines personnes, dénommées Pourvoyeurs, naissent avec l’aptitude naturelle d’utiliser de façon mineure la magie. Mais plutôt que d’être adulés, ils sont réduits au rang d'esclaves et n’ont d’autre choix que de servir leur seigneur jusqu’à leur mort.
Si l’histoire principale explore le lore du jeu de façon convenable, c’est surtout à travers les quêtes secondaires que l’on peut apprécier toute la profondeur de cet univers. Ce n’est peut-être pas évident dès le début du jeu, mais plus on avance, plus les quêtes prennent le temps d’exposer tel ou tel aspect de Valisthéa. Certaines donnent simplement de la profondeur à un PNJ, d’autres mettent en avant un aspect de la société (notamment autour des Pourvoyeurs), alors que d’autres encore permettent de mieux comprendre la chronologie et les coutumes d’une région. Toutes ces quêtes sont scénarisées de manière intéressante et donnent vraiment du poids au jeu.
Le jeu propose d’ailleurs une encyclopédie très fournie pour comprendre cet univers complexe, bestiaire qui s'enrichit au fur et à mesure de nos rencontres et découvertes. De plus, un système d’infographie détaillé illustre les liens entre chaque personnage et une carte intéractive des changements géopolitiques en fonction des moments de l’histoire. Il est possible ainsi de se remémorer la chronologie des évènements et de mieux comprendre le rôle de chacun. C’est un aspect très appréciable pour ceux qui veulent comprendre et étudier tous les détails du jeu. En plus, le jeu offre la possibilité de consulter rapidement le descriptifs des PNJ qui interviennent durant une cinématique ce qui peut être très pratique.
L’exploration et la progression se font en monde semi-ouvert. Valisthéa est découpé en plusieurs régions déconnectées les unes des autres, correspondant généralement à un royaume ou empire. Au sein de chaque région, on peut passer d’une zone à l’autre directement (sans passer par la carte du monde), après les avoir débloquées, bien sûr. Car en réalité, ces zones consistent essentiellement en de vastes “couloirs” qui n’offrent que peu de liberté, surtout au début de l’aventure. On pourrait donc résumer les régions à des toiles de couloirs. Il existe heureusement quelques zones un peu plus larges à explorer, incluant des endroits optionnels à découvrir, même s’ils restent rares et n’apportent pas vraiment de récompenses supplémentaires. Jeu de massacre
Parlons maintenant un peu du gameplay de combat, qui sera sans doute le plus controversé auprès des fans de la série. FFXVI est tout simplement un jeu d’action, un point c’est tout. Il ne faut donc pas espérer trouver la moindre trace de tour par tour dans les combats. Bien que le joueur ne contrôle directement que Clive, celui-ci sera régulièrement accompagné d’alliés qui l’aideront durant les combats. Le plus présent d’entre eux est le loup qui l’accompagne depuis l’enfance, Talgor. C’est d’ailleurs le seul allié auquel il est possible de donner quelques ordres en combat, comme attaquer ou guérir (bien que cette capacité soit très faible). À noter que les alliés n’ont pas de jauge de point de vie et ne semblent pas pouvoir être mis KO. Seule la santé de Clive détermine l’issue du combat.
Les affrontements sont très dynamiques, parfois même un peu trop, et il peut être difficile de s’y repérer. Heureusement, les ennemis ne sont généralement pas très agressifs, sauf les boss, et le jeu est globalement très accessible même à ceux qui ne sont pas habitués aux jeux d’action. Il existe d’ailleurs aussi un mode “histoire” qui facilite encore plus les combats.
Les boss ne sont pas en reste non plus en termes de longueur. D’une part, ils possèdent une jauge de Déstabilisation (aussi présente chez certains mini-boss), qui apporte un côté un peu plus stratégique aux combats, mais les rallonge aussi. Il faut en effet la faire baisser d’abord pour mettre l’ennemi dans un état de faiblesse et pouvoir ensuite lui infliger de plus gros dégâts pendant quelques secondes. Chaque attaque et compétence de Clive possède une efficacité particulière sur les PV ou la jauge de Déstabilisation, il faut donc choisir ces actions en conséquence. Il arrive parfois que Clive prenne la forme d’un Primordial pour affronter des adversaires encore plus forts. Ces phases d’affrontement sont toutefois limitées et avec un gameplay souvent très scripté en forme de QTE. Toutefois, au fur et à mesure que le jeu progresse, ces combats deviennent plus libres et on peut prendre le contrôle complet du Primordial.
Le jeu propose aussi quelques challenges de combats bonus. Par exemple, on peut revisiter certains affrontements ou passages de l’histoire en changeant la difficulté. Des stèles particulières permettent à Clive d’accéder à des épreuves spécifiques aux Primordiaux. Ces dernières consistent à effectuer une série de combats en utilisant les pouvoirs d’un seul Primordial (déterminé par l’épreuve), dans un temps imparti. Une personnalisation limitée
Puisque le seul personnage jouable est Clive, on pourrait s’attendre à pouvoir le personnaliser un minimum. En dehors des compétences des Primordiaux que l’on peut choisir et renforcer en dépensant des points de compétences, il est aussi possible de changer quelques pièces d’équipement. On peut ainsi choisir l’épée que manie Clive, un bracelet et une ceinture qui font office d’armures, et 3 accessoires aux effets divers. Ces derniers permettent de renforcer certaines compétences, esquiver automatiquement, améliorer les attaques physiques… C’est la seule vraie personnalisation du jeu. Pour le reste, il s’agit simplement de choisir l’arme ou l’armure la plus forte disponible. Aucune arme n’apporte d’effet particulier, ni ne favorise les dégâts magiques ou physiques, et c’est bien dommage. On se demande d’ailleurs l’intérêt de décrire les épées par un bonus physique et un bonus magique puisqu’ils sont toujours identiques (il aurait été suffisant de simplement donner une “puissance” unique à chaque arme pour la décrire). . L’équipement en lui-même peut être acheté dans des boutiques, ou bien directement créé à la forge, à condition d’avoir les matériaux nécessaires. Il est aussi possible d’améliorer certains d’entre eux, généralement jusqu’au niveau +2, ce qui renforce leurs stats. Généralement ces pièces d’équipement deviennent disponibles au fur et à mesure que l’histoire avance. Il y a toutefois quelques rares pièces d’équipements bonus dont il faut d’abord trouver le schéma de fabrication, en complétant certaines quêtes, pour qu’elles deviennent disponibles à la forge. Il est dommage d’avoir limité ce point à seulement une poignée d’équipement. Un visuel en Yin et Yang
En tant que jeu PS5 et super production, on peut attendre de FFXVI qu’il envoie du lourd au niveau de la qualité graphique. Dans l’ensemble, c’est plutôt le cas. Certains environnements sont très beaux, avec des ambiances, des lumières et une profondeur de champ qui donnent envie de s’arrêter pour admirer le rendu. Il en est de même pour les personnages principaux qui sont très bien modélisés et animés, avec des expressions faciales correctes. Entre symphonie et techno
L’environnement sonore est très réussi dans l’ensemble. D’une part, les musiques oscillent agréablement entre nappes sonores discrètes et compositions dramatiques plus intenses durant les combats. Certains thèmes sont d’ailleurs tirés des épisodes précédents de la série, ce qui devrait plaire aux fans. On note toutefois quelques morceaux plutôt électro-techno qui peuvent surprendre un peu… Des débuts de bonnes idées
On notera pour finir que le jeu contient certains éléments qui semblent intéressants, mais qui ne vont pas assez loin pour se révéler utiles. Par exemple, certains personnages importants de l’histoire donnent un badge à Clive lorsqu’il les aide. Ce badge symbolise leur amitié et permet à Clive de gagner la confiance des habitants de la région, débloquant ainsi l’accès à certaines échoppes ou dialogues. Néanmoins, tout ceci se passe automatiquement durant l’histoire principale. Il aurait été appréciable de pouvoir obtenir des badges optionnels pour débloquer des échoppes plus fournies ou vendant des matériaux rares par exemple. Durée de vie Le jeu bénéficie d’une durée de vie tout à fait correcte d’une quarantaine d’heure pour suivre toute l’aventure principale, auxquelles s’ajoutent de nombreuses heures pour accomplir toutes les quêtes secondaires. Il offre aussi un New Game Plus avec une option de difficulté accrue. En plus d’un challenge plus élevé, ce mode permet d’accéder à de nouveaux accessoires et de forger et renforcer des équipements plus puissants. Certains mini-boss sont également modifiés pour rendre les affrontements plus coriaces. Mais l’histoire et les quêtes demeurent inchangées et n’offrent aucune alternative dans leur déroulement. Ce NG+ est donc juste un prétexte à toujours plus d’affrontements.
Note attribuée : 16/20
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