Chapitre 8

Le couloir était en feu mais le jeune homme ne ressentait ni la chaleur ni la morsure des flammes. Il courait pourtant. Non pas pour échapper à un monstre mais pour en rattraper un. Les voix gémissaient autour de lui leurs plaintes déchirantes. Pourtant il n'en avait cure. Il courait pour en entendre une plus forte, une plus tangible. Soudain il déboucha sur une pièce baignant dans une lumière bleue. Il leva la main pour protéger ses yeux éblouis par une si vive clarté. Quand il finit par s'accommoder à la luminosité, il discerna des milliers de tuyaux, de toute taille et de toute couleur. Ils convergeaient vers le fond de la pièce où trônait un énorme cylindre rempli d'un liquide bleuté et qui était l'unique source de lumière de la pièce. Il ne parvenait pas à discerner le contenu du tube car il était masqué par une énorme sculpture représentant le buste d'une magnifique femme dont les épaules étaient prolongées par deux immenses ailes. Devant la statue ce tenait celui qu'il était venu chercher. Il savait qu'il passerait sa vie à le fuir après mais maintenant il voulait juste le trouver. Il cria quelque chose qu'il n'entendit pas et l'être se retourna. Malgré sa taille il n'avait rien d'humain, sa tête n'était qu'un conglomérat de sang et de chairs déchiquetées. Il combattit alors le monstre puis au terme de ce duel épique, ce dernier s'effondra face contre terre. Le jeune homme s'approcha du cadavre avec circonspection et le retourna du pied. Mais le monstre avait changé de visage. Désormais c'était celui d'un jeune homme mourrant.
- Pourquoi ne m'as tu pas aidé ' fit la bouche morte et le jeune homme s'effondra en pleurs.
Mais son supplice ne s'arrêta pas là, la tête se changea en une autre qui lui posa la même question et une autre et encore une autre. Il les vit tous, tous ceux qui avaient péris ce jour là, tous ceux qu'il n'avait pas pu sauver. Soudain, le sarcophage s'ouvrit, libérant un nuage de vapeur. « Je te vois ! » fit une voix où suintaient la haine et la mort. Le jeune homme se redressa, prêt à affronter son cauchemar. Une ombre jaillit du tube et se rua sur lui. Le jeune homme ne sut jamais ce que s'était car lorsqu'il la vit, la chose était si atroce qu'il ferma les yeux et hurla. Il sentait les crocs de la bête lui déchirer les chairs et il hurlait toujours.
- Joins toi à moi, je peux t'aider lui susurra une voix ferme et mélodieuse.
C'était LA voix.
- Jamais ! hurla le jeune homme avant de se réveiller.

Clad se redressa en sursaut dans son lit. Il était couvert de sueur et haletait. Encore ce cauchemar. Cela faisait quatre jours maintenant qu'il n'avait pas touché à sa drogue. Quatre nuits que les cauchemars étaient revenus. Quatre jours que les voix ne le quittaient plus. D'ailleurs il l'entendait, ce bourdonnement incessant dans ses oreilles. Le mercenaire se passa la main sur les yeux. Il fallait qu'il se calme, ce n'était qu'un rêve, juste un rêve. Non, c'est faux, il le savait. Le jeune homme se leva, s'habilla et descendit au bar.

Le 7ème ciel était vide en cette synthétique heure matinale. Il ne tarderait sans doute pas à se remplir dès que l'écriteau « ouvert » serait en place. Clad s'approcha du bar et se servit un verre d'eau.
- T'es déjà levé ? lui demanda une petite voix.
Le mercenaire scruta la pièce avant de découvrir une petite fille, cachée sous une table.
- Marlène ! Qu'est ce que tu fais debout à cette heure ?
- Je suis toujours levée à cette heure lui rétorqua la fillette.
- Tu devrais aller te recoucher.
- Pourquoi t'es levé ?
- Parce que j'en avais envie.
- Pourquoi ? Tu fais jamais rien ici. A part manger et dormir.
- Ce que je fais ne regarde que moi gamine et personne d'autre ne répondit sèchement le jeune homme que la discussion commençait sérieusement à agacer. Et que dirait ton père s'il savait que tu me parles comme ça ?
- De toute façon mon papa, il ne t'aime pas ! Lui rétorqua la fillette
- Tant pis pour lui ! Je n'ai pas besoin de lui ! Moi, je n'ai besoin de personne ! Maintenant au lit !
Devant tant de hargne, Marlène quitta la salle en boudant. Le mercenaire tira une chaise et s'assit à une table. D'ici quelques heures, il retournerait au magasin d'armes. Depuis son enlisement forcé dans les taudis, le jeune homme assurait un poste de maître d'armes à l'échoppe d'en face, dispensant conseils aux clients et assurant des cours de combat à tous les paumés des taudis assez fous pour se risquer jusqu'au deuxième étage qui lui servait de classe. Il ne désemplissait pourtant pas, malgré toute la violence de ses injectives et de ses démonstrations. Les gars des taudis en avaient vu d'autres.
- C'est vrai que tu n'as besoin de personne. Tu n'as jamais eu besoin de personne d'ailleurs. Clad se retourna pour découvrir Tifa qui se tenait dans l'encadrement de la porte menant à l'étage. Son réveil subit et son air ensommeillé n'avaient en rien altéré la beauté de son visage.
- Excuse-moi Tifa, je ne parlais pas de toi.
- J'en suis sûre lui répondit la jeune femme en souriant et en prenant place à côté du mercenaire.
Ils restèrent un instant silencieux.
- Comment fais-tu pour vivre ici, toi qui as connu les cimes et l'air pur du mont Nibel ? demanda soudain le jeune homme.
- On finit par s'habituer. Tu sais, cela fait presque trois ans que je suis arrivée ici, et l'année dernière, j'ai repris ce bar alors que je n'étais que serveuse. Et toi ?
- Quoi moi ?
- Oui toi, qu'as tu fais pendant tout ce temps ?
- J'ai erré de-ci de-là jusqu'à ce que je débarque dans cette horrible ville, que je me goure de métro, que tu me reconnaisses à la gare et que je me retrouve coincé ici avec une bande d'écolos anarchistes.
- Avalanche sauvera peut-être un jour la planète et alors tu seras fier d'en avoir fait parti.
- Peut-être. Va savoir.
- Et avec tout ça tu n'as pas répondu à ma question.
- Quelle question ?
- Qu'as tu fais pendant tout ce temps ?

Le mercenaire ne répondit pas. Il fixait de ses yeux étranges la jeune femme qui se tenait près de lui. Qu'est-ce qu'elle était belle. Pourtant, à chaque fois qu'il la regardait, il ne pouvait s'empêcher de la revoir en sang, le ventre déchiré, inconsciente dans ses bras alors qu'il courrait de toutes ses forces pour la sauver.
- Alors comment ça va les tourtereaux ? lança une voix tonitruante
Barret était levé. Sans prêter la moindre attention aux regards noirs que lui jetaient les jeunes gens, le colosse pris place sur une table proche, une chaise n'étant pas adaptée à sa morphologie. Le géant s'affaissa de tout son poids sur le meuble.
- Aujourd'hui c'est reparti ! S'exclama-t-il, retenant aussitôt l'attention du mercenaire.
- Quelle est la cible ? Demanda ce dernier.
- Le réacteur Mako numéro cinq fit triomphalement Barret.
- Le cinq ? C'est pas un peu trop proche du dernier lieu de nos exploits ?
- C'est là que c'est malin ! La Shinra croira qu'on frappera le plus loin possible du réacteur quatre. Ils ne s'attendent pas à ce qu'on revienne si près !
- Dans ce cas je vais me préparer fit le mercenaire
- Moi aussi, continua Tifa.
Les deux hommes se tournèrent vers elle.
- Tu es sûre ? demanda Barret.
- Bien entendu ! et après tout, moi aussi je fais partie d'Avalanche. Je sais me débrouiller, répliqua fermement la jeune femme.
- Mais... commença le colosse
- Je te fais confiance l'interrompit le mercenaire.
- Merci Clad. Bon j'y vais.

- T'es cinglé ou quoi ! chuchota Barret lorsque la jeune femme eut quitté la pièce. Pourquoi tu l'encourages à venir ? C'est dangereux.
- Elle est parfaitement à même de se débrouiller, répondit le jeune homme sur le même ton.
- Mais, mais...
- Tu sais, elle est experte en arts martiaux.
- Hein ? Tifa ?
- Tu ne le savais pas ' Tu verras, ça vaut le détour.
Le mercenaire replongea dans la contemplation du mur qui lui faisait face, signifiant à Barret que la conversation était close, mais ce dernier resta.
Dis Clad.
- Hummm ?
- J'ai toujours voulu t'en parler avant mais j'ai jamais trouvé le temps de le faire.
- Hummm.
- Voilà. Au réacteur la fois dernière. Comment t'as fait ?
- Fais quoi ?
- Le robot. Comment t'as fait pour le griller. D'où venait l'éclair ?
- Barret, on était dans un réacteur qui produit de l'électricité. Un câble tranché et jeté vers une structure métallique importante et il y a différence de potentiel d'où formation d'un arc électrique ou « éclair » et ça a grillé les circuits.
- Bof, j'suis pas convaincu, la plateforme entière était en métal, pourquoi l'éclair a frappé justement le robot. Et comment t'aurais pu couper un câble avec ton épée sans t'électrocuter '
- T'as une autre explication ? Tu crois que je sais balancer des éclairs peut-être ?
- Euh... Non t'as raison. Excuse-moi, je vais te laisser te préparer. Faut pas troubler la concentration de l'artiste hein ?
- Exact !

Clad regardait la pierre qui ornait le pommeau de son épée. C'était une magnifique gemme ambrée parfaitement circulaire et qui ne présentait aucune impureté ni dans sa forme, ni à sa surface, ni à l'intérieur. Le mercenaire adorait regarder cette pierre. Quand il le faisait, il arrivait à ne plus entendre les voix et quand il la fixait assez longtemps il pouvait discerner l'étincelle dorée qui brillait et qui se mouvait délicatement dans son écrin orange. « Salut toi fit-il lorsque la flammèche apparu enfin au milieu de la gemme, entamant son lascif pas de danse.
- A qui tu causes ? demanda Biggs.
- A un vieil ami, répondit le mercenaire en relevant la tête.
Encore une fois il se trouvait dans un compartiment de métro qu'Avalanche avait « réquisitionné ». Ils étaient tous là, Biggs et Wedge plaisantant, Jeese travaillant sur son micro, Barret qui fixait le plafond et bien sûr Tifa. Le jeune homme la regarda un instant à la dérobée mais l'image de son amie d'enfance recouverte de sang et qui tentait de lui dire quelque chose alors que de sa bouche ne sortait qu'un fluide carmin s'imposa aussitôt à son esprit et le mercenaire détourna les yeux.

Soudain une alarme les fit tous sortirent de leur torpeur.
- Qu'est-ce que c'est ? s'exclama Barret.
- Le contrôle d'identité Shinra répondit Jeese.
- Tu nous avais assuré qu'y aurait pas de problèmes ! rugit le colosse.
- Je sais ! J'ai du merder quelque part gémit l'adolescente en se mordant la lèvre.
- Bon Dieu de putain de merde lâcha Barret, qu'est-ce qu'on va faire ?
- On saute.
Tous tournèrent la tête vers Clad. Ce dernier n'avait pas bougé d'un pouce malgré la sirène.
- T'es malade ! fit Barret.
- Moi je lui fais confiance décréta Tifa.
- M'aurait étonné maugréa le géant.
- Moi aussi déclara Jeese.
- Moi aussi lâcha Wedge.
- Pareil renchérit Biggs.
Cédant à la majorité, Barret accepta l'idée du mercenaire. Ce dernier mena le groupe à la porte du wagon qu'il ouvrit d'un coup de pied. Le vent sifflant à leurs oreilles, les membres d'Avalanche attendirent que Clad tire sur la poignée de freinage d'urgence. Dans un crissement assourdissant, le métro freina. Clad enlaça Tifa et sauta suivit du reste du groupe.

Ils se relevèrent alors que le métro repartait à toute allure. Le tunnel redevint sombre et froid, à peine éclairé par quelques veilleuses. Apparemment, selon les gémissements, ils étaient tous en un seul morceau même si Barret se plaignait de ses côtes. A quelques mètres de là, Clad se releva, tenant toujours Tifa par la taille. La jeune femme s'écarta prestement.
- Pourquoi t'as fait ça ? j'aurais pu sauter seule.
- Quelqu'un m'a rappelé que j'avais une promesse à tenir.
La jeune femme piqua un fard qui heureusement ne se vit pas dans la peine ombre rouge du tunnel. Ils eurent tôt fait de rejoindre le reste du groupe et s'arrêtèrent un moment pour faire le point :
- Qu'est-ce qui c'est passé exactement ? demanda Biggs
- On a pas passé le contrôle d'identité pour atteindre la Plaque répondit Jeese.
- J'croyais que c'était ton boulot ! hurla Barret.
- Mes fausses cartes ne sont pas passées. Je comprends pas, d'habitude' Excuse moi Barret ça ne reproduira plus bégaya la jeune fille qui semblait sur le point de fondre en larmes.
- C'est pas grave. On va trouver autre chose.
- On pourrait passer par les coursives de maintenance fit Biggs.
- Les Quoi ? lui demanda Tifa.
- Les coursives de maintenance. Avant que tout soit automatisé, les employés d'entretien passaient par là pour accéder à la structure de maintien des réacteurs. C'est plus en très bon état mais avec un peu de chance on aboutirait pile poil sous le réacteur et on pourrait y entrer sans passer par les contrôles.
- Depuis quand tu sais tout ça toi ? l'interrogea Barret.
- Depuis que je suis gamin, mon père était un technicien chargé de l'entretien du pylône porteur du secteur sept avant d'être viré.
- Pourquoi t'en as pas parlé plus tôt !
- Bin c'était le plan B. Au cas où quoi.
- Je rêve soupira Barret en se frappant le front de son poing avec la force nécessaire pour assommer un boeuf. Môsieur connais un moyen pour entrer peinard dans des endroits surprotégés et c'est son PLAN B ? Mais quel crétin !
- Désolé Barret.

Dans le couloir sombre l'homme transpirait. Il fallait avouer que son patron n'était pas du genre à attendre et que les quatre jours nécessaires à la collecte d'informations avaient été quatre jours de trop et l'employé espérait que son chef ne lui en tiendrait pas rigueur. Enfin si ce vieux radin voulait des renseignements rapides il n'avait qu'à y mettre le prix. Après encore quelques mètres, l'homme parvint enfin à la porte titanesque qui gardait le saint des saints. Il entra. La pièce était aussi vaste que le laissait présager la porte. Au milieu de ce sanctuaire, devant le mur panoramique trônait le bureau en teck du patron. Le patron adorait son bureau. Ce n'était pas sentimental, c'était juste que l'arbre qui avait servi à sculpter ce bureau était le dernier Teck de la planète et le boss jubilait rien qu'à cette idée. Mais pour le moment l'être tant redouté était affalé sur son immense fauteuil présidentiel et, tournant le dos à son bureau adulé, admirait la ville par son immense baie vitrée. A ses côtés se tenait Heidegger, l'obèse et retors bras droit. Nul ne savait exactement quelles étaient ses fonctions et jusqu'où s'étendait son pouvoir mais ce qui était sûr, c'est que derrière cette horrible barbe noire et ses petits yeux mesquins se tenait l'un des êtres les plus immonde de la création à avoir jamais foulé le sol.
- Alors, qu'avez-vous à m'apprendre ? cracha l'être engoncé dans son fauteuil.
Les mains moites et la gorge sèche l'homme bégaya :
- Cornéo a parlé, ils sont au secteur sept.
-Bien ! s'exclama le patron en faisant pivoter son monumental siège pour apparaître au grand jour.
Lassitude et vieillesse étaient les impressions qui, aussitôt, se dégageaient de cet homme. Pourtant, le vieillard passait pour bien conservé. Sa peau était presque exempte de rides et ses cheveux à peine clairsemés ainsi que sa fine moustache étaient encore blonds par endroits et il se tenait aussi droit qu'un manche à balai. Non, ce qui donnait ce sentiment c'étaient ses yeux, deux trous noirs et fatigués qui semblaient engloutir la lumière avoisinante. C'était la seule chose qu'Adolfo Shinra ne parvenait à modifier pour dissimuler sa vieillesse car il était presque centenaire bien que les différentes opérations de chirurgie esthétiques et des cures de mako prolongées amoindrissaient les effets du vieillissement, lui permettant d'affermir encore plus son emprise sur sa compagnie et donc sur le monde. Le tyran se tourna vers son bras droit :
- Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Ce n'était pas une question.
- Bien sûr monsieur.
- Heu à propos fit le messager. Les deux faces cruelles se tournèrent lentement vers lui. Le préposé aurait souhaité se trouver à des kilomètres de là mais il ne pouvait plus reculer.
- Le, hum, maire reprit-il, s'oppose au projet. Voilà, c'était dit.
Heidegger éclata d'un rire tonitruant mais sans chaleur
- Tu diras au maire qu'il devrait se rappeler qui l'a mis là où il est, susurra le gros homme au double menton mangé par un collier de barbe noir et huileux.
- Mais, mais vous n'allez pas faire ça quand même !
- Dis donc toi, tu devrais laisser ta conscience au placard quand tu viens au boulot. Ici on vise l'efficacité !
- Allons allons calmez vous intervint le président, sa voix faisant couler un filet de sueur froide dans l'assistance. Je me dois d'expliquer notre stratégie à notre ami le maire et à ses collaborateurs. Voyez vous jeune homme, Avalanche menace grandement la stabilité de notre cité. Vous l'ignorez peut-être mais nous vivons sur une poudrière qui menace à chaque instant d'exploser, ce qui nous détruirait nous et nos chers concitoyens. C'est pour cela que nous nous devons d'éliminer toutes les étincelles susceptibles de déclencher le cataclysme. Avalanche est l'une de ces étincelles et nous devons l'écraser au plus vite car chaque heure, chaque minute, chaque seconde sa popularité croît. Mais nous ne devons pas seulement éliminer ces dangereux terroristes, nous devons aussi supprimer la graine de rébellion qu'ils ont semé. Notre action les éliminera et les discréditera. Oui ?
Heidegger venait de recevoir un coup de téléphone et s'était approché du président. Il lui murmura quelque chose à l'oreille et ce dernier opina. D'un geste, le collaborateur du maire fut congédié, éc'uré. Ces types étaient des monstres.

- Plus vite Biggs !
- Je fais ce que je peux !
Dans un grincement, la plaque d'acier se souleva et les commandos du peuple libre pénétrèrent dans le réacteur numéro cinq. Ils faisaient peine à voir avec leurs vêtements sales et leurs cheveux crasseux. Les coursives de maintenance n'étaient plus utilisées depuis des années et ils avaient dû se frayer un chemin entre les immondices et les toiles d'araignées qui jonchaient leur route. Clad, dans un réflexe tout professionnel observa son nouvel environnement. Le réacteur cinq était identique au numéro quatre : murs blancs, sol blanc, plafond blanc, néons aveuglants et odeur d'éther. Les membres d'Avalanches se répartirent les tâches comme la fois précédente, excepté que Tifa accompagnait Clad et Barret. L'affaire fut rondement menée avec l'assurance que donne l'expérience et ils se retrouvèrent quelques minutes plus tard. Barret ordonna à ses compagnons d'armes de partir par le chemin de l'aller tandis que lui, accompagné de Tifa et de Clad passerait par une autre voie après avoir enclenché le compte à rebours des bombes afin de brouiller les pistes. Tous opinèrent et ils se séparèrent.

- Hé hé, vraiment du gâteau, ricana Barret alors qu'ils sortaient du réacteur. Dommage, je m'étais préparé au cas où on aurait encore rencontré un de ces maudis robot.
- C'est pas encore fini répliqua Clad.
- Qu'est-ce que tu peux être rabat-joie.
A ce moment précis des ombres qui n'étaient jusque là que des ombres se détachèrent des murs pour les encercler sur la passerelle.
- Merde, mais qu'est-ce que c'est que ça encore ? demanda Barret.
- Des emmerdes en perspectives. Des membres du Soldat en armure caméléon. Tifa tu restes derrière moi.
Le cercle se resserra. Se sachant repérés, les Soldats abaissèrent leur camouflage, laissant apparaître des exo armures carmin qui les faisaient ressembler à des géants. Même Barret semblait maigrichon en comparaison.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On prie et on en envoie le plus possible nous accompagner dans la tombe » grogna le mercenaire en saisissant son arme.
Mais au moment de sonner l'hallali, les exo armures s'arrêtèrent dans un silence total. Une voiture militaire arriva et un homme en sortit. Petit et usé, le costume vermillon jurant avec ses cheveux blonds.
- Qui c'est lui ? demanda Barret
- Adolfo Shinra, maître du monde de son état lui répondit le mercenaire.
- Putain !
Le colosse noir voulut lever son arme mais à peine eut-il amorcé son geste que dans une parfaite synchronisation militaire, les Soldats le mirent en joue.
- De l'esprit combatif c'est bien sourit Shinra. On verra ce que ça va donner contre notre prototype.
Le vieillard s'écarta pour laisser la place à un immense robot de plus de trois mètres de haut. Entièrement bardé d'un blindage cramoisi recouvert de logos Shinra, ses deux immenses poings adaptés à sa taille, presque aussi grands qu'un homme, le monstre de métal était terrifiant.
- C'est un Soldat ça ? demanda craintivement Barret.
- Penses-tu ! Ce n'est qu'une vulgaire machine. Même après une injection massive de Mako aucun homme ne peut atteindre cette carrure sans que sa masse musculaire ne le tue, c'est faire une overdose. Le métabolisme humain ne supporte pas une telle mutation.
- Vous m'avez l'air bien au courant jeune homme ricana Shinra. Ces informations ne dépassent pas le cadre des baraquements des Soldats de Fort Condor. Où les avez-vous obtenues ?
- J'étais Soldat.
- Alors parle ! Quel est ton nom traître ?
- Traître ? Allez dire ça aux habitants de Nibelheim. Enfin, mon nom est Clad Striffe.
- Je ne me souviens pas. De toute façon je ne peux pas retenir tous les noms à moins que tu ne deviennes un autre Séphiroth.
- Séphiroth ? Se raidit tout à coup le mercenaire. Savez vous quelque chose. Président ! hurla-t-il alors que Adolfo Shinra remontait dans sa voiture. Président ! Séphiroth ! Où est-il ?
- Excusez moi mais je suis un homme occupé. Ravi d'avoir pu vous rencontrer avant votre trépas ricana le vieillard alors que la portière se refermait et que la voiture s'éloignait.
- Clad ! cria Tifa.
Le mercenaire revint à lui en un instant, la situation n'était pas brillante. A trois contre quatre Soldats surentraînés en armure de combat Steal ils avaient peu de chances. Sans compter l'énorme robot qui semblait s'être activé, son oeil unique flamboyant d'une lueur orangée que le mercenaire connaissait bien. Le robot était bien plus qu'une vulgaire machine. Barret fut le premier à réagir. Se jetant au sol, entraînant Tifa avec lui, il tendit sa prothèse et fit feu. Les deux premiers Soldats furent fauchés par les tirs. Clad ne savait pas quelles balles utilisait le colosse mais c'était un sacré calibre. Barret lui avait dit qu'il s'était préparé au cas où ils rencontreraient encore une de « saleté de machine » mais le mercenaire n'aurait jamais pensé qu'il s'était procuré des balles anti-char. Tout à ses pensées et profitant de la surprise des Soldats, Clad découpa les deux autres d'un revers de son immense arme.
- Courrez ! cria-t-il à ses compagnons alors qu'il faisait face au prototype.
La machine s'élança vers lui, abattant son énorme poing que le jeune homme eut toutes les peines du monde à éviter. Le mercenaire riposta mais cette fois ci, le coup rebondit sur le blindage et il fut jeté à terre. Le monstre d'acier était d'une vivacité étonnante pour sa taille. Au moment où le robot levait son bras pour achever son adversaire, il reçut une décharge de balles provenant d'un tir de couverture de Barret et qui explosèrent sur sa carapace d'acier. Sacré Barret, qu'est-ce qu'il pouvait être bête, pas même fichu d'obéir à une instruction claire ! Mais ce coup ci, Clad était prêt à lui vouer un culte pour être resté.
Profitant que la machine était en train de réinitialiser ses senseurs, le mercenaire se redressa.
- Allez, c'est pas le moment de me laisser tomber vieux frère, murmura-t-il à son arme.
La gemme qui ornait le pommeau se mis soudain à luire puis la lumière augmenta tellement d'intensité qu'elle en devint aveuglante. La main en visière, Barret n'en croyait pas ses yeux, un réseau d'éclairs bleus dansait sur la lame sombre du mercenaire. Ce dernier s'élança, brandissant son arme au-dessus de sa tête, sauta, un saut de plus de trois mètres de haut presque sans élan ! Et abattit son épée sur le robot qui fut tranché en deux dans un fracas apocalyptique avant d'exploser, engloutissant la passerelle dans un océan de flammes.
- Clad, s'écria Tifa, Clad !
Barret avait des étoiles qui dansaient devant ses yeux. Tout était redevenu étrangement calme et silencieux hormis Tifa qui courait vers les restes calcinés de la passerelle. La structure métallique n'avait pas supportée le choc et s'était effondrée.
- Barret, vite !
Le géant rejoignit Tifa au bord du gouffre. Sous lui s'ouvrait un précipice de plus de soixante mètres de haut et, sur l'autre bord, serrant toujours dans sa main droite son immense épée, Clad était agrippé à une tige d'acier, son seul salut.
- Bouge pas p'tit gars on va te tirer de là !
- Pas la peine gros balourd.
- Clad ça va ? s'enquit Tifa pendant que Barret enrageait tout seul.
- Toujours quand tu es là. Barret je peux te demander un service ?
- Vas-y !
- Tu t'occuperas bien de Tifa hein ?
- Tu peux compter sur moi p'tit gars s'entendit répondre le géant.
Sa voix lui semblait très différente. Après un coup d''il sur Tifa le colosse compris qu'elle ne s'était pas rendue compte de la gravité de la situation.
- Au revoir tout le monde lança le mercenaire.
- Clad ? fit Tifa.
- Adieu Lockheart. Je t'aimais bien tu sais.
Et sur ses mots le jeune homme lâcha prise. Barret eu juste le temps d'apercevoir une traînée rougeâtre sur la paume du mercenaire avant que les ténèbres ne l'engloutissent à jamais.
- Clad ! hurla Tifa en se précipitant vers le gouffre abyssal mais Barret la retint.
- C'est fini Tifa, c'est fini, disait-il en enserrant vigoureusement la jeune fille dans ses bras d'ébène.
- Fini, répéta-t-il plus pour lui même que pour réconforter la jeune fille en pleurs.
Clad tombait. Le vent sifflait à ses oreilles et sa cape l'enveloppait comme un linceul. Enfin la paix. Plus de cauchemars, plus de voix, plus de fuite, plus rien. Enfin heureux ! Il avait tenté des dizaines de fois de mettre fin à ses jours mais il n'avait jamais eu le courage d'aller jusqu'au bout ou il était sauvé in extremis par une âme secourable comme la fois ou il s'était entaillé les veines à Kalm. Le mercenaire leva l'épée qu'il tenait toujours au niveau de ses yeux.
- Désolé vieux frère, j'ai fait ce que j'ai pu. A tout de suite alors ! lui dit-il.
Dans la pierre ambrée, la petite étincelle lui répondit en entamant son éternel pas de danse. Clad sourit. Puis se fut le choc, la douleur et le bruit éc'urant des os qui se brisent puis vinrent les ténèbres.

  Chapitre 8 sur 11  

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